De nombreux investisseurs pensent encore qu’un fonds qui investit dans l’intelligence artificielle, l’une des tendances les plus intéressantes pour les années à venir, investit uniquement dans des actions technologiques.
C’est loin d’être vrai, déclare Johannes Jacobi (photo), Senior Product Specialist de l’équipe d’investissement thématique d’Allianz Global Investors, lors d’un entretien exclusif avec Investment Officer. Selon les spécialistes d’Allianz, l’IA peut apporter pas moins de 15,7 billions de valeur ajoutée à l’économie mondiale d’ici 2030. Soit plus que le PIB combiné de la Chine et de l’Inde.
Flexible
Jacobi explique que le fonds a une allocation flexible. « En 2019, nous avons obtenu de très bons résultats, 30 % après déduction des coûts, ce qui est dû en grande partie à notre flexibilité. En 2020, l’épidémie de coronavirus s’est ensuite déclarée. Grâce à notre plateforme de recherche mondiale, nous avions déjà eu de nombreuses discussions internes sur l’orientation à prendre, et nous avions pu identifier quels seraient les secteurs gagnants ou perdants. Nous avons cependant été surpris de la rapidité avec laquelle le virus s’est propagé en Asie, mais nous avons vite compris que le télétravail et le ‘stay at home’ deviendraient durables.
À l’époque, Amazon était avec Slack, Zoom Video et d’autres l’une de nos plus grandes positions, dans lesquelles nous étions positionnés très tôt et qui ont fortement augmenté. Zoom, par exemple, a obtenu de très bons résultats en mars et avril. Notre objectif de cours a ensuite été atteint et nous avons vendu la position avant que les médias ne parlent de problèmes de respect de la vie privée. Plus tard, nous avons reçu des signaux d’Asie indiquant qu’il était temps de réinvestir dans les actions du secteur des semi-conducteurs. Nous voyions en effet des valorisations plus basses et un meilleur niveau d’entrée.
Cela s’est avéré être une bonne décision et nous maintenons toujours ces positions. En mai, nous avons également commencé à nous tourner vers d’autres segments et domaines positivement influencés par l’IA, notamment les soins de santé, les biens de consommation et les industrials. »
Accélération
Selon Allianz, le coronavirus a donné un solide coup de boost à l’iA et cette nouvelle tendance a été fortement accélérée par la pandémie. «Nous sommes toujours un des rares fonds à couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IA. Nous investissons globalement dans trois segments :
1) Positions dans l’infrastructure de l’IA : les entreprises nécessaires pour construire l’écosystème, comme les semi-conducteurs ;
2) Applications IA : entreprises de logiciels et fournisseurs de services qui permettent à d’autres entreprises de rationaliser les processus de production ;
3) Secteurs utilisant l’IA : investissements qui bénéficient des développements de l’IA, d’un modèle d’entreprise stable avec une nouvelle perspective.
« Notre conviction est cependant qu’investir dans l’IA ne signifie absolument pas investir exclusivement dans la technologie. C’est un énorme malentendu. Nous couvrons l’ensemble de la chaîne de valeur, et c’est ce qui nous distingue. En effet, l’IA aura un impact sur différents secteurs. De fait, certains secteurs adopteront l’IA plus rapidement que d’autres, et cela dépend également de la mesure dans laquelle ils ont accès aux données. Nous visons un portefeuille particulièrement équilibré, actuellement de 65 positions dans différents secteurs, mais l’IA est présente dans de nombreux secteurs, et pas uniquement dans celui de la technologie. Il suffit de penser à Amazon qui, sans l’IA, ne serait qu’un entrepôt. Ou bien à Netflix, qui écrit des story-boards complets sur la base de l’IA. Cela ne change rien au fait que la technologie représente toujours 50 % du capital du fonds. »
Volatilité
En raison de la volatilité du marché, il est important, selon Allianz GI, d’avoir une allocation flexible et dynamique sur ces trois segments.
Jacobi : « Pendant la période de la crise du coronavirus, nous nous sommes davantage concentrés sur le secteur des applications et des logiciels. La cybersécurité sera un thème de plus en plus important, d’où notre position dans un acteur comme CrowdStrike. Actuellement, nous sommes investis à 30 % dans les infrastructures, 28 % dans les applications et 39 % dans les secteurs utilisant l’intelligence artificielle. Le reste représente notre position de trésorerie. »
Valorisation
Dans l’intervalle, les valorisations de ces entreprises sur le marché ont considérablement augmenté. Jacobi nuance : « Cela dépend de la façon dont vous définissez la valorisation sur un marché très difficile. En effet, les PE sont perturbées par la crise du COVID. Les earnings ne suivent pas. Mais par rapport au S&P 500, nous ne sommes historiquement pas si haut. De plus, les PE se normaliseront dans le futur.
Des résultats du deuxième trimestre, nous retenons que les entreprises ont publié des résultats conformes aux attentes, mais le marché se tourne déjà vers 2021. La situation macro-économique est d’ailleurs moins importante pour nous, nous portons un regard bottom-up sur les entreprises. Pendant la pandémie, notre sélection de titres a finalement fait la différence. Le portefeuille très équilibré que nous maintenons est l’un des fondements du succès du fonds.
Performance
Depuis le début de l’année jusqu’à la fin juillet, le fonds a augmenté de +35,82 %, ce qui est beaucoup mieux que le vaste marché. « Nous avons un benchmark de 50 % MSCI World et 50 % technologie mondiale, ce qui, selon nous, donne une image fiable. Les actifs sous gestion s’élèvent actuellement à 3,7 milliards de dollars, et nous avons enregistré depuis le début de l’année de nombreux inflows en raison de la croissance du secteur et du track record du fonds. Nous pensons que cette tendance va se poursuivre. »