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Pourquoi la Belgique est-elle aussi riche et comment fait-elle pour rester riche, prospère et pacifique ? Tel est l’un des quatre thèmes abordés par les économistes de Degroof Petercam dans un ouvrage qui vient d’être publié sur les défis économiques du pays. 

Les historiens et autres scientifiques se demandent depuis des années pourquoi certains pays sont riches et d’autres pauvres. C’est peut-être la question la plus importante de la science économique, écrit l’économiste Michiel Verstrepen de Degroof Petercam dans son article. 

Conservatisme catholique

Certains économistes expliquent la distinction entre pays riches et pays pauvres par des raisons géographiques, comme le climat et la localisation, mais cette opinion n’est pas convaincante. Il en va de même pour la religion et la culture en tant qu’explications populaires, ainsi que l’indiquait le sociologue Max Weber, qui affirmait que l’éthique protestante du travail expliquait le succès du capitalisme.

Cependant, les économistes de Degroof Petercam n’en sont pas davantage convaincus. En effet, le conservatisme catholique qui régnait dans nos régions ainsi qu’en France n’a pas été un obstacle insurmontable à la révolution industrielle et la richesse qui allait de pair.
 
C’est dans le travail de Daron Acemoğlu et James Robinson que les économistes de la banque cherchent une explication au succès et à la richesse de pays comme la Belgique. Ces deux économistes expliquent les différences entre pays riches et pauvres par la présence d’institutions, une déclaration que les auteurs du livre vérifient à l’aune de la Belgique.

Institutions inclusives 

« Pouvons-nous réduire la richesse de la Belgique d’aujourd’hui à des développements institutionnels historiques ? Comme nous le verrons, l’hypothèse institutionnelle est extrêmement puissante et multiforme », écrivent les auteurs. Il est question « d’institutions inclusives lorsqu’il s’agit d’un système politique qui n’exclut ni n’exploite personne, ainsi que d’une économie qui protège les biens et les investissements, encourage l’innovation et offre des opportunités à tous. » 

D’autre part, il existe des ‘institutions extractives’, qui entravent ou empêchent l’innovation, la concurrence ou l’égalité des chances. Les institutions inclusives génèrent la prospérité à long terme, et les institutions extractives, la pauvreté. Ces dernières institutions peuvent créer de grandes richesses, mais sont vouées à l’effondrement, estiment les économistes de Degroof Petercam. D’autre part, les institutions inclusives sont source de ‘destruction créative’ et donc, d’innovation.

La révolution belge en tant que terreau fertile 

De l’avis des auteurs de l’ouvrage, la Belgique est sans aucun doute un pays qui a bâti sa prospérité et son succès sur l’inclusion. Ainsi, la révolution industrielle en Belgique a réellement commencé à l’époque française et néerlandaise. Avec sa politique industrielle, Guillaume Ier d’Orange a joué un rôle important à cet égard. Mais il y avait aussi de nombreux aspects extractifs, comme la répression politique, qui ont finalement contribué à la révolution belge et à l’indépendance de 1830, menée par les catholiques et les libéraux qui s’étaient trouvés dans leur lutte pour la liberté. 

Ils ont ainsi créé une société de libertés civiles, un parlement représentant la nation et des tribunaux indépendants. La séparation des pouvoirs était un nouveau jalon pour l’inclusion politique. 
En 2019, la question des institutions inclusives et extractives figure à nouveau en tête de l’ordre du jour, parce que la Chine, en tant qu’exemple de pays dirigé par des institutions extractives, est un pays qui réussit très bien. Daron Acemoğlu et James Robinson ne croient cependant pas que cela soit durable à long terme. Des institutions inclusives sont nécessaires à une prospérité durable.

Clientélisme en Belgique

Degroof Petercam voit cependant des défis dans la Belgique contemporaine, ainsi que le montrent clairement les déficits budgétaires qu’on tente d’inverser en luttant contre les symptômes. « Le problème est en effet l’existence d’une forme de clientélisme au sein du gouvernement. L’intérêt collectif est donc subordonné à des intérêts individuels », déclarent les auteurs de Degroof Petercam dans le livre.

L’ouvrage, qui peut être téléchargé ici, traite des fondements de la richesse belge, de la question de la mondialisation et des attentes actuelles en matière de commerce mondial, des nombreuses formes de monnaie et des différents rôles que l’agent peut jouer, ainsi que des défis auxquels sont confrontées l’Europe et la zone euro.

 

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