Les bourses américaines ont vécu leurs dix plus mauvais jours depuis des années. Les stratèges peinent à se mettre d’accord sur la cause et les conséquences précises de cette correction. Explications.
Mohammed El-Erian, conseiller chez Allianz et ex-coprésident de Pimco, écrit sur Bloomberg que nous avons affaire à une correction technique. Mais il ajoute : « C’est une correction qui met mal à l’aide en raison de la difficulté aiguë à identifier sa cause. Voilà qui génère une grande incertitude quant au proche avenir. L’exposition aux obligations n’offre ainsi ni diversification ni sécurité. »
NN Investment Partners et T. Rowe Price s’accordent sur le principe que la correction de ces derniers jours aurait déjà dû avoir lieu il y a longtemps, après la hausse de plus de 22 % du S&P en 2017. Selon T. Rowe Price, la correction s’explique par le fait que les investisseurs ont subitement réalisé que les taux à long terme pourraient grimper plus vite que prévu en raison des perspectives optimales pour l’économie américaine.
UBS Asset Management affirme que ce sont des ETP VIX à rendement inverse qui ont provoqué l’implosion. Ces produits indiciels avaient subi de grosses pertes, suite à la hausse significative de 17 à 37 points du VIX survenue lundi, et les éléments sous-jacents devaient « produire ». Les investisseurs, en particulier les fonds spéculatifs, avaient alors anticipé une prolongation du niveau bas du VIX, d’où les perspectives économiques positives. Une erreur « coûteuse ».
UBS AM indique que la normalisation de la volatilité du VIX est plus lente qu’une normalisation des prix des actions, ce qui peut prolonger l’incertitude régnant sur les marchés.
Candriam pense que les cours ont grimpé de manière trop abrupte et que les indices de confiance étaient devenus trop optimistes. La forte récession du marché est néanmoins plus systématique que fondamentale. La crainte de plus en plus marquée des investisseurs quant à la fin du fameux scénario Boucle d’or n’est pas fondée et Candriam prédit que la base fondamentale favorable en viendra à bout.
AllianceBernstein informe les investisseurs qu’il ne s’agit en somme pas des marchés, mais de l’économie. Si les perspectives économiques sont bonnes, cela ne fera qu’influencer le sentiment sur les marchés.
Ces deux dernières semaines, près de 5000 milliards de dollars sont partis en fumée dans le monde entier. Bloomberg avance qu’à l’issue de cette correction, les actions à court terme sont intéressantes. Mais si l’en en croit le modèle de la Fed, la prudence est de mise : en comparant la valeur relative des actions à celle des obligations, ce modèle révèle que le S&P 500 est pour l’instant moins attrayant qu’il ne l’a été à 82 % du temps depuis mars 2009.