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La plateforme belge de crowdlending BeeBonds est fière de présenter une première : elle peut placer des obligations sous forme dématérialisée sur le compte titres d’investisseurs institutionnels. 

Cette titrisation ou sécurisation offre de nombreuses opportunités de développement pour le marché du crowdlending, surtout en Belgique. Investment Officer s’est entretenu avec Joël Duysan (photo), CEO de la plateforme belge de crowdlending BeeBonds, afin d’expliquer ce concept et d’examiner les perspectives du groupe et du marché.

Pour le crowdlending, un particulier ou une entreprise souhaitant faire travailler ses liquidités excédentaires investit un montant limité dans un certain projet ou une entreprise particulière. Avec BeeBonds, il s’agit principalement de projets immobiliers, avec un minimum de 500 ou 1000 euros selon le projet. Les souscripteurs reçoivent une obligation du développeur du projet ou du groupe à l’origine de celui-ci : un certificat nominatif, en quelque sorte. 

Mais Joël Duysan veut maintenant ouvrir le crowdlending et attirer davantage d’investisseurs institutionnels. Avec quelques partenaires, il a développé à cette fin un nouveau concept. Il offre une sorte de code d’accès à des intermédiaires institutionnels afin que ceux-ci puissent souscrire des financements privés pour leurs clients, en fonction de leur profil de risque. Les obligations sous-jacentes sont ensuite placées sur le compte titres de la banque dépositaire de l’institutionnel. Et comme indiqué dans l’introduction, cette dématérialisation est une première. 

Duysan désire développer davantage ce concept et recherche des partenaires institutionnels désireux de peser dans la balance. « Je compte sur le fait que lorsqu’ils en comprendront l’utilité et la facilité d’utilisation, ils sauteront rapidement le pas », déclare-t-il. Cela profitera à la démocratisation accrue du crowdlending. De plus, un partenaire potentiel doit réaliser qu’il peut faire appel à BeeBonds pour activer les excédents d’épargne. » 

La Belgique ne joue pas un rôle significatif 

Sur le plan du crowdlending, la Belgique est loin derrière ses voisins. En 2021, le crowdlending a permis de lever plus d’un milliard d’euros aux Pays-Bas, 5 milliards d’euros en France et environ 15 milliards d’euros en Espagne sur la même période. En Belgique, le compteur n’était qu’à 100 millions d’euros. « En Belgique, les banques n’ont pas vraiment embrayé et les épargnants se demandent encore trop si les rendements de 8 à 10 % proposés sont véritablement possibles et ne constituent pas des propositions frauduleuses.

En effet, les épargnants n’ont pas l’habitude qu’on leur propose de tels rendements, une mentalité que nous devrions pouvoir changer », explique le CEO de BeeBonds. « Les plateformes de crowdlending démocratisent le financement direct et privé de certains projets. Nous offrons la possibilité d’investir avec de petits montants aux mêmes conditions que si vous disposiez de 100 000 euros. » Ce montant est justement le montant minimum permettant de parler de financement privé.

Il souligne que l’approbation européenne de BeeBonds est imminente, que la plateforme se déploiera d’abord au Luxembourg et prévoit également une présence en Espagne, en Italie, au Portugal et en Grèce. « L’objectif est de faire du groupe un acteur international qui facilite les financements et complète ou remplace les crédits bancaires, car les banques jouent de moins en moins leur rôle de prêteur. Je vois BeeBonds devenir à terme une bourse d’obligations privées avec un flux constant de projets accessibles à tous, du petit au grand investisseur. » Depuis 2019, BeeBonds a obtenu l’approbation de la FSMA et levé en 2021 17,5 millions d’euros répartis sur 18 projets. Pour cette année, elle prévoit de lever 25 millions d’euros via un maximum de 25 projets. 

Activer l’épargne

Il est intéressant de noter que les conditions du marché se sont transformées pour les plateformes de crowdlending. Aujourd’hui, les projets sont suffisants, estime Joël Duysan.

« Le problème se situe maintenant au niveau des épargnants et des investisseurs, qui mettent plus difficilement des fonds à disposition. Il s’agit maintenant de convaincre les épargnants de l’attrait du crowdlending et de démontrer que leur argent est utilisé utilement. » Aujourd’hui, on estime à environ 50 000 le nombre de personnes actives dans le crowdlending en Belgique. Ce qui n’est pas vraiment beaucoup, sachant que quelque 300 milliards dorment sur des comptes d’épargne en Belgique. Chez BeeBonds, on veut toucher tout le monde, à savoir les personnes physiques mais aussi morales désirant faire travailler leur trésorerie. « Et depuis peu, cela inclut également les fonds de pension, les institutions publiques, les compagnies d’assurance et les family offices. Nous pouvons proposer nos investissements à tout un chacun. »

La hausse des taux d’intérêt et l’inflation galopante ne constituent-elles pas un problème pour BeeBonds ? « Pas vraiment, car les taux d’intérêt offerts par les banques n’ont pas augmenté », répond Duysan. « Il n’y a donc pratiquement pas de concurrence. Si votre argent reste sur un compte d’épargne, vous perdez près de 10 % de pouvoir d’achat par an en raison de l’inflation. Nous offrons entre 8 et 10 % sur nos projets, un rendement qui compense donc actuellement l’inflation. »

Et les risques ? « Dès que vous retirez votre argent de votre compte à vue, il y a un risque. Et même avec votre compte à vue, vous n’êtes aujourd’hui protégé que jusqu’à hauteur de 100 000 euros. Le problème est qu’on ne peut pas mettre son argent sous son matelas et qu’on est donc obligé de prendre un certain risque. Jusqu’à présent, nous n’avons cependant eu aucun défaut de paiement, ce qui peut rassurer les épargnants. De toute façon, nous faisons toujours approuver les chiffres qui sous-tendent les projets par PwC ou Deloitte. Ce qui est unique, car aucune plateforme de crowdlending ne fait cela. Mais bien sûr, cela ne signifie pas que rien ne peut arriver. »
 

 

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