Candriam transforme son fonds Global Metaverse, qui investit dans des entreprises développant le métavers, en un fonds technologique axé notamment sur l’IA et la cybersécurité. Le battage médiatique autour de la technologie de 2022 semble être totalement retombé.
Revenons en octobre 2022. Candriam – un an après que Facebook eut été rebaptisé Meta – lance son fonds Global Metaverse en grande pompe. Il s’agissait d’investir dans des entreprises qui allaient construire le métavers, l’internet 3D dans lequel chacun entrerait avec un casque pour y vivre une existence virtuelle.
« Le métavers est l’un des développements les plus passionnants dans le domaine de la technologie », se réjouissait à l’époque le gestionnaire de fonds, Johan Van der Biest. « Bien que ce secteur soit encore jeune, il est déjà évident que son développement entraînera avec lui l’ensemble du secteur technologique. Cela pourrait révolutionner l’éducation, la santé, les communications et les loisirs. »
Nouvelle politique, nouveau nom
À peine deux ans et demi plus tard, il ne reste pas grand-chose de cet enthousiasme. Candriam modifie sa politique d’investissement en faveur de huit tendances technologiques et change le nom du fonds, qui affiche actuellement un encours de 352 millions de dollars, en DigiTech, un nom à consonance neutre, a annoncé Belfius. Le fonds métavers de Candriam est le fonds maître du fonds Virtu=all de Belfius, qui sera également renommé Digit=All après le réajustement.
Dans les huit tendances, on ne retrouve le métavers qu’indirectement. Il s’agit notamment de l’IA, de la cybersécurité, des logiciels d’automatisation, des superpuces, de l’internet ultrarapide, de l’infrastructure cloud, des appareils du futur et des technologies vertes à haut rendement énergétique.
Pourquoi cet ajustement ? « L’intérêt pour le métavers a fortement diminué. De nombreuses entreprises ont délaissé le métavers pour se concentrer sur l’IA, où le retour sur investissement est plus évident », répond M. Van der Biest.
Industrie/consommateur, le fossé
Les attentes concernant le métavers étaient-elles trop optimistes en 2022 ? Le gestionnaire de fonds apporte une réponse nuancée : « Le métavers industriel continue de gagner du terrain, notamment avec les simulations pour les machines via les jumeaux numériques. Mais le côté grand public n’a jamais décollé, à l’exception des applications de gaming. Nous étions déjà sceptiques quant aux applications grand public en 2022 : une expérience virtuelle ne peut jamais surpasser une expérience réelle. C’est également la raison pour laquelle nous nous sommes concentrés sur les applications industrielles lors du lancement. »
Un retour de l’engouement initial ne semble pas être d’actualité pour le moment. « L’objectif des investisseurs en matière de technologie a changé. L’IA est désormais la priorité absolue. Tant qu’il n’y aura pas d’applications métavers grand public clairement rentables, l’intérêt restera limité », prédit M. Van der Biest. Candriam ne commente pas la manière dont l’action Meta est perçue en particulier.
Indice
L’ancien fonds dédié au métavers investissait dans des secteurs non technologiques tels que les produits de luxe ou les soins de santé – une illustration du large impact social attendu – et a réussi à surperformer l’indice général MSCI All Country World. Dans la nouvelle version, l’accent sera mis sur la technologie. L’indice de référence sera donc remplacé par l’indice MSCI World Information Technology.
Candriam n’est pas la seule société de gestion à procéder à un tel ajustement. Invesco a également lancé un fonds thématique Metaverse en juin 2022, mais a élargi son intitulé en janvier 2024 : le fonds s’appelle désormais Metaverse and AI.