Alors que la Bourse française a progressé depuis le début de l’année, le DAX allemand s’inscrit dans le rouge sur la même période. Pourquoi ?
Sa progression est loin d’avoir été linéaire, mais le CAC40 français a gagné 1 % (et même 2,5 % si l’on inclut les dividendes) entre le 1er janvier et le 4 septembre à la clôture. L’indice phare allemand, le DAX, calculé avec dividendes réinvestis, a en revanche abandonné 5,1 % depuis le début de l’année.
Si les Bourses fluctuent par nature, un tel écart, surtout à l’avantage du CAC40, est peu commun. Pour Arjen van der Meer, gérant du fonds Optimix Europe, un ensemble de facteurs joue en la défaveur de l’indice allemand. « Tout d’abord, plusieurs titres français, et notamment l’action Louis Vuitton, ont fait très belle figure. Le secteur énergétique, assez lourdement représenté dans le CAC40, a aussi brillé cette année. »
À l’inverse, le DAX a pâti de la forte pondération du secteur automobile. « Peugeot et Renault ne pèsent que 2 % du CAC français, alors que les constructeurs automobiles allemands représentent 13 % du DAX », explique Arjen van der Meer.
Les titres du secteur automobile ont été malmenés cette année du fait des tensions commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis, Donald Trump ayant menacé d’imposer des droits de douane sur les importations de véhicules européens.
Un indice plus sensible
Deuxième facteur expliquant la sous-performance allemande selon le gérant : la part de l’industrie, un secteur sensible à l’évolution du commerce mondial. L’économie allemande étant très axée sur les exportations, les disputes commerciales entraînent souvent des plongeons à la cote. En outre, les échanges commerciaux ont diminué à l’échelle mondiale cette année.
Pour Arjen van der Meer, « un autre facteur a joué : la plus grande entreprise industrielle française, Airbus, a justement pu tirer parti des querelles commerciales. Dans l’hypothèse d’une intensification du conflit entre la Chine et les États-Unis, les Chinois privilégieront en effet Airbus à l’américain Boeing. Le titre Airbus a déjà gagné 25 % cette année, alors que Siemens, poids lourd du DAX, a abandonné 5 % depuis le 1er janvier [NDLR : au 4 septembre]. »
Des économies non synchrones
Enfin, les économies française et allemande n’évoluent pas de manière synchrone. Les entreprises allemandes souffrent de la pénurie de main-d’œuvre et le chômage atteint des plus bas historiques en Allemagne. En France en revanche, le taux de chômage est plus élevé et Emmanuel Macron a procédé à une réforme du marché du travail. « Il ne faut toutefois pas donner trop d’importance à cette réforme, qui est loin d’avoir été draconienne. Je pense plutôt que l’Allemagne, où l’économie se porte bien depuis des années déjà, approche de la fin du cycle, et que des vents contraires commencent à apparaître au niveau des bénéfices des entreprises. Sur ce plan, la dynamique est légèrement plus favorable en France. »
Dans son fonds européen, Arjen Van der Meer sous-pondère fortement l’Allemagne, dont la volatilité devrait persister, avec des effets perceptibles au niveau du DAX notamment. « Donald Trump devrait préciser ses mesures commerciales en octobre. Les incertitudes qui règnent pour l’instant à ce niveau pèsent sur les actions allemandes. »