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Athora Belgium a récemment annoncé l’acquisition d’un portefeuille closed book d’assurances-vie individuelles de NN Insurance Belgium, représentant plus de 200 000 polices. Un closed book contient des produits qui ne sont plus vendus mais continuent à courir pendant plusieurs années pour les clients existants.

Cette acquisition fait passer les actifs sous gestion de 8,7 milliards d’euros fin 2021 à 11,4 milliards d’euros aujourd’hui. Investment Officer s’est entretenu avec Dorsan van Hecke (photo), CEO d’Athora Belgium, afin de mieux cadrer cette acquisition.

Quelle est la stratégie sous-jacente de cette acquisition ?

Dorsan van Hecke : « Nous voulons devenir l’un des assureurs-vie les plus importants du marché, ce que nous faisons notamment en achetant et en consolidant d’‘anciens’ portefeuilles de produits dans lesquels nous voyons de la valeur. Nous pensons que nous pouvons offrir et réaliser une valeur ajoutée sur les assurances-vie, car nous nous concentrons uniquement sur ce secteur, alors que les vendeurs de closed books veulent déployer leur capital ailleurs, par exemple sur de nouveaux marchés. Dans le même temps, nous voulons poursuivre notre croissance organique en continuant à commercialiser des produits rentables. » 

Disposez-vous d’un capital suffisant pour le financer ? 

Dorsan van Hecke : « En tant que groupe, nous avons une base de capital solide. Athora a vu le jour en 2018 et levé depuis lors 4,4 milliards d’euros de capitaux. Cela nous permettra de financer notre expansion. Le gestionnaire d’actifs américain Apollo Global Management en est l’initiateur et, pour la fondation d’Athora, a réuni un consortium d’actionnaires fortunés tels que fonds de pension, family offices, etc. Notre modèle commercial et la manière dont nous pouvons créer de la valeur ajoutée attirent. En outre, Appolo n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a fondé en 2009 aux États-Unis notre prédécesseur Athene, qui connaît un vif succès. » 

Voyez-vous encore beaucoup d’opportunités similaires ?

Dorsan van Hecke : « Il existe d’énormes possibilités de consolidation sur le marché de l’assurance-vie, car il y a encore beaucoup de books qui vont arriver sur le marché dans les prochaines années. De nombreux acteurs abandonnent en raison de la complexité opérationnelle accrue des portefeuilles, de l’attention qu’il faut leur consacrer et du coût élevé de l’ancien système. De plus, il faut exécuter ce qui a été promis, car c’est en fin de compte de cela qu’il s’agit, et cela devient de plus en plus difficile. Les bénéfices ont déjà été réalisés et sont terminés, ce qui incite certaines entreprises à vouloir se retirer. » 

Vous avez laissé entendre que vous pouvez ajouter de la valeur. Que devons-nous comprendre par là ? 

Dorsan van Hecke : « Nous avons certaines compétences pour le faire mieux et à moindre coût, car nous nous consacrons uniquement à cela. Le mot-clé est ‘simplifier’ et nous pouvons ainsi réaliser ces petits gains d’efficacité. Et Apollo nous aide à choisir les bons actifs, sur lesquels nous pouvons réaliser un rendement légèrement supérieur par unité de risque. Si vous pouvez appliquer cela à un ensemble plus large, vous avez un excellent business case. Et comme je l’ai indiqué précédemment, de nombreux books seront mis sur le marché dans les années à venir. En fin de compte, il s’agit de tenir nos promesses envers les investisseurs, les régulateurs, les assurés, les agences de notation, etc., afin que nous puissions progressivement nous constituer un beau track-record. »

Comment se déroulera l’intégration du book acquis ? 

Dorsan van Hecke : « Ce ne sera pas facile. Il s’agit de portefeuilles complexes de polices qui ont été souscrites il y a longtemps dans un cadre fiscal et réglementaire différent. Et au niveau du groupe, nous avons développé des feuilles de route à cet effet, qui ont cependant été affinées au niveau belge. C’est l’une de nos compétences clés. Et si nous voulons nous développer davantage, nous devons avoir cela en interne et très bien le maîtriser. Nous attachons également une grande importance à la bonne intégration des personnes qui gèrent le book acquis, et qui nous rejoignent également. Chez nous, elles doivent se sentir chez elles car ce sont en effet elles qui vont continuer à se charger de ces clients. Elles sont cruciales pour l’intégration, car c’est là que se trouvent les connaissances. » 

Que peuvent attendre les nouveaux clients ? Est-ce que beaucoup de choses vont changer ?

