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Les premiers résultats trimestriels aux États-Unis ont été publiés la semaine dernière. Traditionnellement, les grandes banques ouvrent le bal. Cette fois-ci, avec des chiffres décevants et des prévisions manquantes pour le deuxième trimestre. Conséquence : les analystes font face à un trou noir d’ignorance. 

La plus grande banque des États-Unis, JPMorgan Chase, s’est avérée loin de répondre aux attentes des analystes, et présentait même l’écart le plus important depuis celui de 2009. Wells Fargo, Bank of America et Morgan Stanley ont également affiché des résultats décevants. L’indice KBW Banks a perdu 14 % de sa valeur entre lundi et jeudi, pour finalement clôturer la semaine avec une perte de 8,7 %.

Les analystes soulignent que si les entreprises des secteurs de la consommation et de l’industrie affichent des bénéfices proportionnellement faibles, une nouvelle correction des marchés boursiers est envisageable. Pour l’instant, les principaux indices américains - S&P, Dow Jones Industrial et Nasdaq - résistent très bien. Par exemple, le ‘forward price to earnings ratio’ est revenu au niveau de janvier, lorsqu’il n’était pas encore question de la tourmente relative au coronavirus. 

Les grands investisseurs professionnels s’intéressent également au secteur de la santé, qui devrait bénéficier de la découverte d’un vaccin contre le coronavirus. Ils espèrent de nouvelles opportunités d’investissement par le biais du ‘mispricing’.

Black hole 

D’autres, comme Lee Spelman, responsable des actions américaines chez JPMorgan Asset Management, sont sceptiques. Il déclare au FT qu’il a déjà traversé de nombreuses crises dans sa vie, mais jamais une dans laquelle l’économie se soit arrêtée et où il soit question de trou noir dans les chiffres des bénéfices et des flux de trésorerie.

Avec ce ‘trou noir’, Spelman fait référence au fait que la plupart des hauts dirigeants des entreprises cotées en bourse ne veulent pas publier de prévisions pour le deuxième trimestre de cette année. En effet, les grandes banques d’affaires s’attendent à une contraction de l’économie américaine pouvant atteindre 40 %. 

Actuellement, les analystes se penchent principalement sur l’accès aux lignes de crédit bancaires qu’auront encore les entreprises, et sur qui entre en ligne de compte pour les 2000 milliards de dollars mis à disposition par la Réserve fédérale américaine et le gouvernement, notamment pour le secteur des entreprises. Selon Refinitiv, les analystes s’attendent à ce que le bénéfice moyen par action au premier trimestre de cette année soit de 15 % inférieur à celui de la même période l’année dernière, et de 10 % inférieur sur base annuelle. 

Augmentation des réserves des banques de dépôt 

Par exemple, les chiffres trimestriels de six banques américaines qui viennent d’être publiés montrent que les provisions sur les prêts en cours ont augmenté pour atteindre plus de 25 milliards de dollars au premier trimestre. Ce montant supplémentaire est ajouté aux réserves existantes. Il est difficile de comparer ces provisions sur crédit avec la situation l’année dernière, car l’autorité de régulation a modifié les règles à compter de cette année. Certains analystes ont même émis un conseil d’achat aux banques américaines après les chutes de cours de la semaine dernière, car le secteur aurait été trop pénalisé. 

Pour le S&P, cet indice se négocie actuellement à 19 fois le bénéfice attendu - ce qui est un chiffre élevé, compte tenu de la situation économique aux États-Unis. Les analystes ont également des doutes concernant la durabilité de la reprise du S&P, d’environ 30 % depuis son point bas du 23 mars.

Dans le même temps, les prévisions de bénéfices des analystes pour le S&P ont été revues à la baisse, à 16 %. D’autres ajustements sont provisoirement en attente parce que les entreprises ne veulent rien dire concernant leurs prévisions de chiffre d’affaires et de bénéfices, de sorte qu’il n’apparaît pas clairement si le marché et les entreprises sont toujours en phase. 

Goldman: risque de rechute

Goldman Sachs a averti la semaine dernière que les actions ont monté trop vite et qu’il y a un risque de rechute. Dans le même temps, la banque d’affaires estime cependant que le plancher a été atteint le 23 mars, ce qui sera le cas si la reprise en V attendue de l’économie a lieu au second semestre.

Récemment, plus de dix banques aux États-Unis ont tablé sur un important ralentissement de l’économie au deuxième trimestre, suivi d’une forte reprise au troisième et au quatrième trimestre. Pour l’ensemble de l’année, Goldman prévoit une contraction de l’économie américaine de plus de 6 %.

Selon Peter Oppenheimer, responsable de la stratégie actions chez Goldman Sachs, l’écart entre la réaction des marchés et celle de l’économie et de la société - avec 20 millions de demandes d’allocations chômage en seulement 4 semaines - s’explique principalement par le fait que la Réserve fédérale a apporté une aide sans précédent, alors que jusqu’au début de l’épidémie, l’économie était solide, avec un taux de chômage inférieur à 3 %. 

À plus long terme, la banque recherche des gagnants ayant un flux de trésorerie stable et un bilan solide. Selon Goldman, les entreprises technologiques, comme Amazon et Microsoft, devraient pouvoir bénéficier d’un passage accéléré des entreprises aux applications cloud.

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