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L’externalisation des activités de ‘middle office’, telles que l’exécution de transactions d’actions et d’obligations pour le compte de gestionnaires d’actifs, est le marché en croissance par excellence dans le secteur des services d’actifs. Une tendance qui s’accélère en raison de la crise du coronavirus, déclare Dick Taggart de State Street lors d’un entretien avec la plateforme sœur Fondsnieuws. « Nous voulons devenir l’Amazon de l’externalisation de la gestion d’actifs. » 

Ces services de middle office font partie de State Street Alpha, une nouvelle plateforme de données ‘front to back office’ de State Street qui devrait concurrencer des services similaires, tels que ceux de Bloomberg et de BlackRock. 

Depuis près d’un an et demi, Taggart est responsable du déploiement de ces nouveaux services chez State Street, qui était traditionnellement connue en tant que banque dépositaire. En 2018, l’entreprise américaine avait cependant acquis Charles River Development, une plateforme de trading et de gestion des données comparable à Aladdin de BlackRock.

Taggart : « State Street est également présent dans le secteur du middle office depuis une vingtaine d’années, mais l’acquisition d’un acteur tel que Charles River nous a également donné accès aux activités de front office. » Le front office désigne chez un gestionnaire d’actifs la partie chargée de la gestion de l’argent. C’est là que travaillent les gestionnaires de fonds, les vendeurs et les analystes. 

Le ‘back-office’, qui était à l’origine la compétence principale de State Street, est généralement déjà externalisé de manière standard par les gestionnaires d’actifs. Au niveau mondial, la société gère 40,3 milliards de dollars d’actifs (dont 5,5 milliards de dollars en Europe), soit plus que toute autre banque dépositaire. State Street refuse de donner des chiffres distincts pour les Pays-Bas ou le Benelux. 

Accord entre Aladdin et M&G

Depuis l’acquisition de Charles River Development, State Street propose donc également des services de front office, mais en ce qui concerne Taggart, l’objectif principal n’est pas de concurrencer BlackRock et Bloomberg. « Au contraire, nous voulons devenir l’Amazon de l’externalisation de la gestion d’actifs en proposant une plateforme front-to-back office à architecture ouverte. »

Cela signifie qu’un gestionnaire d’actifs peut par exemple externaliser ses activités de middle (et back) office à State Street, tout en continuant à utiliser, par exemple, Aladdin dans le front office. 

L’accord que la société a conclu avec M&G au début du mois en est un exemple. Le gestionnaire d’actifs britannique externalise ses activités de middle office auprès de State Street, mais continue parallèlement à utiliser Aladdin. Taggart : « Nous reprenons complètement les services de middle office de M&G, y compris l’exécution de transactions, mais nous continuerons à les fournir via leurs licences Aladdin, que M&G utilise déjà. » 

Croissance

Taggart voit de solides opportunités de croissance. « À l’heure actuelle, environ un tiers des gestionnaires d’actifs ont externalisé leur middle office, mais nous pensons que ce chiffre atteindra au moins 50 %. » La majorité des clients middle office de State Street se trouvent actuellement toujours en grande partie aux États-Unis, comme Pimco et Morgan Stanley AM. Parmi les clients en Europe, on trouve notamment AXA IM, Allianz GI et Deutsche AM.

« Ce sont toujours des acteurs actifs au niveau mondial qui se sont souvent développés par le biais d’acquisitions. Par conséquent, ils travaillent avec une infrastructure complexe qui comprend souvent différents systèmes. Ils nous demandent de la simplifier et de la reprendre. »

Selon Taggart, les gestionnaires d’actifs peuvent ainsi économiser en moyenne 10 à 15 % de leurs coûts. La société refuse de divulguer combien State Street gagne là-dessus, mais il ne paraît pas invraisemblable que ce soit plus que les marges qu’elle obtient sur ses activités en tant que banque dépositaire.

Taggart s’attend à pouvoir encore se développer de manière substantielle, notamment en Europe, en étendant ses services à d’autres investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension. « Actuellement, 95 % de nos clients sont des gestionnaires d’actifs. »

Délai d’exécution jusqu’à 24 mois 

Selon Taggart, la pandémie booste encore davantage les ambitions de croissance. « Sous la pression de la pandémie, les gestionnaires d’actifs se sont mis à réfléchir davantage à la résilience de leurs systèmes, notamment parce que beaucoup plus de choses se passent désormais en ligne et à distance. Ils se demandent s’ils seront encore à même de faire face à tout cela par eux-mêmes à long terme », observe Taggart.

« Nous avons constaté dernièrement une augmentation du nombre de CIO et de CFO qui nous appellent pour nous demander de prendre cette infrastructure en charge, car ils veulent se concentrer sur les domaines dans lesquels ils peuvent apporter une valeur ajoutée. Ce n’est généralement pas l’infrastructure sous-jacente, mais le front office. »

Le ‘pipeline’ de nouveaux clients a donc ‘augmenté de manière significative’ au cours de l’année dernière, déclare Taggart. Toutefois, il ne souhaite pas fournir de détails à ce sujet, et il faudra peut-être encore un certain temps avant que l’intérêt accru ne se traduise par de nouveaux clients. « Il faut en moyenne 18 à 24 mois pour mener une opération du début à la fin. » Le récent accord avec M&G, par exemple, avait déjà été mis en place avant le début de la pandémie

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