Alors que Warren Buffet ignorait auparavant les compagnies aériennes et les entreprises de technologie, il semble maintenant rompre de plus en plus avec ses anciennes traditions d’investissement.
Il y a dix ans, dans une lettre adressée aux actionnaires de sa société de placement Berkshire Hathaway, Warren Buffett était sans équivoque : « S’il y avait eu un capitaliste prévoyant chez Kitty Hawk, il aurait rendu un fier service à ses successeurs en abattant Orville », écrivait-il au sujet du premier vol d’un des frères Wright. En d’autres termes, il ne sert à rien d’investir dans les compagnies aériennes, parce qu’elles gagnent trop peu d’argent.
Pendant deux décennies, ce fut l’un des principaux chevaux de bataille de Buffet, qui a construit son empire avec des investissements dans des géants américains de la fabrication tels que Coca-Cola et Wells Fargo. Un principe avec lequel il a cependant rompu en 2016 : soudain, la société détenait des actions des quatre plus grandes compagnies aériennes américaines : American Airlines, Delta Air, Southwest Airlines et United Continental.
À fond dans la fintech
Buffett se met progressivement à contredire certains autres de ses principes, s’est-il avéré lundi lorsque le Wall Street Journal a révélé que Berkshire se lançait à fond dans la fintech. La société d’investissement a investi un total de 600 millions de dollars dans la société de paiement brésilienne StoneCo et la société mère de la fintech indienne Paytm.
Ce qui est étrange, parce qu’un autre adage de Buffett est qu’il préfère ignorer les entreprises de technologie. Il est en effet assez difficile d’y sélectionner les gagnants de demain, estimait Buffet au début de ce siècle. De plus, il n’est pas aisé de se constituer une bonne position à des prix raisonnables sur un marché où les investisseurs se lancent à fond dans les entreprises de technologie.
En d’autres termes, Buffett ne comprend bien souvent pas les entreprises et investisseurs de la technologie. C’est alors qu’intervient un autre adage important de cet homme de 88 ans : ne jamais mettre de l’argent dans des entreprises qu’on ne comprend pas totalement.
Cotation en bourse
Cependant, cette sagesse n’est plus de mise : en août, la branche investissement avait déjà investi 300 millions de dollars en actions Paytm. Et lorsque StoneCo est entré en bourse la semaine dernière, Berkshire figurait dans le carnet de commandes, or l’inscription à une entrée en bourse était déjà une rareté en soi.
Pourquoi Berkshire rompt-il avec ses anciennes traditions d’investissement ? Probablement parce que l’homme de 88 ans se retire progressivement. Selon un porte-parole de Berkshire, c’est Todd Combs, gestionnaire de portefeuille, qui a réalisé l’investissement et Buffet ne s’en est pas occupé. Et Combs connaît bien les sociétés financières, car il a déjà investi dans celles-ci en tant que gestionnaire de fonds spéculatifs.
Ou bien est-ce simplement parce que l’oracle d’Omaha a changé d’avis sur la tech ? En effet, il l’avait déjà fait à propos d’un autre secteur, avec de bons résultats à la clé : trois actions de l’aviation sur quatre ont augmenté depuis l’investissement de Buffet.