Asset allocation spécialiste Nadège Dufossé de Candriam est tactiquement sous-pondérée en actions, elle a expliqué à Investment Officer.
Dufossé: ‹Nous sommes tactiquement sous-pondérés sur les actions, mais reconnaissons une amélioration du ratio risque/rendement
Le marché a fait face à deux imprévus en l’espace de quelques semaines : d’une part, la propagation d’un virus pour lequel les mesures de quarantaine mises en place n’avaient jamais été expérimentées dans l’histoire moderne ; et d’autre part une crise géopolitique majeure autour d’une guerre des prix du pétrole. Ces aspects sont sources de contraintes pour les marchés financiers et laissent peu de possibilités en termes de couverture des risques.
Nous étions surpondérés sur les actions jusqu’à fin janvier et sommes passé à « neutre » le 27 janvier. Nous sommes restés neutres depuis lors et avons mis en place des stratégies de dérivés afin de couvrir nos portefeuilles contre les incertitudes croissantes liées à l’impact et à la propagation du nouveau coronavirus. Nous avions en effet déjà mis en place des stratégies de dérivés pour atténuer l’impact négatif, lors de la chute du marché au cours de la seconde moitié du mois de février 2020. Elles ont joué leur rôle et ont réduit notre exposition aux actions au sein de nos fonds. Depuis lors, nous avons, tactiquement, une légère sous-pondération des actions.›
‹Nous reconnaissons l’amélioration du ratio risque/rendement dans les cours actuels. Après une baisse de 16 % du marché boursier américain et une baisse de plus de 20 % des bourses européennes, nous tablons sur un risque de baisse supplémentaire de 5 à 8 % des marchés des actions. Cela pourrait provenir d’une reprise de la pression à la vente exercée par les fonds d’actions à risque géré (probablement des ventes supplémentaires importantes suite au pic de volatilité de lundi). En outre, la propagation du virus dans d’autres pays et le déploiement de nouvelles mesures de quarantaine dans des grands pays pourraient alimenter l’actualité de manière négative.›
Nous restons donc prudents, mais commencerons à procéder à des achats progressifs à ces niveaux et à des niveaux inférieurs, afin de rester légèrement sous-pondérés sur les actions. Dans notre scénario central, le flux de nouvelles négatives attendues dans les prochaines semaines est déjà partiellement intégré aux cours actuels.
Comment couvrir les portefeuilles dans les circonstances actuelles ?
Dufossé: ‹Le nouvel effondrement du prix du pétrole a eu de graves répercussions autant sur les marchés boursiers que sur les marchés du crédit. Les emprunts d’État contribuent actuellement à atténuer l’impact de la chute des marchés boursiers, les corrélations étant très négatives. La forte baisse des rendements implique que cette couverture « naturelle » sera, à l’avenir, moins efficace pour un portefeuille équilibré. Nous diversifions donc nos couvertures à d’autres catégories d’actifs, comme l’or et le yen japonais. Nous restons neutres sur la parité euro/dollar dans les fonds diversifiés.
Nous observons aujourd’hui deux risques-clés qui pourraient amener le marché à intégrer un scénario plus négatif et à chuter au-delà des pronostics actuels. Nous continuerons tout d’abord à suivre la propagation du virus et les taux de mortalité dans les différentes régions concernées. Il est certain que toute nouvelle augmentation du nombre de cas en Chine et/ou épidémie qui s’achèverait à l’automne ou bien plus tard pourrait avoir un impact conséquent sur l’économie et la confiance des investisseurs. Un deuxième risque est apparu en fin de semaine avec la guerre des prix du pétrole. Celle-ci est susceptible de présenter des risques financiers/de liquidité, ainsi que des dislocations de prix plus graves sur les marchés. Néanmoins, nous nous attendons à ce que les interventions des banques centrales nous permettent d’éviter un risque financier/de liquidité dans le contexte actuel.›