CIO debat Brussel 2025
CIO Debat Brussel 2025

En cette période d’imprévisibilité des marchés boursiers, la diversification des risques est encore plus importante que jamais. C’est le message qui est revenu le plus souvent dans le débat entre les stratèges en investissement lors du Portfolio Day, qui se tenait mercredi à Bruxelles.

Les marchés boursiers traversent une période sans précédent : après le plus fort plongeon du Nasdaq en avril, la hausse de mai a été sans précédent. Ces énormes fluctuations sont bien sûr directement liées à la communication erratique de la Maison-Blanche, qui souffle le chaud et le froid sur les tarifs douaniers. 

Valeur intrinsèque

« Tout ce qui a de la valeur est vulnérable », a déclaré la modératrice Hanne Decoutere en ouvrant le débat par une citation du poète néerlandais Lucebert.

Même dans un tel chaos boursier, il existe des opportunités d’achat, a souligné Riet Vijgen, gestionnaire de portefeuille chez Leo Stevens Private Banking. « Les cours des actions ont subi les répercussions d’une énorme panique en avril et tout a été mis dans le même sac. Les cours ont commencé à vivre leur propre vue et la vulnérabilité s’est installée. Mais cela ne signifie pas que la valeur intrinsèque de chaque action est également vulnérable. Cela a créé des opportunités. Il s’agissait de savoir quelles entreprises présentaient le plus grand écart entre le cours de l’action et la valeur intrinsèque. »

Selon Richard de Groot, qui dirige le Global Investment Centre au sein d’ABN Amro, il n’y a pas eu de panique générale parmi les clients. « Personne n’a dit : on arrête. Certains clients ont même investi davantage. Un autre groupe attend sur le banc de touche. […] La chose la plus importante que vous devez faire, en tant que banque, en période de turbulences du marché boursier, est de communiquer beaucoup avec les clients, a-t-il indiqué, par exemple par le biais d’analyses et de podcasts : lorsque les clients voient que vous maîtrisez la situation, c’est déjà rassurant. »

En quête de tampons

Pour Luc Vanbriel, directeur général des fonds de pension chez KBC, en termes d’allocation stratégique d’actifs, la diversification est devenue encore plus importante qu’elle ne l’était déjà, et pas seulement en ce qui concerne la Bourse. 

« Ce qui manque dans les fonds de pension belges, par exemple, c’est une allocation à l’immobilier non coté ou à l’infrastructure non cotée. Cela peut parfois être difficile à réaliser de manière diversifiée au sein d’un portefeuille limité. Mais ce sont des thèmes qui, en cas de difficultés sur les marchés des actions, peuvent servir de tampon dans un contexte plus large. »

« La diversification est en effet le maître mot, surtout dans ces circonstances où nous ne savons pas ce qui va se passer », a confirmé Wim Vermeir, CIO d’AG Insurance, qui jouait à domicile, sur la scène de l’AG Campus. « Je pense que les marchés sont un peu trop optimistes aujourd’hui. Par conséquent, je n’investirais pas non plus entièrement dans des actions. La diversification semble être une bonne solution dans tous les cas de figure. »

Plus de certitudes

La seule certitude est que l’incertitude ne disparaîtra pas, tel était le message du panel de CIO. « Ce qui était considéré comme sans risque il y a dix ans l’est moins aujourd’hui », déclare M. Vanbriel, faisant référence à la forte volatilité des obligations d’État allemandes. « Les fondations tremblent. C’est ainsi que le dollar en tant que monnaie mondiale est remis en question. D’un point de vue stratégique, vous devrez réfléchir attentivement à ce qui constitue un actif sûr. Sur le plan tactique à court terme, je pense qu’il est difficile de prévoir la volatilité actuelle. »

« J’entends des gens dire : ce qui était sans risque il y a dix ans est différent aujourd’hui. Je dirais même : ce qui était sans risque il y a un mois peut être différent aujourd’hui », ajoute Richard de Groot. « Cependant, nous ne devons pas être trop pessimistes. La volatilité crée aussi des opportunités. »

« Nous devons tenter de voir clair malgré les turbulences. Il faut bien tenir sa trajectoire », a ajouté Riet Vijgen.

En termes de conditions économiques également, Wim Vermeir met en garde contre un pessimisme excessif, malgré l’agitation autour des droits de douane : « nous ne sommes pas dans un scénario catastrophe. »

L’Europe… ou l’Amérique ?

La question de savoir si les actions européennes ou américaines constituent le meilleur investissement à long terme reste ouverte. Récemment, le sentiment s’est retourné en faveur des pays européens. « La fin de l’exceptionnalisme américain pourrait être l’occasion pour l’Europe de commencer à assurer sa propre innovation et de construire son indépendance », a affirmé Riet Vijgen.

Mais M. Vermeir émet quelques réserves à ce sujet. « Les entreprises technologiques américaines restent leaders dans le domaine de l’IA, qui pourrait être le moteur de la croissance dans les années à venir. Il est certain qu’à long terme, l’Amérique, avec ses entreprises technologiques innovantes, est beaucoup plus compétitive. »

Le Portfolio Day, c’est aussi :

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