Les spécialistes en stratégie d’investissement de Belfius Banque privilégient les pays émergents, en particulier la Chine, sont neutres sur les États-Unis et sous-pondérés sur l’Europe.
C’est ce que déclare Nicolas Deltour (photo), qui applique la stratégie chez Belfius Banque, lors d’un entretien avec Investment Officer.
« Nous sommes devenus plus prudents sur les marchés actions. Selon nous, les attentes des analystes en matière de marges et de croissance des bénéfices restent trop optimistes, tandis que le risque d’un ralentissement de l’économie mondiale n’est pas suffisamment pris en compte. »
De plus, selon Deltour, il existe désormais des alternatives raisonnables aux marchés actions, avec des rendements à l’échéance plus élevés pour les obligations investment grade et les titres du marché monétaire, ce qui permet de diversifier les portefeuilles en y incluant des actions, des obligations et des liquidités.
Neutre
« Nous avons réduit à 50 % notre exposition aux actions dans les portefeuilles équilibrés », déclare Deltour. « Nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt obligataires diminuent à mesure que le cycle de relèvement des taux d’intérêt par les banques centrales atteint son apogée. Nous prévoyons de transférer des liquidités vers cette classe d’actifs lorsque le moment sera venu, et celui-ci approche. »
Deltour et son équipe privilégient les actions émergentes, en particulier en Chine, où les entreprises sont bon marché et bénéficient d’un climat macroéconomique favorable. « Nous sommes neutres sur le marché américain et sous-pondérés sur l’Europe. Bien que l’Europe ait enregistré de belles performances depuis le début de l’année, nous pensons que c’est excessif en raison de la nature cyclique du marché européen dans un contexte de ralentissement économique mondial. »
Bien que la baisse de la volatilité et la hausse des valorisations indiquent un regain d’optimisme, Deltour estime que la sous-performance des actions cycliques par rapport aux secteurs défensifs montre que les investisseurs restent prudents quant à l’activité économique.
« Les investisseurs obligataires sont encore plus prudents et se concentrent sur les risques de récession, en particulier aux États-Unis, où la crise bancaire et immobilière ainsi que la détérioration des conditions de crédit pourraient inciter la Réserve fédérale à réduire son taux directeur cette année. »
Chez Belfius, le scénario de base prévoit une faible croissance économique aux États-Unis et dans la zone euro, mais pas de récession, ainsi qu’une augmentation significative d’environ 5 % de l’activité économique en Chine d’ici 2023.
« Nous surveillons l’inflation de près, en particulier la composante de base, qui comprend les salaires et les biens de consommation, qui demeure présente. Dans ce contexte, les banques centrales devront relever les taux d’intérêt, ce qui pourrait freiner la croissance économique, qui a bien résisté jusqu’à présent. Les bonnes surprises économiques ont fortement diminué ces dernières semaines au niveau mondial, tandis que les marchés émergents résistent bien grâce à la réouverture de la Chine. »