Afbeelding van Pexels via Pixabay
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Les spécialistes du développement durable se sont mis d’accord sur une approche objective pour calculer les émissions de CO2. Une douzaine de gestionnaires d’actifs ont présenté jeudi une méthodologie harmonisée et ouverte permettant de comparer les activités économiques et les investissements en fonction de ce critère. Jusqu’à présent, les acteurs pouvaient utiliser des scénarios de référence très variés pour ces calculs.

La plateforme « Avoided Emissions Platform » (AEP) est une initiative à l’échelle du marché, également soutenue par plusieurs grands fournisseurs de données et plusieurs grandes entreprises. Les partenaires fondateurs stratégiques sont les gestionnaires d’actifs Robeco, Mirova et Edmund de Rothschild Asset Management.

Amundi et Natixis figurent également parmi les gestionnaires d’actifs impliqués. Les fournisseurs de données comprennent Morningstar Sustainalytics et Sustainable Fitch. Au rang des entreprises comptent notamment EDF, Panasonic et Veolia. Le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) est également représenté au sein du comité scientifique indépendant qui a guidé l’élaboration de la nouvelle méthodologie et fournit déjà des lignes directrices pour le calcul des émissions des grandes entreprises. L’AEP s’est appuyé sur cette méthodologie.

Au nom de Robeco, Lucian Peppelenbos, stratège climatique, est étroitement impliqué à l’AEP. S’adressant à Investment Officer, il exprime l’espoir que la nouvelle plateforme permettra de se rapprocher de la réalisation des objectifs climatiques.  « Les investisseurs durables veulent non seulement éviter les activités à forte intensité en CO2, mais aussi investir dans des solutions alternatives. 

Mais il a toujours été difficile d’équilibrer correctement ces alternatives », Lucian Peppelenbosselon M. Peppelenbos (photo). « Vous voulez savoir avec quel investissement vous évitez le plus d’émissions, par euro investi. Toutefois, pour établir cela de manière fiable et cohérente, la transparence et les données faisaient défaut. »

Licences

L’AEP devrait remédier à cette lacune. Il s’agit d’une base de données contenant toutes les données et hypothèses sous-jacentes permettant de calculer les émissions évitées dans le cadre de nombreuses activités « d’atténuation du changement climatique » répertoriées dans la taxonomie de l’UE. La base de données est complétée par un protocole expliquant comment les données peuvent être utilisées au niveau de l’entreprise. Les utilisateurs peuvent être des institutions financières et des investisseurs, mais aussi des entreprises, des conseillers, des régulateurs ou des universitaires. Une licence est nécessaire pour accéder à la base de données. « Ce ne sont pas des tarifs commerciaux. Les revenus de ces licences devraient être suffisants pour maintenir et développer la base de données. Ils n’ont pas d’autre finalité », précise M. Peppelenbos.

Les propriétaires d’actifs qui souhaitent utiliser la plateforme peuvent le faire eux-mêmes. À quoi doit s’attendre, par exemple, un fonds de pension qui souhaite cartographier les émissions évitées d’un portefeuille de plusieurs milliards d’euros ? « La plupart des fonds ont accès à un expert en science des données. Je pense qu’un tel spécialiste y travaille pendant plusieurs semaines », dit M. Peppelenbos. Par ailleurs, la possibilité pour les fournisseurs de données d’avoir également accès à la base de données, qu’ils pourraient ensuite utiliser pour développer des services plug-and-play, est en cours d’élaboration. Mais les conditions (commerciales) doivent encore être négociées.

La poule et l’œuf

Les partenaires de l’AEP ont commencé les premiers travaux il y a un an et demi. Cette décision était motivée par l’insatisfaction suscitée par les grandes différences qui peuvent exister entre les rapports sur les émissions évitées. « C’était toujours l’histoire de la poule et de l’œuf », explique M. Peppelenbos. « Vous avez besoin d’une méthodologie solide, avec des choix clairs fondés sur la science. Mais il s’agit là, par définition, d’une méthodologie open source. Vous investissez, puis vous donnez le résultat de cet investissement. »

Mais cela devait être fait, selon les partenaires initiaux Robeco et Mirova, une filiale de Natixis qui compte environ 32 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Les récents développements (certains dirigeants politiques rejettent l’investissement durable et les grands gestionnaires d’actifs (américains) semblent préférer éviter le sujet), renforcent cette conviction. 

Lucian Peppelenbos en fait également l’expérience dans les conversations avec les clients : « Il est clair que la situation ne s’améliore pas. Il est de plus en plus difficile d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Mais je constate aussi que les clients veulent respecter leur engagement. Ils se demandent constamment comment améliorer leur politique d’investissement durable, comment la rendre plus intelligente. L’AEP peut vous aider dans ce sens. Dois-je investir dans une éolienne en mer du Nord ou dans un parc solaire en Inde, par exemple ? Il est désormais possible de calculer de manière fiable et cohérente les émissions de CO2 évitées grâce à ces deux projets. La décision d’investissement est ainsi mieux informée. »

Robeco fera de même pour ses propres fonds d’investissement, et les partenaires de l’AEP s’efforceront dans un avenir proche d’encourager le plus grand nombre possible d’autres investisseurs à faire de même. Il s’agit donc, d’une part, de pouvoir comparer leurs propres investissements et, d’autre part, de comparer différentes solutions entre elles. Par ailleurs, les modalités de communication avec les clients à ce sujet ne sont pas encore claires. « Il y a encore beaucoup de travail à faire », déclare M. Peppelenbos. « Nous devons encore discuter de la gouvernance pour le développement ultérieur de la base de données. Mais l’accent sera d’abord mis sur la collecte d’exemples pratiques. Cette initiative ne sera couronnée de succès que si elle bénéficie rapidement d’un large soutien. »

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