Le marché belge des produits durables connaît actuellement une croissance plus rapide que le marché néerlandais, qui est déjà plus établi. La gestion thématique est une branche en forte croissance dans tous les domaines, et le Luxembourg peut profiter du Brexit, car de nombreuses sociétés de gestion s’y sont installées.
C’est ce qui ressort d’un entretien avec Naïm Abou-Jaoudé (photo), le PDG de Candriam. Le gestionnaire d’actifs international a connu une très bonne année 2020 malgré le corona.
Quels sont les tendances sur les marchés belges, NL et LUX?
‘En Belgique, nous avons vu ces dernières années une accélération marquée de l’investissement responsable, tant du côté institutionnel que du côté retail.
Le nombre de fonds labellisés « Towards Sustainability » par Febelfin a progressé de manière très rapide : ils sont 540 aujourd’hui. Les chiffres publiés par BEAMA reflètent bien cette tendance, avec une croissance de plus de 40% de l’encours des fonds ISR distribués en Belgique en 2020. Ces derniers représentent déjà 31% des encours totaux des fonds publics et non-publics distribués en Belgique !
Les fonds thématiques ont également le vent en poupe, en particulier auprès de la clientèle retail. Leurs encours ont progressé de 30% en 2020. Des thèmes comme le changement climatique ou la transition énergétique, la robotisation ou encore la santé ont connu un succès important – nous l’avons observé dans les « fonds du futur » que nous avons créé en partenariat avec Belfius.
Aux Pays-Bas, la croissance de l’ISR est moins forte : l’intégration a déjà eu lieu, en particulier auprès des fonds de pension dont les trois quarts ont déjà une politique ESG. Sur ce marché très institutionnel, et dans un contexte de taux bas, la demande évolue naturellement vers des stratégies illiquides comme la dette privée, l’immobilier ou le private equity.
Enfin, le Luxembourg bénéficie de son positionnement comme platforme de référence pour les sociétés de gestion en Europe dans le contexte du Brexit, avec la relocalisation d’acteurs importants. On y retrouve les tendances de fond déjà évoquées : l’ISR, bien sûr, avec une forte augmentation du nombre de fonds labellisés (330 environ aujourd’hui), mais aussi les actifs illiquides et les fonds thématiques, qui ont connu un beau succès avec une collecte soutenue. Là encore, des thèmes comme la transition écologique, la santé ou l’émergence des nouvelles technologies ont été plébiscités par les investisseurs.’
Quels sont les axes de développement stratégiques pour Candriam dans les 5 années à venir ?
Nous allons continuer à nous appuyer sur les bases que nous avons patiemment construites au cours des dernières années avec 3 grands points d’attention :
1. Nos processus d’investissements, que nous continuons à renforcer et à enrichir avec de nouvelles additions à notre gamme. Nous allons en particulier renforcer davantage encore nos équipes et nos processus ESG, notamment sur l’engagement, ainsi que la gestion thématique liée aux mégatendances.
2. Nos clients, dont les besoins sont en constante évolution, en particulier sur l’investissement durable qui est la force de Candriam.
3. Nos équipes, qui sont notre facteur de différenciation n°1. Avec son biais ESG, Candriam attire de plus en plus de talents et nous devons créer le meilleur environnement de travail pour les accueillir et leur donner l’opportunité d’exprimer leur plein potentiel.
Comment comptez-vous intégrer les requis des réglementations européennes de durabilité ?
Cela fait de nombreuses années que nous intégrons les facteurs ESG et l’évaluation des risques de durabilité dans nos processus d’investissements. Pour Candriam, il s’agit donc surtout d’ajustements dans notre communication et la divulgation des informations requises par la réglementation.
J’en profite pour redire que ces évolutions réglementaires vont dans le bon sens, puisqu’elles permettent à l’ensemble des acteurs de marché de s’engager sur la voie de la durabilité. Elles contribuent aussi à l’effort d’éducation des communautés business et du grand public sur l’investissement responsable – une dimension extrêmement importante de la transition vers une économie plus durable à laquelle nous contribuons au travers de la Candriam Academy qui a atteint 6000 membres en fin d’année dernière.
Comment évoluent les AUM dans les différents segments ?
Candriam a enregistré une très belle collecte de 3,9 milliards d’euros en 2020 – qui porte à plus de 42 milliards d’euros notre collecte en 6 ans. Les flux les plus importants ont concerné les actions thématiques – qui atteignent désormais 8,5 milliards d’euros d’encours chez Candriam après une collecte de 2,5 milliards en 2020 – et l’ESG, toutes classes d’actifs confondues. Nous avons connu en particulier d’importantes entrées sur le High Yield ESG et la dette émergente ESG. Le total des encours Candriam à fin décembre 2020 s’élève à 140 milliards d’actifs sous gestion.
La demande de fonds spécialisés dans le domaine de la santé a incité Candriam à lancer son fonds dédié à l’oncologie il y a deux ans – une stratégie lancée avec succès en Belgique aux côtés de Belfius. En réponse à la demande des clients, qui souhaitaient avoir un impact social positif et favoriser le développement des diagnostics et des traitements du cancer, ce fonds a atteint 2 milliards de dollars d’actifs sous gestion en à peine deux ans.
Les chiffres clés de Candriam
- Candriam est synonyme de Conviction and Responsibility in Asset Management
- Naïm Abou-Jaoudé travaille pour le groupe depuis 1996 et en est l’administrateur délégué depuis 2007 (Dexia Asset Management à l’époque).
- 140 milliards d’euros d’actifs sous gestion
- 3,9 milliards d’euros de net new cash en 2020
- Fonds d’oncologie : 2 milliards d’euros d’actifs sous gestion