Les notations actuellement élevées des actions et entreprises technologiques américaines peuvent générer des surprises sur le marché des ETF. Les investisseurs doivent se montrer plus critiques à l’égard des trackers de leur portefeuille.
C’est l’avis de Koen Van de Maele, global head of investment solutions de l’asset manager Candriam. Selon lui, les investisseurs sous-estiment les inconvénients des trackers qui suivent un indice large, pondéré en fonction de la capitalisation boursière.
« En toute logique, les secteurs onéreux en particulier sont surpondérés dans ce type d’indices. Les notations actuellement élevées, surtout pour les actions et entreprises technologiques américaines, ont amplifié les risques liés à ces trackers. Si ces secteurs opèrent une correction, ces ETF dégringoleront. Et après coup, on pourra dire que c’était à prévoir. »
« On pourrait penser qu’après plusieurs réveils douloureux, les investisseurs se montreraient plus prudents », poursuit-il en renvoyant entre autres à la situation relative aux télécoms en 2000 et au secteur financier à la veille de 2007. « Qu’ils ne s’arrêteraient désormais plus aux indices pondérés en fonction de la capitalisation boursière, alors que la majorité des investisseurs continue de se limiter à ce type de produits classiques. »
Il pointe à cet effet du doigt les trackers sur actions, mais aussi les ETF obligataires. « La durée moyenne des obligations à court terme est devenue plus longue que jamais, ce qui accroît les risques en cas de hausse des rendements. Cela rend également les ETF qui répliquent ce type d’indices très risqués. »
Liquidités
Koen Van de Maele évoque également la perte de liquidité des ETF en cas de crise. « L’ETF a ceci de magique que même pour un marché moins liquide tel que celui des obligations high yield, il reste relativement liquide. Les investisseurs en ETF oublient parfois que cet avantage constitue un bonus, et pas un droit acquis. Il ne faut pas se laisser surprendre par le fait qu’en cas de récession, la liquidité redescend au niveau de l’actif sous-jacent, mais tout le monde n’en tient pas compte. »
Koen Van de Maele conseille de se pencher de manière approfondie sur l’indice que l’on souhaite répliquer. Il faut s’interroger sur les avantages et inconvénients des différents indices, leur maturité et la manière dont se présente leur rule book. « Faites ensuite un choix avisé en fonction de la durée souhaitée et de votre profil de risque. »
Il estime qu’un indice dit liquide et sur mesure pour les ETF n’est pas toujours une solution appropriée. « Bon nombre de ce type d’indices conçus uniquement pour les ETF suivent tout simplement l’exemple des cent plus grandes entreprises d’un indice qui en contient un millier. Cela ne fait qu’amplifier le risque. »
Durée
Candriam ne propose pour sa part que cinq ETF qui combinent une approche smart beta et une perspective durable. Bien que l’engouement pour ce type d’ETF soit plus marqué que pour leurs homologues classiques, il reste insignifiant pour la quantité d’actifs en ETF pondérés en fonction de la capitalisation boursière.
Selon Koen Van de Maele, les coûts jouent un rôle majeur dans ce contexte : les ETF qui suivent les indices larges et connus sont bien meilleur marché à l’achat. Outre les inconvénients de ces indices standard, il existe une autre raison pour laquelle Candriam ne propose pas ces ETF généraux : « Nous ne sommes pas en mesure de nous distinguer à ce niveau et ils ne nous apportent qu’une valeur ajoutée minime ainsi qu’à nos clients. »
Parmi les cinq ETF multi-facteurs durables, trois suivent un indice sur actions et deux un indice obligataire. Les ETF en actions européennes et en obligations d’entreprises de la zone euro sont les plus prisés selon lui. « Les premiers parce que les notations à ce niveau sont bonnes et les seconds parce qu’ils sont chers mais relativement sûrs. »
Élimination
En ce qui concerne les ETF classiques, il s’attend du côté de l’offre à ce qu’un nombre croissant d’asset managers mettent leur fournisseur d’indice sous pression ou l’élimine. Une grande partie de la commission va toujours aux fournisseurs d’indices tels que MSCI, FTSE et S&P, qui sont grassement payés pour une branche qui n’est pas toujours fort complexe. Définir les cinq cents principales actions américaines n’est pas très compliqué. »
Les pratiques des grands fournisseurs d’indices suscitent des questions, pense Koen Van de Maele. « La commission est généralement calculée sur la base de la quantité d’actifs sous gestion, mais le travail n’augmente pas vraiment proportionnellement à l’augmentation du patrimoine que cet indice suit. »
Koen Van de Maele estime que les outsiders tels que Morningstar et Solactive peuvent ouvrir le marché. Les acteurs de ce type appliquent dans la plupart des cas un fixed fee, quel que soit le patrimoine géré investi par un gestionnaire de fonds.
La possibilité de créer son propre indice, comme c’est le cas en Amérique, n’est selon lui pas près de se concrétiser en Europe. « La réglementation européenne en la matière est moins large qu’aux États-Unis. Je dois avouer qu’il me paraît plus sain de conserver une distinction entre la composition et le maintien de la performance d’un indice d’une part et la réplication d’autre part. »