<span>Photo by <a href="https://unsplash.com/@sincerelymedia?utm_source=unsplash&amp;utm_medium=referral&amp;utm_content=creditCopyText">Sincerely Media</a> on <a href="https://unsplash.com/s/photos/mask-in-office?utm_source=unsplash&amp;utm_medium=referral&amp;utm_content=creditCopyText">Unsplash</a></span>
mask_in_office.jpg

Après le redémarrage de l’activité, les sociétés financières luxembourgeoises ont globalement gardé les pratiques qu’elles avaient instaurées durant le confinement. Si celles-ci sont désormais bien ancrées dans les esprits et dans les organisations, des questions fiscales et réglementaires pourraient en réduire la portée… une fois la pandémie éradiquée.

Il y a encore quelques années, le télétravail était inconcevable dans le secteur financier luxembourgeois ; officiellement pour des raisons de sécurité IT et de protection des données financières.

Depuis le printemps 2020, il est toutefois devenu une habitude : le 22 mars dernier, suite au développement du coronavirus, la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) exhortait ses entités supervisées à revoir immédiatement leur organisation : « L’accès à distance du domicile est de ce fait à privilégier à toute autre forme de travail, y compris le travail à partir de centres de repli, » avait alors déclaré le régulateur. Environ 70% à 80% des 50.000 travailleurs du secteur et 80 à 90% chez les assureurs avaient alors basculé en télétravail.

Quelques mois plus tard le 14 mai 2020, après le déconfinement décidé par le gouvernement, la CSSF recommandait de « continuer le télétravail dans la mesure du possible ; de limiter au minimum le retour au lieu de travail, à savoir lorsque les tâches ne peuvent pas être exécutées à distance ; et de tenir les réunions externes par visio ou audio-conférence au lieu de réunions physiques ».

Télétravail partiel

Depuis, des décideurs et des employés d’institutions financières et bancaires de la Place luxembourgeoise ont confirmé à Investmentofficer.lu, que leur société opère désormais en télétravail partiel.

Certaines limitent à 10% du staff le retour au bureau. Mais chez la plupart des autres, 50% du personnel travaillent désormais sur site durant 15 jours d’affilée, puis alternent les deux semaines suivantes avec leurs collègues en home-working.

Par ailleurs, bon nombre de sociétés qui avaient adopté des modes de communication digitale (télé et/ou vidéoconférence) durant le confinement, ont après mai maintenu ces pratiques avec leurs équipes, leurs investisseurs et leurs clients. D’autres ont poursuivi l’accélération digitale de leurs processus opérationnels.

« Avec la corona, des investisseurs et des asset managers ont revu leur organisation du travail: celle-ci est notamment devenue plus collaborative, grâce à l’utilisation accrue de la technologie digitale, » confiait à investmentofficer.lu Paul Linssen, head of funds selection chez Quintet Private Bank.

Répit fiscal et social

Le télétravail est donc entré dans les mœurs. Et semble être là pour durer. Il suscite toutefois des incertitudes fiscales et sociales, qui risquent de compromettre cette nouvelle normalité.

Hors crise sanitaire, les voisins du Luxembourg n’autorisent en effet qu’un nombre restreint de jours de télétravail : 19 en Allemagne, 24 en Belgique et 29 en France. Au-delà, les 200.000 frontaliers et leurs employeurs doivent payer leurs impôts et cotisations sociales aux autorités de ces pays, pour chaque jour supplémentaire travaillé.

Durant le Covid, les conventions de double imposition entre le Grand-Duché et ces derniers ont été suspendues jusque fin décembre 2020, avec reconduction tacite chaque mois. Une fois le Covid éradiqué, ces questions qui fâchent émergeront à nouveau. Selon le Statec, 74% des salariés du pays ont effectué leur premier télétravail avec le Covid. Une expérience positive pour 55% d’entre eux et négative chez 15% des sondés.

Sans surprise, les salariés donc réclament toujours plus de télétravail et un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Récemment, des milliers de personnes ont signé une pétition pour l’inclusion du travail à domicile dans la législation luxembourgeoise. La requête populaire, qui a franchi le seuil des 4 500 signatures, sera bientôt débattue au Parlement.

Sur le sujet, Claude Marx affiche toutefois un discours ambivalent. Selon lui, « le télétravail pourrait avoir un impact positif sur les coûts des entités supervisées, sur l’environnement en raison de la diminution du trafic et sur notre équilibre entre vie professionnelle et vie privée, » précise-t-il. « Je constate également une accélération de la numérisation, positive pour notre écosystème, y compris les start-ups, les fintechs et les prestataires de services spécialisés ».

Risque d’image

Selon le régulateur, une réforme de la réglementation de la CSSF en faveur d’un nouveau cadre du télétravail, au sein des entités surveillées, semble donc nécessaire : « Le texte devra faire en sorte que le travail à distance puisse se faire dans de bonnes conditions notamment au niveau opérationnel, des fonctions clé et de sécurité informatique, tout en gardant un œil sur la question de la substance, » a-t-il affirmé durant la conférence ALFI Rentrée.

Pourtant, c’est ce même directeur général qui indiquait plus récemment que le télétravail pourrait ternir l’image du Grand-Duché : « S’il dure, la perception pourrait s’accroître que le Luxembourg autorise les boîtes aux lettres, » indiquait-il devant des parlementaires luxembourgeois. « Le Luxembourg devrait faire attention à ne pas être accusé d’encourager la création d’entreprises fantômes et d’évasion fiscale en raison du travail à distance qui est devenu plus fréquent pendant la pandémie de coronavirus ». 

 

Author(s)
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No