Il a fallu plus de trois décennies pour que la Bourse japonaise flirte enfin avec son record absolu de 1989. Les actions japonaises ont débuté l’année en fanfare, mais sur une plus longue durée, leurs performances sont bien pâles à l’aune de celles des actions mondiales. Toutefois, plusieurs changements structurels, tant sur le plan économique que dans la vie des entreprises, pourraient bien venir mettre un terme à cette sous-performance qui dure depuis des années déjà.
Les années 80 ont été une période florissante pour les actions japonaises. Le Nikkei 225, qui fluctuait autour de 6500 points fin 1979, a atteint un record de 38 957,44 points au cours de la séance du 29 décembre 1989, pour clôturer ce jour-là à 38 915,87 points. Ce record historique n’a jamais été égalé depuis. Les années qui ont suivi ont été marquées par un éclatement de la bulle ; pendant la crise de 2008, l’indice a atteint un plancher, à 6994,90 points.
Mais les actions japonaises sont reparties à la hausse depuis et 34 années après son record, le Nikkei 225 a de nouveau franchi la barre des 35 000 points. Le 13 février, il atteignait même 37 963,97 points, et son record semble désormais à portée de main.
Pour autant, les actions japonaises ne brillent pas sur la scène mondiale. Malgré leurs rendements positifs, le MSCI Japan, indice plus large que le Nikkei 225, est ainsi véritablement resté dans l’ombre du MSCI World. Sur les cinq, dix, quinze et vingt dernières années, il affiche une sous-performance de 3 à 5 points de pourcentage par an, en euros.
Mais les actions japonaises ont commencé l’année 2024 sur les chapeaux de roue. Le 13 février dernier, le MSCI Japan affichait une progression de 6,39 %, contre 2,91 % seulement pour l’indice des actions mondiales. Cette avancée s’explique par une croissance modérée des salaires, et malheureusement aussi par le fort tremblement de terre du 1er janvier, puisque cette catastrophe naturelle pourrait amener le gouverneur de la banque centrale à attendre encore avant de relever les taux directeurs. Le yen est donc resté en berne, ce qui fait l’affaire des exportateurs, dont les cours ont pris de la hauteur.
Paradoxalement, la perspective d’une hausse de taux pourrait bien être l’un des moteurs de la hausse des actions japonaises sur le long terme. En effet, ce relèvement signalerait la fin d’une période de stagnation économique qui perdure depuis plusieurs décennies. Il semblerait ainsi que le pays en finisse bientôt avec la déflation persistante et la contraction des salaires réels.
Autre facteur tout aussi déterminant : les mesures prises ces dernières années pour améliorer la rentabilité des entreprises japonaises, et donc augmenter la valorisation des entreprises cotées, longtemps bridée par une gouvernance d’entreprise très lacunaire, des bilans très prudents, qui faisaient la part belle aux liquidités, ainsi que le système de conglomérats (« keiretsu »).
Toutes ces réformes sont l’œuvre de Shinzo Abe, l’ancien premier ministre assassiné en 2022 : ce dernier a notamment introduit un code de gouvernance et un code de stewardship. Le premier vise à améliorer la structure de l’entreprise, puisque la direction est incitée à mener une politique plus favorable pour les actionnaires. Quant au deuxième, il invite les investisseurs à prendre leurs responsabilités et à amener les entreprises s’améliorer.
Des progrès nets ont été enregistrés, et de nombreuses entreprises ont mobilisé leurs excédents de liquidités pour rémunérer les investisseurs sous forme de dividendes ou de rachat d’actions. Mais le processus est très lent et loin encore d’être achevé. Diverses modifications ont également été apportées aux codes. En outre, au mois d’avril dernier, la Bourse de Tokyo a annoncé des mesures pour augmenter la valeur des entreprises et attirer davantage d’investisseurs (étrangers). Les entreprises dont le ratio cours/valeur comptable est inférieur à 1 devront ainsi élaborer un plan pour doper le cours de leur action.
Le top 5 de cette semaine reprend les cinq fonds affichant les meilleures performances de la catégorie Morningstar des actions japonaises de grandes capitalisations, entre février 2023 et janvier 2024. Seuls ont été sélectionnés les fonds dont les données de portefeuille disponibles chez Morningstar ne sont pas antérieures à trois mois.
La première place revient à l’ETF Amundi MSCI Japan ESG Climate Net Zero Ambition CTB Index, qui réplique la performance de l’indice MSCI Japan ESG Broad CTB Select. Cet indice se base sur le MSCI Japan, mais vise à optimiser l’exposition aux facteurs ESG positifs. Au cours des douze derniers mois, Toyota Motor (+43,75 %), Tokyo Electron (+67,17 %) et Shin-Etsu Chemical (+39,43 %), qui figurent parmi les dix principales positions, ont fait belle figure. Toutefois, ce sont surtout Disco Corp (+183,33 %), Kawasaki Kisen Kaisha (+150,97 %) et Advantest Corp (+126,50 %) qui ont le plus brillé.
Ronald van Genderen est Senior Manager Research Analyst chez Morningstar. Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. Partenaire d’Investment Officer, Morningstar propose chaque semaine un classement des cinq meilleurs fonds ou prestataires d’un secteur ou thème donné.