Thomas van Craen, Triodos Bank
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À la Banque Triodos Belgique, on constate que de plus en plus d’investisseurs souhaitent également générer un impact positif, c’est pourquoi la banque travaille sur une application offrant aux épargnants et aux investisseurs un aperçu personnalisé de l’impact de leur portefeuille.

« Nous sommes confrontés à de très grands défis. Et en même temps, le marché offre de nombreuses opportunités. Réunir ces deux éléments constitue un puzzle intéressant », déclare Thomas Van Craen, CEO de la Banque Triodos Belgique. « En raison de la crise du coronavirus, la durabilité figure en tête de liste des priorités.

La population attend des actions pour lutter contre le réchauffement climatique, créer une société inclusive et rétablir l’équilibre de la nature. En ce sens, la Banque Triodos est plus pertinente que jamais. Mais en même temps, nous sommes actuellement confrontés à une nouvelle crise avec la guerre en Ukraine. Chacun ressent les effets d’un marché perturbé et d’une inflation croissante. C’est un nouveau défi commercial. »

N’y a-t-il pas un risque que l’attention portée à la durabilité soit éclipsée à mesure que les préoccupations économiques s’intensifient ?

« Je constate que les citoyens et les consommateurs effectuent des choix beaucoup plus conscients quant à la banque à laquelle ils confient leur argent ou aux fonds de placement dans lesquels ils investissent. Ce changement de mentalité est amorcé et je ne le vois pas disparaître. Car soyons clairs : la planète ne se soucie pas de savoir qu’une guerre fait rage. 2050 est la date butoir pour devenir climatiquement neutre. Ce délai ne sera pas reporté parce qu’il nous convient moins bien aujourd’hui. C’est précisément pourquoi nous devons profiter d’une crise comme celle-ci pour réduire encore plus rapidement que prévu notre dépendance aux sources d’énergie fossiles. »

Les investisseurs s’inquiètent-ils encore à propos du rendement des investissements durables ?

« Il y a cinq ans, je devais non seulement expliquer ce que signifiait l’investissement durable, mais aussi démonter le mythe selon lequel l’investissement durable se faisait au détriment du rendement. Cette époque est révolue. Il existe de nombreuses (méta-)études qui montrent que les investissements durables peuvent fournir au moins un rendement similaire, voire supérieur. Je remarque même qu’une nouvelle évolution est en marche : nous constatons que de plus en plus de personnes veulent avant tout obtenir un rendement social, même si cela se fait au détriment du rendement financier. La recherche du rendement financier s’équilibre de plus en plus avec la réalisation de l’impact, ce qui me rend très enthousiaste. »

Ne sommes-nous pas en train d’exagérer l’impact d’un investissement financier dans un fonds durable ?

« Le secteur financier joue un rôle crucial dans la transition vers la durabilité. Parce que nous gérons les flux de capitaux. En finançant une entreprise, nous pouvons accélérer le changement. En refusant un financement, nous pouvons empêcher une activité nuisible de se développer davantage. Dans le même temps, nous devons également être conscients du fait qu’un investissement dans un fonds détenant un label de durabilité n’a pas par définition un impact positif. Un fonds ESG qui exclut des entreprises sur la base de critères ESG sera plus susceptible de gérer les risques que de susciter un réel changement. C’est pourquoi il est important de regarder au-delà des labels et d’évaluer également la stratégie d’investissement réelle d’un fonds donné. Pour avoir un véritable impact, nous devons sortir des stratégies d’investissement passives. »

N’est-ce pas paradoxal : les investisseurs veulent générer un impact, mais en Belgique, les véritables fonds d’impact ne sont pas accessibles aux investisseurs privés.

« Les fonds d’investissement alternatifs qui investissent directement dans des projets d’énergie renouvelable, par exemple, ne peuvent pas être proposés aux investisseurs privés de manière standard en raison de leur liquidité plus limitée. La réglementation belge en la matière est très stricte. Pourtant, il devrait y avoir de la place pour ce type d’investissements dans un portefeuille diversifié. Les Pays-Bas sont beaucoup plus souples à cet égard. Mais cela ne signifie pas que les investisseurs privés ne peuvent pas avoir un impact réel. Outre les fonds d’impact traditionnels, on assiste à l’émergence d’autres fonds qui investissent dans des entreprises cotées en bourse contribuant à relever des défis très spécifiques. Cela aussi génère un impact. »

Dans quelle mesure les investisseurs ont-ils une vision de l’impact généré par  leur investissement ?

« Nous sommes constamment à la recherche de manières de rendre cet impact visible. Nous avons le devoir d’être transparents à ce sujet. Notre site web et notre rapport annuel contiennent déjà de nombreuses informations concernant les projets que nous finançons et l’intensité carbone de nos crédits. Nous publions déjà des données d’impact concernant les émissions de CO2, la consommation d’eau et la production de déchets pour un certain nombre de fonds d’impact Triodos. L’objectif est de le faire pour tous les fonds Triodos. La prochaine étape sera le lancement d’une application d’impact, qui nous permettra de montrer à nos épargnants et nos investisseurs l’impact personnalisé de leurs propres produits d’investissement et d’épargne. »

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