Les spécialistes de Degroof Petercam s’attendent à une modération du cycle de normalisation de la politique monétaire américaine dès le premier trimestre 2019. Avec un dollar qui se stabilisera, les marchés émergents devraient commencer à afficher des performances plus intéressantes. Les troubles politiques en Europe risquent de limiter le potentiel boursier sur les marchés continentaux.
Hans Bevers (Chief economist chez Degroof Petercam) s’attend à un ralentissement de la croissance américaine dans le courant de l’année prochaine, à mesure que les effets du plan Trump cesseront d’avoir un impact sur l’économie.
« La modération des prix immobilier aux Etats-Unis n’est à ce titre pas étonnante au vu de la progression des taux obligataires », et il estime en conséquence que la Réserve Fédérale pourrait arrêter son programme de normalisation d’ici la fin du premier trimestre. Avec un dollar qui pourrait dès lors se tasser et un contexte qui deviendrait plus favorable pour certaines classes d’actifs, comme l’or ou les actifs émergents.
Risque baissier
Hans Bevers s’attend également à ce que la croissance chinoise ralentisse sous les 6% en 2019, au vu des tendances actuelles sur l’activité économique et sur le marché du crédit. « Les incertitudes sur le commerce international auront également un impact, même si celui-ci a été relativement modéré jusqu’ici ». Enfin, l’Europe sera également affectée par le commerce international ainsi que par les incertitudes politiques dans différents pays de la zone euro.
« Le risque est désormais plus grand que la normalisation de la politique monétaire européenne ne se produise pas en 2019 », indique encore Hans Bevers.
Il s’attend à des chiffres de 2,2% pour la croissance américaine en 2019, contre 5,7% en Chine et 1,4% en Europe, mais avec des risques largement baissiers sur les attentes pour les prochains trimestres. « Les risques d’une récession semblent toutefois aujourd’hui plus pointer vers 2020 que vers 2019 ».
Relance keynésienne ?
Bruno Colmant, head of macro research, souligne pour sa part que la direction prise par la France va rendre plus difficile la position de la Commission Européenne par rapport au budget italien. « Avec un déficit budgétaire français qui devrait désormais dépasser les 3% pour les prochaines années, il devient difficile d’exiger que le déficit italien ne puisse pas dépasser ce seuil ». Il souligne que les risques resteront essentiellement politiques sur le Vieux Continent, avec une perte des repères pour le couple franco-allemand.
Cette incertitude politique se produira en outre au même moment où toutes les instances dirigeantes européennes sont appelées à être remplacée durant l’année prochaine. « En cas de changement de cycle, la marge de manœuvre pour stimuler l’activité sera faible au niveau de la politique monétaire », indique encore Bruno Colmant. « Un politique budgétaire plus keynésienne serait une solution, mais se heurtera à l’opposition de l’Allemagne ».
Huit convictions
Jérôme van der Bruggen (Head of investments & strategy private banking) indique que la stratégie d’investissement sera axée sur huit grandes convictions.
1) La volatilité restera importante, ce qui fournira des opportunités dans un contexte de ralentissement sans récession.
2) La croissance des résultats va ralentir mais restera positive, avec des niveaux qui resteront assez semblables dans toutes les régions (autour de 9% en rythme annuel).
3) La politique monétaire va arrêter son processus de normalisation, les banques centrales se montrant plus pragmatiques.
4) La progression du dollar va s’arrêter.
5) Les marchés émergents vont se stabiliser tandis que la Chine pourrait relever le soutien à son économie.
6) Les marchés européens resteront difficiles, mais « beaucoup de facteurs négatifs sont déjà incorporés dans la valorisation, vers des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis longtemps ».
7) L’or reste un bon absorbeur de chocs externes, et le métal jaune continue d’avoir sa place dans un portefeuille équilibré.
8) Le pétrole devrait se stabiliser autour des niveaux actuels.
Value
Pour les portefeuilles diversifiés, Jean-Marc Turin (Responsable gestion Global Strategy) prône une construction « robuste et capable d’encaisser les coups négatifs », avec une exposition sur les marchés européens qui a été diminuée durant le deuxième semestre 2018 au profit des marchés émergents.
« Nous sommes plus prudents sur les marchés boursiers, mais cette classe d’actifs reste une part importante de notre allocation à l’heure ou les rendements boursiers restent encore significativement plus élevés que les taux obligataires, avec un biais value et grande diversification sur les grandes classes d’actifs».
Alors que les risques ne sont pas négligeables sur le crédit, le portefeuille obligataire est positionné sur la dette souveraine avec des durations courtes afin d’offrir une bonne capacité de résistance dans un contexte qui devrait rester difficile.