La baisse des taux d’intérêt et du rendement des obligations d’État a poussé une population vieillissante à rechercher d’autres sources de revenus fiables pour leur retraite. Les actions, les segments les plus risqués du marché obligataire et les solutions multi-actifs sont toutes autant d’alternatives à envisager.
Néanmoins, après la vague de liquidations provoquée par la crise du coronavirus, la gestion des dépenses de la vie courante pour les retraités est aujourd’hui d’autant plus difficile, sans compter les nombreuses annulations ou réductions des paiements de dividendes, ainsi que la hausse du risque de défaut dans certains secteurs du marché du crédit.
Nous étudions ici de nouvelles données susceptibles de faciliter la gestion de ce dilemme de création de revenu :
Ne pas se focaliser uniquement sur le rendement
Lorsque votre carrière est derrière vous, il peut être compliqué de vivre uniquement de sa retraite, sans parler du risque d’épuiser ses économies.
L’une des solutions pour les retraités consiste à détenir des actifs qui produiront naturellement des revenus. Le besoin de percevoir des revenus à partir de placements est donc compréhensible, mais lorsqu’ils investissent dans un fonds, les investisseurs sont parfois trop focalisés sur son rendement.
En effet, cela ne suffit pas. Il faut étudier un investissement dans sa globalité, notamment parce que le rendement subit les fluctuations du marché, surtout par les temps qui courent.
Compte tenu de la récente baisse des marchés boursiers, les stratégies axées sur le revenu pourraient sembler attractives, mais c’est illusoire. Même si les dividendes ont été réduits, les rendements sont cotés sur une base historique de 12 mois, ce qui ne fournit aucune véritable indication sur leur évolution. Autrement dit, les investisseurs doivent approfondir leur analyse.
Lorsque le rendement n’est qu’une illusion
Imaginez qu’un fonds annonce un rendement de 5 % et que vous y investissez 10 000 £. Pour tenir sa promesse, le fonds doit produire 500 £ de revenu naturellement à partir des sous-jacents investis.
Imaginons à présent que le fonds n’ait produit que 450 £ de revenus tout en érodant le capital de 10 %, réduisant ainsi votre investissement à 9 000 £ d’ici la fin de l’année. En l’occurrence, le fonds a très certainement maintenu le rendement coté à 5 %, mais votre capital est en baisse par rapport au niveau de départ. Vous avez reçu 50 £ de revenus de moins que prévu.
Cela démontre en quoi le rendement à lui seul ne suffit pas pour évaluer un fonds. Les investisseurs peuvent, à leur grande surprise, découvrir que leur situation s’est détériorée, même si leur objectif de rendement a été atteint.
Les investisseurs doivent également se méfier des offres promettant des revenus réguliers élevés, même si elles peuvent sembler attractives lorsque les marchés sous-performent. Afin d’atteindre l’objectif du fonds, les gérants misent sur des segments de marché à plus haut rendement, mais souvent plus risqués, et des classes d’actifs alternatives, ce qui a un impact sur le profil de risque global du fonds.
Comment analyser le revenu
Morningstar a développé un outil d’analyse des revenus permettant d’obtenir des informations et des graphiques approfondis illustrant la variation de la valeur d’un investissement donné et des revenus distribués. Il s’avère particulièrement utile pour comparer la distribution entre les différentes parts d’un fonds, et identifier les fonds offrant des revenus réguliers et croissants, tout en tenant compte du capital.
À titre d’exemple, examinons le fonds VT Garraway Diversified Income R Inc, qui se concentre sur la distribution d’un revenu attractif et qui tend à privilégier les actifs à haut rendement. Il relève de la catégorie Morningstar des obligations flexibles mondiales GBP couvertes et du secteur des obligations stratégiques IA.
Le rendement du fonds a grimpé de 7 % (mai 2016) à 12 % (mai 2020). Cela semble impressionnant, mais le graphique ci-dessous illustre une tout autre histoire où l’on observe un effet yoyo du revenu perçu en glissement annuel, tandis que le capital en base a chuté durant quatre périodes sur cinq.
Comparaison de deux fonds
Nous avons également étudié le comportement de deux fonds de la catégorie «UK equity income» à titre d’exemple : le fonds Fidelity Enhanced Income Inc (d’un rendement de 8,5 % sur 12 mois en mai 2020) et le fonds Premier Optimum Income C (d’un rendement de 8,75 %).
Il s’agit-là des fameuses « stratégies d’option d’achat couvertes », qui exploitent des produits dérivés pour tenter d’améliorer les revenus distribués, mais la nature de l’approche signifie que la croissance du capital est, dans une certaine mesure, limitée.
Surtout, bien que leurs rendements soient similaires sur le papier, les graphiques ci-dessous indiquent ce qui se serait advenu si vous aviez investi 10 000 £ dans chacun fonds à la fin du mois de mai 2015.
Ici, nous pouvons observer que le fonds Premier Optimum Income aurait généré un revenu supérieur au cours de cette période. Toutefois, au cours des 12 derniers mois, le fonds Fidelity a enregistré une baisse de distribution de plus de 40 %. Les baisses de capital sont semblables dans les deux fonds, mais ont eu lieu à des moments différent, pénalisant davantage le fonds Premier au cours de la période de deux ans la plus récente.
La distribution réelle a son importance
Pour toutes ces raisons, les investisseurs devraient moins se reposer sur le niveau de rendement annoncé et porter davantage leur attention sur le montant qu’ils empochent réellement. Plus important encore, il faut s’intéresser à la stabilité de la distribution au fil du temps, à sa durabilité jusqu’à l’échéance et à son éventuelle indexation sur l’inflation.