Tout comme la vie quotidienne de la plupart des Belges, notre économie est en grande partie à l’arrêt. Le baromètre conjoncturel de la Banque nationale pour le mois de mars a enregistré la semaine dernière la plus forte baisse jamais observée depuis la création de cet indicateur. Pas étonnant.
Les conséquences du lockdown s’étendent entre-temps aux entreprises de production qui, de leur propre initiative, ferment leurs portes en raison de problèmes d’approvisionnement, d’une diminution de la demande de produits, ou parce que leurs travailleurs sont absents. Le secteur de la construction aussi est touché de plein fouet par des problèmes de livraison de matériaux et d’indisponibilité de personnel. De plus, notre pays compte déjà plus d’un million de personnes en chômage technique. Trois personnes actives sur dix dans le secteur privé vont dès lors percevoir une prestation compensatoire.
Cette situation est sans précédent. Aussi, les économistes disposent de peu de références pour chiffrer un tel effondrement économique. Des chiffres récents de Chine ont dès lors déclenché toutes les alarmes, puisqu’ils donnent une première indication de ce qu’un lockdown peut impliquer pour l’économie (même si le lockdown est plus limité chez nous). En février, la production industrielle chinoise a fléchi de 14%, le commerce de détail de 21% et les investissements de 25%.
Compte tenu de la valeur ajoutée que créent ces différents secteurs en Belgique, nous pensons qu’ici aussi, l’impact sera considérable. Les secteurs initialement touchés, tels que le secteur aérien, les agences de voyage, l’horeca et le secteur culturel et récréatif, représentent en soi une partie relativement limitée de notre PIB. Mais la propagation du malaise aux nombreuses entreprises de livraison, au commerce de détail en produits non alimentaires, à l’industrie et à la construction fait craindre le pire. Les secteurs publics et des soins de santé tiennent bon. Il y en a bien sûr qui tirent leur épingle du jeu. Citons, par exemple, tous les (nouveaux) fabricants de gels désinfectants, de respirateurs, d’équipements de protection médicale. De même, les vendeurs en ligne de matériel de bricolage, de jouets et de trampolines font d’excellentes affaires. Mais ces effets sont évidemment limités, compte tenu de la crise économique actuelle.
Heureusement, après une contraction aussi forte, nous attendons également un redressement solide et rapide de l’économie au second semestre. Une partie de la consommation et de la production reportées sera probablement rattrapée dans un environnement favorable, grâce à une politique monétaire et budgétaire expansive et aux faibles cours pétroliers. Vu l’annulation en masse de voyages à l’étranger cet été, on s’attend, par exemple, aussi à une forte progression des vacances en Belgique, une bonne nouvelle pour le secteur du tourisme belge.
La prudence reste néanmoins de mise. La relance sera plus compliquée si d’autres pays sont toujours touchés par le virus. Par rapport à la Belgique, des pays tels que les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis, par exemple, ont tardé à prendre des mesures pour endiguer le virus. Par conséquent, il est possible que nous subissions une perturbation prolongée des chaînes de production et d’approvisionnement ainsi qu’une baisse de la demande pour nos produits d’exportation.
Belfius table actuellement sur une contraction du PIB qui évolue dans le sens de -5% en 2020, avec un important risque baissier si le virus n’est toujours pas sous contrôle d’ici l’été ou si la confiance des consommateurs, mise à mal pour une longue durée, entrave elle aussi la relance.