Pour Devan Kaloo, responsable des actions chez Aberdeen Asset Management et spécialisé dans les marchés émergents, la plupart des marchés ne sont plus bon marché et aujourd’hui, tout peut partir dans tous les sens. Il s’attend cependant à ce que certaines tendances se poursuivent.
Perspectives de bénéfices optimistes
La plupart des marchés, y compris la bourse chinoise, ont progressé depuis le début de cette année. Seuls les marchés actions européens et britanniques sont restés à la traîne, notamment en raison de l’absence de mesures de confinement et de l’incertitude autour du Brexit. Et Kaloo se demande si nous devons nous inquiéter des perspectives des marchés boursiers : « Si nous considérons la valorisation, nous constatons que la plupart des marchés cotent avec une prime par rapport à leur ratio moyen cours/valeur comptable. La bourse américaine cote aujourd’hui à 3,6 fois sa valeur comptable, alors que la moyenne est de 3,1 pour les 5 dernières années et de 2,7 sur 10 ans, ce qui représente une prime de 14 et 27 %, respectivement. Le marché chinois est encore plus porteur, avec des primes du ratio cours/valeur comptable de 22 % et 27 %, respectivement. Les marchés actions européens sont les seuls à coter à leur moyenne à long terme. »
Pour Kaloo, quatre éléments déterminent en fin de compte un cours boursier : la croissance du bénéfice, du flux de trésorerie et des dividendes, ainsi que les flux financiers moins évidents. « Il est important de comprendre ces flux financiers. On ne cartographie pas suffisamment si l’argent entre ou sort d’une action. » Et aujourd’hui, selon le gérant d’Aberdeen, on ne peut ignorer que le marché tient déjà compte du fait que les bénéfices pourront se remettre relativement rapidement et complètement de la pandémie de coronavirus. « Cependant, il reste à voir si cette reprise sera aussi rapide. »
Deux camps
Et en ce qui concerne les flux financiers généraux, Devan Kaloo estime que cela peut aller dans les deux directions. « Dans le camp négatif, il y a toujours la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et la situation ne s’améliorera pas malgré la victoire de Joe Biden. Deuxièmement, les (semi-)confinements actuels pèseront sans aucun doute à nouveau lourdement sur la croissance économique et nous ne devrions pas nous focaliser trop rapidement sur la récente annonce d’un vaccin, car la question est de savoir si le déploiement du vaccin sera couronné de succès. Troisièmement, le soutien monétaire pourrait diminuer ou même se tarir. La Réserve fédérale dispose-t-elle encore d’une marge de manœuvre et d’un soutien suffisant pour réduire les taux d’intérêt ? Sinon, il sera plus difficile pour de très nombreux autres pays de réduire les taux d’intérêt et donc, de soutenir leurs marchés. »
Kaloo épingle également quelques raisons d’être optimiste. « Le transfert massif d’argent vers les actions des deux dernières semaines nous a montré qu’il y a encore beaucoup d’argent en réserve et que les investisseurs ne surestiment pas les risques d’investissement étant donné qu’ils veulent transférer aussi rapidement de l’argent vers des actions. En outre, l’annonce d’un vaccin est excellente en particulier pour certains marchés émergents, surtout pour les pays dans lesquels la reprise économique a été limitée. La faiblesse de la reprise était due à leur incapacité à stimuler comme les grands pays occidentaux et la Chine, parce qu’ils n’ont pas l’argent nécessaire. Et deuxièmement, ils n’ont pas réussi à contenir le virus. Plus les vaccins pourront être déployés rapidement, plus les perspectives économiques s’amélioreront rapidement. »
Les tendances actuelles se poursuivent
Devan Kaloo s’attend à ce que certaines tendances visibles se poursuivent dans les années à venir. « La tendance la plus importante sera peut-être le virage vert, surtout maintenant que l’Europe est pleinement engagée dans les énergies renouvelables et les technologies durables et que la Chine veut être neutre en carbone d’ici 2060. Bien que les objectifs soient lointains, on y investira fortement à court terme. Et avec Joe Biden comme président des États-Unis, cette tendance va encore s’accélérer. » Le seul inconvénient est que beaucoup de bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans le prix. Il est donc plus difficile de trouver des bonnes affaires dans ce segment. « À mon avis, ce dernier point s’applique également aux entreprises actives dans l’e-commerce. Mais comme la tendance à la croissance va se poursuivre, il sera difficile de sélectionner ces actions à un prix avantageux. » Enfin, Kaloo s’attend également à ce que le télétravail ne disparaisse pas et à ce que la numérisation de l’économie en général ne fasse que s’accélérer. « Un investisseur doit également être présent dans ce segment. »