Selon Tom Riley, gestionnaire du fonds AXA Framlington Robotech Fund, le rapprochement géographique d’une partie de la production, la poursuite de l’optimisation de la logistique de l’e-commerce et la percée de la chirurgie robotique vont stimuler le secteur. En revanche, le ralentissement du secteur automobile figure au passif.
Rapprochement géographique de la production
Selon Tom Riley, la crise actuelle génère divers déplacements dans le domaine de la robotique et de l’automatisation. « La tendance de loin la plus importante est le rapprochement géographique de la production de la chaîne d’approvisionnement des marchés desservis. Dans la première phase de la crise, lorsque la Chine était en confinement, de nombreuses entreprises ont réalisé qu’une disruption dans une partie du monde avait un impact beaucoup plus important qu’on ne le pensait généralement. » Toutefois, Riley souligne qu’il sera impossible pour les entreprises américaines et européennes de démanteler complètement leur base chinoise.
« Dorénavant, elles envisageront de délocaliser leurs investissements vers d’autres pays favorables à la production, comme le Vietnam ou la Thaïlande, ou d’investir localement afin de réduire l’industrie manufacturière (nearshoring ou reshoring) et de soutenir leur propre marché du travail. Ce dernier point est d’ailleurs à l’agenda du président Trump depuis un certain temps déjà et pourrait être accéléré par le regain d’animosité entre les États-Unis et la Chine. »
Et pour le gestionnaire du fonds Robotica, il est clair que si certaines productions sont rapatriées aux États-Unis ou en Europe et que la démondialisation se poursuit, cela s’accompagnera d’investissements plus importants dans la robotique et l’automatisation, « parce que les coûts de la main-d’œuvre sont beaucoup plus élevés aux États-Unis et, ironie du sort, il n’y a pas suffisamment de travailleurs qualifiés pour certaines tâches, comme l’assemblage des smartphones. »
Autres tendances
Concrètement, le Royaume-Uni connaît la plus forte accélération de la croissance dans la poursuite de l’automatisation et de la robotisation des entrepôts logistiques ou de l’immobilier semi-industriel et ce, afin de soutenir l’énorme croissance de l’e-commerce, mais surtout parce que les consommateurs deviennent de plus en plus exigeants et veulent être servis plus rapidement. La percée des ventes en ligne de fruits et légumes, par exemple, ne peut être réalisée que par un processus d’automatisation optimisé.
La crise actuelle aura également un impact énorme sur les soins de santé. « Des pressions seront exercées sur les responsables politiques pour qu’ils maintiennent au moins à niveau les dépenses dans ce secteur. Comme les budgets des gouvernements seront sous pression, il faudra faire des choix et la priorité sera donnée aux technologies qui augmentent les chances de guérison ou améliorent l’état du patient, réduisent les durées d’hospitalisation et diminuent les coûts. Et l’un des plus grands gagnants sera la chirurgie robotique. »
Le gestionnaire s’attend également à des investissements plus importants dans les infrastructures afin de stimuler l’économie, et une grande partie de ces investissements sera consacrée aux infrastructures numériques et vertes. « C’est un moyen efficace de remettre les travailleurs qualifiés au travail, et notre fonds pourra en bénéficier indirectement. En effet, nous avons dans notre portefeuille beaucoup d’entreprises de semi-conducteurs utilisés dans des entreprises intelligentes et des véhicules autonomes, et ce sont elles qui profiteront le plus de ces investissements. »
Riley souligne également qu’il a donné davantage de poids dans son portefeuille aux entreprises actives dans la chaîne d’approvisionnement d’électronique et moins dépendantes du secteur automobile. « Ce dernier est le principal acheteur de robotique et il est clair que la croissance de ce secteur va ralentir et que les investissements dans la robotique et l’automatisation seront faibles pendant un certain temps. Aujourd’hui, en tant que gestionnaire, il est important d’être très sélectif. »
Gestion de portefeuille en période de volatilité
Qu’est-ce que Riley a appris de ces derniers mois volatils ? « Il est toujours important de comprendre pourquoi des ventes massives ont lieu. Et dès que les cours commencent à s’écarter des fondamentaux, par le biais de ventes techniques par exemple, il est temps de relever encore davantage certaines positions. Toutefois, le plus important est de ne pas paniquer pendant cette période et de ne pas procéder à de trop grands changements dans le portefeuille. » Le gestionnaire souligne également qu’en période de volatilité, il faut continuer à réfléchir à ce que seront les entreprises de l’univers d’investissement dans les 18 mois à venir, et non dans les deux prochaines semaines. « Ironie du sort, nous avions en mars une bien meilleure vision du long terme que du court terme, ce qui est tout à fait exceptionnel. »
Aujourd’hui, il voit de nombreuses opportunités dans le domaine des soins de santé et de la chirurgie robotisée en particulier. « De nombreuses interventions non essentielles, comme la pose d’une prothèse de genou, par exemple, ont été reportées, ce qui fait que de nombreuses actions de ce segment ont perdu plus de 40 % de leur valeur et sont nettement sous-évaluées. Mais ne vous y trompez pas, ces interventions devront avoir lieu dans les prochains trimestres. Il y a de grandes chances que ces actions reviennent. »
Enfin, Tom Riley n’est pas surpris que le portefeuille du fonds AXA Framlington Robotech ait relativement surperformé le marché lors de la récente vague de ventes. « Cela s’explique par le fait que les entreprises du portefeuille ont des bilans solides et ne connaissent pas de difficultés financières. Et bien que notre processus d’investissement tienne naturellement compte des perspectives de croissance à long terme, nous ne perdons jamais de vue la composante financière. Trop souvent, de nombreux investisseurs intéressés par le thème ne regardent que les opportunités de croissance. »
Chiffres
Le fonds affiche un rendement de +0,32 % YTD. Sur 3 ans, le rendement annualisé est de +9,79 %.