Dorsan van Hecke : « Dans un premier temps, rien ne va changer, et c’est aussi l’intention. Bien entendu, nous souhaitons également que les clients restent chez nous et soient satisfaits le plus longtemps possible. Nous allons examiner, produit par produit, ce que les clients attendent effectivement et allons veiller à ce que les promesses faites puissent être tenues. En simplifiant, nous pouvons nous améliorer. »

Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour finaliser cette transaction ?

Dorsan van Hecke : « Toutes les transactions nécessitent une approbation du régulateur et cela a pris un peu plus de temps que prévu. Mais il est d’usage qu’il se passe environ un an entre la signature et la finalisation d’une transaction. L’ensemble de la procédure prend évidemment du temps. Lorsque nous avons vendu nos activités d’assurance non-vie à la Bâloise, l’ensemble du processus a pris à peu près le même temps. » 

Depuis que vous avez annoncé l’opération il y a environ un an, les conditions du marché ont complètement changé. Cela a-t-il affecté la transaction ?  

Dorsan van Hecke : « Tous les accords que nous avons conclus avec NN datent de plus d’un an. Ils ne peuvent être modifiés et nous le respectons. Nous voulons en effet être un acteur crédible sur le marché, qui tient sa promesse, car c’est important pour notre réputation et notre crédibilité dans le cadre de futures transactions. Il ne faut pas perdre de vue le fait que nous accordons beaucoup d’attention à la maîtrise des risques du marché. Cela signifie que nous nous couvrons beaucoup et que nous nous protégeons contre les fluctuations du marché.

Ce sont en effet des risques sur lesquels nous n’avons aucun contrôle et concernant lesquels nous ne pouvons pas faire la différence. Nous recherchons notre rendement au niveau d’éléments sur lesquels nous pouvons effectivement avoir un impact. Nous le faisons en collaboration avec notre maison-mère Apollo, qui est également notre conseiller en placements. Elle nous apporte des actifs qui génèrent des rendements supplémentaires. Si les taux d’intérêt augmentent, si le spread de taux d’intérêt devient incontrôlable ou si les marchés sont volatils, nous nous couvrons autant que possible contre ces fluctuations. Nous voulons en fait garantir notre solvabilité à tout prix. Au bout du compte, ces étapes nous permettent de tenir nos promesses. »

Quelles sont maintenant les prochaines étapes sur le marché belge ?

Dorsan van Hecke : « Tout d’abord, nous allons digérer cette acquisition avec la discipline nécessaire. Cependant, ce processus ne fait pas obstacle à la poursuite de notre croissance organique. Nous sommes toujours très actifs dans la commercialisation de solutions d’assurance, tant pour les pensions que pour les investissements. Et d’ici la prochaine acquisition, qui ne manquera pas d’arriver, nous devons avoir tout réglé. Nous avons une voie claire dont nous ne nous écarterons pas. Sur le marché belge, nous nous attendons d’ailleurs à encore plus de consolidation, car en raison des immobilisations de capital, de la complexité, des taux d’intérêt élevés et de la couverture peu aisée des risques du marché, de plus en plus d’acteurs se retirent. » 

Est-il plus difficile de se développer organiquement sur le marché belge en tant que relativement petit acteur ?

Dorsan van Hecke : « Après la récente acquisition, nous avons maintenant un total de bilan de plus de 11 milliards d’euros, ce qui nous place tout de même parmi les plus grands en Belgique. Mais en termes de chiffre d’affaires et de primes, nous sommes effectivement plus petits, car nous sommes beaucoup plus sélectifs que le marché. En effet, chaque police que nous mettons sur le marché doit être rentable. Il est important de maintenir cette focalisation afin de pouvoir tenir nos promesses à long terme. » 

Vous souhaitez vous développer dans le domaine des produits d’épargne et de pension traditionnels. Que devons-nous comprendre par là ?

Dorsan van Hecke : « Ces dernières années, en raison des faibles taux d’intérêt, il y a eu un grand mouvement vers des produits où le rendement devait provenir d’investissements et où le risque était supporté par le client. Nous sommes très actifs dans les produits branche 23, qui sont davantage liés à des fonds, mais, contrairement à d’autres acteurs, nous pouvons aussi être une réponse pour des clients ayant un profil de risque différent et plus susceptibles de s’orienter vers la branche 21, qui sont donc intéressés par les produits à capital garanti. Par conséquent, les clients qui ne veulent pas prendre de risques et apprécient la protection par garantie bénéficient d’une offre beaucoup plus grande. Et grâce à notre discipline, consistant à offrir un rendement légèrement supérieur pour le même risque et des frais inférieurs pour la même gestion, nous pouvons faire la différence dans ce segment de marché. »  
 

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