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Kevin You, gestionnaire de portefeuille de l’équipe ‘China Equity’ chez Allianz Global Investors, est très positif quant à l’avenir des marchés actions chinois et table sur de nouvelles surperformances. La percée de certains secteurs de croissance, notamment grâce au soutien du gouvernement, offre de nombreuses opportunités. L’équipe China Equity gère notamment l’AllianzGI China A-Shares Equity Fund (fondé en 2009) et l’AllianzGI All China Equity Fund (actions A et actions HK et USA, fondé en 2017).

Les deux fonds s’appuient sur une sélection de titres bottom-up.

Trois raisons à la surperformance

L’année dernière, le marché des actions A chinoises a surperformé les autres grands marchés, dans certains cas de 20 à 30 % par rapport à l’année précédente. 

 

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Kevin You voit trois raisons différentes à cette surperformance. Tout d’abord, il souligne que la Chine a maîtrisé le coronavirus beaucoup plus rapidement que d’autres pays. « Dès le deuxième trimestre 2020, le pays affichait déjà un taux de croissance de 3,2 %, qui s’est encore accéléré par la suite. Le fait que pas moins de 640 millions de Chinois ont pu voyager à l’intérieur du pays pendant la Golden Week (du 1er au 8 octobre) a accentué la reprise. Nous nous attendons à ce que la reprise économique soutenue entraîne également une croissance des bénéfices pour 2021. » 

Deuxièmement, il y a l’afflux d’investisseurs nationaux et étrangers sur les marchés A, ouverts depuis 2014. « Ce mouvement n’en est qu’à ses débuts, surtout si l’on tient compte de l’augmentation continue de la pondération dans toutes sortes d’indices, comme le MSCI Emerging Markets. En novembre 2019, l’indice MSCI EM comportait 4 % d’actions A chinoises et 30 % d’actions offshore Chine. Dans les prochaines années, ces pourcentages passeront respectivement à 27 % et 23 %. D’ici là, la Chine constituera la moitié de l’univers des marchés émergents. »

La troisième raison est la contribution accrue de certains secteurs en forte croissance qui reçoivent un coup de pouce du gouvernement. « D’énormes capitaux ont été injectés dans certains secteurs technologiques, comme la 5G et les semi-conducteurs, afin de les rendre autosuffisants. Et le gouvernement chinois n’est pas en reste dans le domaine des énergies renouvelables, principalement en raison de son objectif ambitieux de devenir neutre sur le plan climatique d’ici 2060. La Chine veut par exemple rester un leader dans la vente de véhicules électriques en aidant tous les sous-segments de ce marché, comme les producteurs de batteries et de composants. D’ici 2025, 5 millions de véhicules électriques devraient être vendus chaque année, contre 1,3 million actuellement. L’énergie solaire est un autre domaine dans lequel le dernier mot n’a pas encore été dit, car ses coûts ont diminué de 90 % au cours des dix dernières années. »

Nouvelles tendances

Kevin You tient également à souligner certaines nouvelles tendances qui sont passées inaperçues pour de très nombreux investisseurs. Par exemple, le marché actions chinois est de plus en plus dominé par la nouvelle économie. « Fin 2015, l’ancienne économie représentait 50 % de l’indice MSCI China All Shares, contre moins de 30 % aujourd’hui. Les biens de consommation durables, dont relèvent des géants de l’internet tels qu’Alibaba et JD.com, sont passés de moins de 5 % à plus de 20 %. Et la présence de nombreux nouveaux sous-secteurs à forte croissance améliorera encore les perspectives de croissance de l’économie chinoise. » 

La croissance du secteur privé est un autre phénomène notable, souligne le responsable d’AllianzGI. « En 2015, les entreprises d’État, et en particulier dans les secteurs bancaire, minier et énergétique, représentaient encore environ 65 % de l’indice, contre 35 % seulement aujourd’hui. Et les entreprises privées sont plus efficaces, plus flexibles et plus innovantes. Ce mouvement aura un impact positif majeur sur le développement futur de l’économie chinoise. » You souligne également la percée définitive de l’ESG. « Dans le passé, les entreprises chinoises ne se préoccupaient pratiquement pas de l’ESG, mais aujourd’hui, la situation a complètement changé, notamment en raison de l’interaction avec les grands investisseurs. Aujourd’hui, certaines entreprises emploient même des personnes qui s’occupent uniquement de cela et rédigent des rapports de durabilité. » 

You voit également des opportunités dans différents secteurs du marché. Maintenant que les Chinois ne sont provisoirement plus autorisés à voyager à l’étranger, il s’intéresse par exemple au tourisme intérieur. Les boutiques hors taxes et les hôtels nationaux en bénéficieront. Les fabricants de machines destinées aux grands travaux d’infrastructure et de construction peuvent également compter sur sa sympathie. « Nous nous attendons à ce que le gouvernement chinois augmente ses investissements dans les infrastructures afin de stimuler la croissance », explique-t-il. Il s’intéresse également aux biotechnologies, aux soins de santé, à l’énergie solaire et aux secteurs dans lesquels la Chine veut devenir autosuffisante.

Présence requise

Kevin You déclare sans ambages qu›« un investisseur ayant un portefeuille diversifié doit avoir une allocation en actions chinoises ». L’époque où elles ne représentaient qu’une partie d’une position sur les marchés émergents est révolue, les actions chinoises ne sont plus une niche. « Et si nous regardons l’importance accrue des marchés actions chinois et la pondération moyenne de la plupart des portefeuilles, nous constatons un écart. De nombreux investisseurs voient l’énorme potentiel de croissance du pays. L’économie chinoise connaîtra une croissance plus forte que celle du monde occidental dans les années à venir. » 

Ne devrions-nous dès lors pas nous inquiéter des relations entre les États-Unis et la Chine et des interventions drastiques du gouvernement chinois dans le secteur des entreprises (Jack Ma et la suspension de l’introduction en bourse d’Ant Group) ? « Peu de choses vont changer après l’élection de Joe Biden. Nous pensons simplement que Biden sera plus rationnel. Les tensions ont cependant eu un impact sur nos investissements, et nous avons par exemple réduit notre exposition à diverses valeurs technologiques afin de réduire le risque global. Mais cette guerre technologique a amené la Chine à augmenter considérablement ses investissements dans les segments technologiques dans lesquels elle est faible, ce qui peut générer pour nous des opportunités d’investissement. » Il commente également l’intervention de l’État. « Le gouvernement veut la stabilité financière et, par le biais de ses interventions, fait savoir qu’il surveille et réglementera davantage certains secteurs. Mais nous ne pensons pas que le gouvernement veuille restreindre certains groupes ou secteurs tels que les paiements mobiles. Beaucoup d’entreprises sont un moteur de croissance et il n’est pas question de les ralentir. »

 

 

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