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BNP Paribas Asset Management a récemment lancé une stratégie long/short axée sur les entreprises liées à la transition énergétique. Edward Lees (photo), gérant de portefeuille, explique comment son collègue Ulrik Fugmann et lui utilisent la stratégie BNP Paribas Environmental Absolute Return Thematic Equity pour faire pression sur les entreprises non durables afin d’avoir ainsi un impact positif sur la transition énergétique.

La difficile intégration des facteurs ESG dans les fonds spéculatifs est un sujet d’étude et de discussion très populaire. Avec plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie des fonds spéculatifs, Edward Lees (photo), co-responsable de l’Environmental strategies group chez BNP Paribas Asset Management (AM), a une explication à cela.

« Les fonds spéculatifs sont effectivement à la traîne en termes d’intégration ESG. Cela s’explique en partie par le fait que le marché des fonds spéculatifs est beaucoup plus fragmenté que celui des fonds ‘long only’. Cela a par exemple eu pour conséquence qu’en tant que phénomène, l’ESG est également moins top-down », explique-t-il lors d’un entretien avec Fondsnieuws.  

Une étude menée par KPMG au début de l’année a montré que les fonds spéculatifs prennent cependant bel et bien des mesures en faveur de l’investissement responsable, mais que pas plus de 15 % d’entre eux ont effectivement intégré des facteurs ESG dans leur stratégie. 

De nombreux fonds spéculatifs ont du mal à adapter leur focalisation traditionnelle sur la réalisation de rendements ‘alpha’ élevés, a expliqué Leonie Jesse, manager chez KPMG Sustainability, lors d’une interview avec Fondsnieuws. 

« ‘Long’ dans les bonnes entreprises ESG et ‘short’ dans les mauvaises »

Selon Lees, ce n’est pas nécessairement plus difficile à intégrer : « On peut être ‘long’ dans les bonnes entreprises ESG et ‘short’ dans les mauvaises. C’est simple. » Il estime cependant que les fonds ‘long only’ sont d’une certaine manière mieux équipés pour intégrer les critères ESG dans le processus d’investissement. 

« Cependant, ces fonds sont généralement gérés par de grands gestionnaires d’actifs. Et puis derrière un fonds, il y a aussi une grande entreprise, avec les ressources qui vont de pair. BNP Paribas Asset Management en est un exemple. Les fonds spéculatifs, en revanche, sont plus libres d’agir, car ils peuvent adopter des positions aussi bien longues que courtes.

Selon les Principes pour l’investissement responsable (PRI), la gamme d’instruments de négociation et de stratégies de marché englobant les actions, les titres à revenu fixe, les matières premières et les devises fait justement que les fonds spéculatifs sont mieux placés que les autres fonds pour intégrer une politique durable. De plus, leur importance va s’accroître vu que le PRI constate un intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les fonds spéculatifs ESG

Lees remarque également sur le marché qu’il devient de plus en plus évident que l’amélioration d’un fonds sur le plan ESG offre des opportunités. « Pour être honnête, certains ne sont pas entièrement purs. Il faut donc être vraiment être très attentif à un éventuel greenwashing. Dans le cadre de notre stratégie, nous nous posons constamment la question suivante : comment cela aide-t-il le monde ? » 

Pas une stratégie purement ESG

Néanmoins, la stratégie de BNP Paribas Environmental Absolute Return Thematic Equity (EARTH) n’est pas une stratégie purement ESG, souligne-t-il. « Ce qui nous distingue d’un fonds ESG, c’est que nous ne nous concentrons pas sur le S et le G. Nous ne sommes vraiment axés que sur les aspects écologiques, parce que c’est là que nous pensons qu’il y a le plus d’opportunités actuellement, et les meilleures. » En outre, ils n’utilisent pas de notations ESG dans les décisions d’investissement. « Cependant, nous utilisons notre cadre ESG à l’échelle de l’entreprise à titre de contrôle de la qualité lors de la sélection des actions », ajoute Lees. 

Ce type de stratégie n’est pas unique, explique-t-il. Mais jusqu’à présent, il s’agissait principalement de fonds ‘long only’, avec lesquels Lees et son collègue Fugmann ont également commencé chez BNP Paribas AM. En septembre 2019, ils ont d’abord lancé le BNP Paribas Energy Transition Fund, un fonds qui a récemment figuré dans le Top 5 de Fondsnieuws des fonds écologiques les plus performants. 

Jusqu’à la fin juillet, ce jeune fonds a réalisé un rendement de plus de 40 %. Selon l’analyste Morningstar Ronald Van Genderen, le résultat d’une sélection de titres très réussie : « Plusieurs positions du top 10 ont vu leur cours doubler, comme Plug Power, Sunrun, Enphase Energy, SolarEdge Technologies et Bloom Energy. »

Synergie

La stratégie EARTH est venue s’ajouter en juillet 2020. Les deux stratégies font partie de l’Environmental Strategies group, ce qui crée une belle synergie, par exemple dans le domaine de la recherche, explique Lees. 

La stratégie EARTH dispose d’un certain nombre d’outils supplémentaires pour générer des rendements, ce qui, selon lui, en fait un complément très important de l’offre. « C’est vrai, il y a beaucoup d’intérêt de la part des investisseurs. L’intérêt est pour l’instant plus institutionnel, mais nous nous attendons à ce que le wholesale suive. »

À la question de savoir si une focalisation accrue sur les facteurs ESG pourrait éventuellement aider les fonds spéculatifs à se débarrasser de leur mauvaise réputation, Read répond de manière nuancée. « Ce ne sera pas facile, surtout en Europe. Mais le fait est que les fonds spéculatifs sont nécessaires au bon fonctionnement du marché des capitaux. Les fonds spéculatifs ne créent pas de problèmes, ils les révèlent et contribuent ainsi à la bonne santé des marchés financiers. Toutefois, il est important que les managers s’en tiennent à leur mandat et soient capables de le démontrer, ce qui est crucial pour la confiance, par exemple, dans la discussion sur les honoraires. »

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