Le stratège Lionel Henrion de la Banque Nagelmackers maintaint beaucoup de liquidités en portefeuille.
Une avalanche de statistiques économiques plutôt désastreuses : le PIB chinois qui recule de -6,8% au premier trimestre (-6% attendus). Aux Etats-Unis : 5,245 millions de nouveaux demandeurs d’emplois soit 22 millions en 4 semaines, -8,7% pour les ventes de détail en mars, -5,4% pour la production industrielle, le moral des entrepreneurs a plongé lui aussi. La semaine prochaine nous découvrirons les prévisions de l’indice Pmi d’avril pour la zone euro.
Henrion: «Un élément distinctif avec l’Europe, c’est évidemment la réaction des autorités américaines. Puisque la stabilisation des nouveaux cas de covid est confirmée, le gouvernement a annoncé son plan de déconfinement. En trois phases, à appliquer dans chaque Etat selon ses propres données épidémiques. Si la réouverture de New-York n’est pas pour demain, plusieurs états ont été épargnés et pourraient en profiter dès à présent. Le Texas se saisissait d’ailleurs du plan ce vendredi soir. L’attention porte donc sur le redémarrage, comme en témoigne Boeing qui a annoncé relancer la production dès la semaine prochaine.»
Résultats
Très peu d’entreprises ont déjà communiqué leurs résultats du premier trimestre. On note que le secteur bancaire outre ses mauvais résultats a annoncé des provisions massives contre les défauts de crédits (J.P. Morgan qui provisionne habituellement un milliard de dollars y a ajouté 6 milliards). Une annonce intéressante est celle de LVMH qui constate la reprise des ventes en Chine après un recul de 15% de son chiffre d’affaires au premier trimestre. Une autre vient du secteur des semiconducteurs qui a connu une explosion des ventes de puces liées au stockage de données et aux serveurs. Le secteur pharmaceutique affiche également d’excellent résultats. Les patrons se montrent (jusqu’à présent) optimistes et vous l’aurez compris : c’est cet optimisme qui a prédominé et entraîné les marchés d’actions américains.
«Dernier point qui me paraît important : la défiance chinoise. Le président Trump a gelé le financement américain de l’organisation mondiale de la santé qu’il voit comme collaboratrice à défaut de s’être rendue sur le terrain à Wuhan pour gérer et analyser l’épidémie. Jusque là, rien d’anormal. Mais que le président Macron lui emboite le pas et suspecte la Chine pour son manque de transparence (en laissant le débat à plus tard, approvisionnement en masques (chinois) oblige), rejoint par le Ministre anglais des affaires étrangères, c’est plus rare ! En tous cas le mot est tombé en Angleterre : « pas question d’un business as usual avec la Chine après la crise ».
Chez Nagelmackers, fidèles à notre scenario a court terme nous avons créé d’avantage de liquidités cette semaine en profitant de cette belle hausse des marchés. Nous conservons ce scenario car si l’optimisme est de mise, nous restons convaincus que les conséquences économiques seront bien présentes, les premiers chiffres ci-dessus le montrent. On peut également parler de conséquences sociales : L’Oréal a aussi annoncé d’assez bons résultats, tout en précisant que les nouveaux engagements sont gelés pour une période d’un an, ainsi que les investissements réduits. Les déclarations de plusieurs grands dirigeants à l’encontre de la Chine pèsent négativement sur le plan géostratégique. Et finalement, ne perdons pas de vue qu’un déconfinement prématuré peut entraîner une deuxième vague épidémique. Clairement, nous sommes plus à l’aise avec des portefeuilles bien dotés en liquidités !»