Les entreprises ne peuvent pas faire l’impasse sur la cybersécurité ; les dangers sont devenus bien trop importants aujourd’hui. Pourtant, l’ensemble du secteur a chuté en bourse autant que l’ensemble du marché des technologies. Erik Swords, gestionnaire du fonds Allianz Cyber Security depuis octobre 2021, pense donc que c’est le bon moment pour s’intéresser de plus près à ce secteur.
Le gestionnaire de fonds ne manque pas de souligner que la cybersécurité n’est pas vraiment tangible, mais qu’elle devient de plus en plus importante à mesure que nous utilisons davantage de dispositifs connectés et de mobiles. La tendance majeure de la numérisation est omniprésente dans nos vies. Et comme nous nous dirigeons vers des véhicules autonomes, cela ne fera qu’augmenter. En d’autres termes, en tant qu’administrateur, je peux dormir sur mes deux oreilles car je sais que ce sujet sera présent pendant un certain temps encore. Cela n’a pas toujours été le cas, car la cybersécurité a longtemps été un marché stagnant et peu innovant. La protection des réseaux à une échelle toujours plus grande et dans un nombre toujours plus grand de couches différentes a annoncé le point de basculement. Et après un tour d’horizon de l’industrie informatique, le marché de la cybersécurité devrait connaître une croissance annuelle de 12,6 % jusqu’en 2030».
Swords ne craint pas que le ralentissement économique actuel ait un effet sur le secteur. Le nombre d’appareils connectés continue de croître indépendamment de la croissance économique, tandis que de plus en plus de données sont mises en ligne : plus de points de contact, donc plus de danger. Il est également à noter que la Russie a commencé sa guerre en Ukraine par une cyberattaque». Il souligne que la cybersécurité est devenue vitale pour les entreprises. Au cours des cinq dernières années, nous avons constaté que les décisions d’investir dans la cybersécurité ne sont plus prises par le responsable informatique mais par la direction de l’entreprise. La marque de l’organisation doit désormais être protégée à tout moment et un piratage est hors de question».
Univers d’investissement
L’univers d’investissement du fonds Allianz Cyber Security comprend quelque 215 sociétés cotées dans le monde entier et le secteur est extrêmement fragmenté, selon M. Swords. Aucune entreprise ne représente plus de 10 % des revenus du secteur. La concurrence est énorme, ce qui oblige les entreprises à être très innovantes et à se réinventer constamment. L’une des conséquences est qu’une vague de consolidation se produit de temps à autre, comme c’est le cas aujourd’hui dans le segment de la gestion des identités. Une bataille a éclaté au sein de ce sous-segment, car c’est là que l’on peut contrôler les passerelles». Swords suit également de près toute une série d’entreprises privées, soit une cinquantaine de sociétés. Nous entretenons de bonnes relations afin de pouvoir prendre le pouls de la situation. Important car ces entreprises sont généralement plus innovantes et actives dans les nouvelles tendances».
Le gestionnaire trouve frustrant que le secteur ait autant reculé au cours des derniers mois. Une grande partie, dit-il, était due à une mauvaise hypothèse. Au début de l’année, le marché a supposé que la cybersécurité serait un secteur défensif et qu’il serait donc mieux à même d’absorber le déclin du marché, car historiquement, ce segment a toujours été défensif. Mais dans le passé, le secteur n’était pas un secteur de croissance, contrairement à aujourd’hui. À l’époque, il n’y avait pas d’adoption généralisée et le secteur n’était pas critique›. Il reconnaît qu’après la pandémie, trop d’actions du secteur étaient un peu trop en avance sur la courbe.
Au cours des trois dernières années, les attentes du marché ont invariablement augmenté, ce qui a entraîné une hausse considérable de l’évaluation moyenne. M. Swords ajoute que les fortes baisses de prix sont dues aux conditions du marché, car rien n’a fondamentalement changé. Les actions de la sphère de la cybersécurité ont baissé autant que le marché des technologies, ce qui rend la valorisation moyenne attrayante. Par conséquent, le secteur se négocie en dessous de sa moyenne historique et est moins cher que la moyenne par rapport à l’ensemble du secteur technologique».
Segments
Dans l’ensemble du secteur technologique, Swords constate un ralentissement. Nous prévoyons que les dépenses informatiques augmenteront de 3 à 4 % en 2022 et resteront stables en 2023. Certaines entreprises seront sans doute prudentes et reporteront certaines dépenses informatiques. La cybersécurité, quant à elle, connaîtra une croissance de 12 à 13 % cette année. Cette croissance pourrait ralentir légèrement mais, toutes proportions gardées, l’importance de la cybersécurité continue de croître. Cependant, les entreprises peuvent difficilement lésiner sur ces dépenses. Après tout, les défis et les dangers ne disparaissent pas dans un environnement économique moins favorable. Au contraire, ils deviendront plus importants».
Il voit la plupart des opportunités dans la sécurité du cloud. Et les spécialistes de l’informatique prévoient la plus forte croissance des investissements dans ce segment. ‹Le cloud représentait environ 15 % des dépenses informatiques totales en 2020. Et cela devrait passer à environ 50 % au cours des dix prochaines années. Et pour chaque dollar dépensé dans le cloud, 3 à 4 % sont consacrés à la cybersécurité aujourd’hui. Nous nous attendons à ce que ce pourcentage augmente étant donné l’importance de la cybersécurité, donc le vent arrière pourrait être énorme›.
L’automatisation de la sécurité, ou une meilleure automatisation des tâches de sécurité compte tenu de la pression croissante des intrus, arrive en deuxième position dans l’étude parmi les spécialistes de l’informatique, et la sécurité des données et des identités en troisième position. Les violations de données dans les PME sont de plus en plus fréquentes et peuvent causer d’énormes dommages. Selon M. Swords, une grande partie de l’innovation actuelle tourne autour de ce que l’on appelle la confiance zéro. L’essentiel est que vous ne pouvez faire confiance à aucune action qui se déroule sur votre réseau : ne faites pas confiance, mais vérifiez et validez, tel est le principe qui sous-tend cette démarche, et beaucoup de données sont analysées par l’intelligence artificielle». Enfin, le gestionnaire note qu’avec les sociétés ZsCaler et KnowB4, il joue sur ces tendances de croissance.
Allianz Global Investor Fund - Allianz Cyber Security AT EUR
- Code ISIN : LU2286300988
- Ratio des dépenses totales : 2,1 pour cent
- Rendement depuis le début de l’année : -31,1 %.
- Fonds sous gestion : 224,62 millions d’euros