Avec le fonds SRI Equity Circular Economy, le gestionnaire d’actifs belge Candriam lance un nouveau fonds axé sur l’investissement d’impact. Le lancement intervient exactement un an après le lancement du fonds Climate Action.
Le fonds se concentrera sur deux types d’entreprises, expliquent les gestionnaires du fonds Koen Popleu et Monika Kumar lors d’un entretien avec Fondsnieuws. « D’une part, nous allons investir dans des enablers, des entreprises qui contribuent à permettre la transition vers une économie circulaire », explique Popleu. « Il s’agit d’entreprises qui se consacrent à l’énergie durable, mais par exemple aussi d’entreprises qui développent des technologies permettant de mieux recycler le plastique. En ce moment, par exemple, le plastique coloré est très difficilement réutilisable. »
Mais les entreprises qui améliorent la durabilité de leurs produits afin qu’ils durent plus longtemps, ou les entreprises basées sur l’économie collaborative (comme les fournisseurs de voitures partagées ou autres sharing platforms), relèvent également du label enabler.
Cette partie du portefeuille présente un chevauchement assez important avec le fonds Climate Action lancé l’année dernière, notamment sur le plan des investissements dans les énergies renouvelables. Popleu : « Ce fonds est également axé sur la réduction ou l’évitement des émissions de gaz à effet de serre, et investit donc en partie dans les mêmes entreprises. » Le chevauchement entre les deux fonds représente actuellement 30 % du portefeuille, ce qui est le maximum. « Je veillerai personnellement à ce que ces 30 % ne soient pas dépassés », promet Popleu.
Transformers
Quant à la deuxième catégorie d’entreprises dans lesquelles le fonds investit, Popleu les qualifie de transformers. Ce sont des entreprises qui utilisent beaucoup de matières premières comme input pour leurs produits. « Ce sont précisément ces entreprises qui doivent amorcer la transition vers une économie circulaire, par exemple en passant à l’utilisation de matériaux d’emballage entièrement recyclés. Il s’agit souvent d’entreprises liées aux consommateurs, mais il peut également s’agir de fonderies d’aluminium ou de papeteries. »
Les secteurs ‘consumer staples’ et ‘consumer discretionary’ représentent environ un tiers du portefeuille du fonds. Il peut s’agir d’Unilever, par exemple, qui veut réduire de moitié l’utilisation de plastique non recyclé dans ses emballages d’ici 2025.
Un objectif qui contraste fortement avec la politique vague et peu ambitieuse de son concurrent Nestlé : l’année dernière, celui-ci avait déclaré dans un communiqué de presse vouloir être climatiquement neutre d’ici 2050 seulement, mais n’a pas concrétisé davantage cet objectif. Il n’est donc pas évident que le fonds Circular Economy investisse dans une entreprise comme Nestlé. Candriam préfère ne pas indiquer quelles entreprises sont incluses ou non dans le portefeuille du fonds.
Pas de supermarchés
Les chaînes de supermarchés, qui constituent pourtant une source importante de matériaux d’emballage, et donc un maillon indispensable dans la création d’une économie circulaire, sont remarquablement absentes du portefeuille du fonds. Bien qu’en théorie, les chaînes de supermarchés puissent faire beaucoup pour réduire l’utilisation de matériaux d’emballage, Candriam ne considère provisoirement pas le secteur comme un transformer crédible. « Les supermarchés sont des utilisateurs d’emballages, ils ne peuvent pas décider eux-mêmes d’utiliser ou non des matériaux entièrement recyclés parce qu’ils ne fabriquent pas les produits eux-mêmes », explique Popleu. « Pour l’instant, nous estimons que leurs ambitions circulaires sont trop faibles pour être incluses dans notre stratégie. »
Selon Popleu, le fonds a pris un excellent départ. Bien qu’un track record ne soit bien évidemment pas encore disponible, les actifs investis s’élèvent maintenant à 120 millions de dollars (107 millions d’euros). « Même des investisseurs institutionnels ont déjà investi dans le fonds, et nous avons différents RFP en cours. C’est tout à fait exceptionnel, car ces parties veulent généralement disposer d’un track record de plusieurs années avant d’entrer. »
Green Deal
Ce qui ne fait que montrer une fois de plus à quel point la durabilité est un thème d’investissement tendance, constate Monika Kumar, co-gestionnaire. « Il s’agit d’une multi-decade investment opportunity. L’UE veut être neutre sur le plan climatique d’ici 2050 et devenir une zero-waste society. Cela signifie que le Green Deal européen sera très fortement axé sur l’économie circulaire, en faveur de laquelle d’énormes investissements seront réalisés, par exemple dans le domaine de l’électrification des transports, de la durabilisation des logements et des énergies renouvelables. »
Et si les réglementations européennes de plus en plus strictes constituent un obstacle pour les entreprises polluantes, ces mêmes règles sont au contraire un encouragement pour d’autres, souligne Kumar. « Entre 2025 et 2030, les entreprises européennes devront quadrupler la part des composants recyclés dans leur production, ce qui offre d’énormes opportunités aux entreprises de notre portefeuille. »
Mais une économie véritablement circulaire - l’objectif ultime pour 2050 - est-elle finalement possible dans un monde globalisé, dans lequel les produits traversent souvent plusieurs fois la moitié du globe avant d’atteindre l’utilisateur final ?
« La mondialisation peut en effet constituer un obstacle à une transition rapide vers une économie circulaire », reconnaît Popleu. « Plus les chaînes d’approvisionnement sont courtes, moins l’impact environnemental est important. Mais la réalité est que nous vivons dans un monde globalisé. Nous pensons qu’une transition vers une économie circulaire est également possible dans un monde globalisé. »