Laurent Clavel (AXA IM) reste prudent à court terme sur les marchés boursiers occidentaux, et préfère augmenter le risque au travers des actifs émergents dans un contexte où le dollar a dépassé son pic sur le marché des changes. La croissance européenne devrait redémarrer durant les prochains trimestres.
« Notre scénario n’a pas fondamentalement changé depuis la fin 2018 », souligne Laurent Clavel, qui est responsable de la recherche chez Axa Investment Managers, dans un entretien avec Investment Officer.
« Nous tablons toujours sur un ralentissement synchronisé de toutes les grandes économies durant les deux prochaines années, avec un risque de récession aux Etats-Unis pour 2020 ». Il rappelle également que les grandes banques centrales vont injecter moins de liquidités durant les prochains trimestres.
Accélération
Pour l’économie européenne, il remarque que la croissance s’est redressée plus tard que les Etats-Unis au sortir de la crise financière en raison de choix malheureux au niveau des politiques monétaires et budgétaires, et que le continent est en train de ralentir plus rapidement après avoir atteint un pic conjoncturel au premier trimestre 2018.
« Pour autant, il n’est pas normal de ne plus avoir d’amélioration du marché du travail, alors que nous sommes encore loin des plus bas cycliques ». Il souligne qu’il y a un risque que cet effet soit permanent en raison d’une crise qui a duré trop longtemps et a contribué à éloigner du marché du travail des travailleurs dont le profil n’est plus en adéquation avec les demandes du marché.
Laurent Clavel reste néanmoins optimiste. « Nous tablons sur une nouvelle accélération de l’économie durant les prochains trimestres ». Et il cite trois principales raisons qui devraient soutenir un climat plus favorable en Europe : la baisse des prix du pétrole, le stimuli budgétaire mis en place dans de nombreux pays européens (« une politique contracyclique bienvenue ») et les mesures de soutien au niveau de l’économique chinoise.
« Les autorités chinoises ont reconstitué des marges de manœuvre au niveau de leur politique économique, et le stimulus budgétaire très ciblé va contribuer à relancer le moteur économique. Cet élément sera positif pour l’Allemagne, dont le PMI est au plus bas sur les six dernières années ».
Préférence émergente
Au niveau de la stratégie d’investissement, « nous nous attendons encore à de mauvaises nouvelles à court terme en provenance de l’Allemagne, et nous restons sous-pondérés sur les actions européennes et américaines. Les valorisations sont toutefois redevenues raisonnables sur les actifs risqués, plus particulièrement sur les marchés émergents (actions et obligations), sur lesquels nous sommes actuellement surpondérés ».
Laurent Clavel souligne également que le changement d’orientation de la politique monétaire américaine implique également que le pic du dollar a probablement été dépassé.