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La courbe de rendement américaine est en train de s’aplanir. Étant donné qu’une courbe de rendement inversée est considérée comme un mauvais présage pour les marchés des actions et l’annonceur d’une prochaine récession, un sentiment de nervosité s’insinue chez les analystes du marché. Ces inquiétudes sont-elles justifiées, une récession est-elle imminente?

Il n’est pas encore question de retournement complet mais l’écart entre le taux d’intérêt à dix ans américain et le taux d’intérêt à deux ans est bel et bien sur le point de marquer un tournant, le taux d’intérêt à long terme étant plus bas que celui à court terme.

Ces trente dernières années, cette inversion de la courbe de rendement américaine a été suivie jusqu’à trois fois par une récession, constate Colin Dryburgh d’Aegon Asset Management dans un rapport de marché. « Depuis 1988, chaque inversion de la courbe de rendement était suivie par une récession dans un délai d’un à deux ans. Une courbe de rendement inversée est considérée à juste titre comme un indicateur de récession », conclut l’investment manager multi-asset.

Bien que – combiné au fait que les marchés des actions essuient généralement de sérieux revers durant une récession – cela puisse être le signal pour les investisseurs de vendre les actions, Dryburgh conseille néanmoins de les garder provisoirement en portefeuille. C’est trop tôt, estime la maison de fonds. « La courbe de rendement est l’un des nombreux indicateurs importants que nous suivons, comme un grand nombre de gestionnaires de portefeuille. Certains observent l’histoire récente et partagent des perspectives négatives. Nous pensons juste qu’ils risquent de manquer des rendements en fin de cycle sur les marchés des actions ».

Cycle
Les rendements forts que génèrent normalement les marchés des actions dans la phase tardive actuelle du cycle économique dans lequel se trouve l’Amérique sont la raison de cette déclaration de l’investment manager. Dès le moment où la courbe de rendement s’inverse jusqu’au moment où le marché des actions atteint un pic suivant, les actions peuvent toujours générer des rendements positifs.

Il insiste également sur le simple fait que la courbe de rendement ne s’est pas encore inversée.
« Attention à ce que vous souhaitez »
C’est aussi l’un des développements sur lequel l’économiste en chef William de Vijlder (photo) de BNP Paribas attire l’attention dans un article publié sur LinkedIn : l’inversion n’a pas encore lieu. Il mentionne toutefois que l’inquiétude concernant l’aplanissement suggère que les personnes seraient heureuses si la courbe de rendement américaine devait à nouveau s’accentuer. 

Mais vu que cela peut arriver de plusieurs manières, cela n’aura pas toujours l’effet souhaité, prévient De Vijlder. La courbe peut en effet augmenter du fait que le taux d’intérêt à long terme augmente plus que le taux à court terme, mais aussi du fait que le taux d’intérêt à court terme baisse plus que celui à long terme. 

Dans le premier cas, la courbe augmente et se déplace vers le haut, dans le deuxième cas, la courbe augmente mais se déplace vers le bas parce que les rendements du côté court baissent plus que du côté long, raisonne l’économiste. « Cela refléterait une révision à la baisse des perspectives de croissance, ce qui anticipe la fin du resserrement politique et le début imminent d’un assouplissement monétaire. »

Si le premier scénario doit se réaliser, avec un déplacement haussier de la courbe, cela nécessite, selon De Vijlder, une « augmentation significative des perspectives de croissance à long terme », ce qui peut tirer vers le haut le chemin complet du futur taux d’intérêt à court terme. « Au vu de la phase adulte du cycle conjoncturel, il semble difficile de compter sur une telle pentification pour une période plus longue, ne serait-ce que parce que cela contraindrait la Fed à effectuer un resserrement de manière beaucoup plus agressive.

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