La richesse mondiale liée à l’art et aux objets de collection devrait augmenter de près d’un tiers pour atteindre 2 861 milliards de dollars d’ici 2026, contre 2 174 milliards en 2022, selon le Deloitte Luxembourg Art & Finance Report 2023.
Cette augmentation souligne l’importance croissante de l’art dans le secteur de la gestion de patrimoine, portée par le nombre croissant d’Ultra-High Net Worth Individuals, ou UHNWI, et leurs investissements de plus en plus importants dans l’art et les objets de collection.
Le rapport est une étude complète de 438 pages qui intègre les points de vue de 55 experts et les commentaires de 435 acteurs des secteurs de l’art et de la finance. Il révèle que 63 % des gestionnaires de patrimoine interrogés incluent désormais l’art dans leurs offres, ce qui indique un changement significatif dans la gestion et la perception des actifs liés à l’art.
«Nous avons observé une transformation encourageante dans le secteur de la gestion de patrimoine», a déclaré Adriano Picinati di Torcello, coordinateur mondial pour l’art et la finance chez Deloitte, dans un communiqué de presse. «La reconnaissance croissante de l’importance du secteur est un signe positif vers une approche plus inclusive, durable et ambitieuse des arts et de la culture».
Le marché de l’art vulnérable
La valeur de l’art dans la gestion du patrimoine est également reconnue par les criminels et les blanchisseurs d’argent. En février, le Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux (GAFI), le principal organisme mondial de lutte contre le blanchiment d’argent, a averti que le marché de l’art était devenu vulnérable au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Il a appelé les marchands d’art et les gouvernements à redoubler d’efforts pour lutter contre le financement illicite sur ces marchés.
Le rapport du GAFI, qui comprend un certain nombre d’études de cas luxembourgeoises, souligne la nécessité pour les professionnels du marché de l’art de renforcer leurs mesures de vigilance à l’égard de la clientèle et de lutte contre le blanchiment de capitaux, et d’effectuer davantage de déclarations de transactions suspectes. Il a également noté que les marchands d’art aux États-Unis et dans l’Union européenne tombent de plus en plus sous le coup des cadres juridiques de lutte contre le blanchiment d’argent.
Le rapport Deloitte reconnaît que la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment d’argent est de plus en plus stricte, mais note que l’adoption d’une plus grande transparence et d’une réglementation plus stricte «ne se fait pas assez rapidement». Il souligne en particulier que le développement de la technologie et l’application accrue de la «propriété fractionnée» sur le marché de l’art sont des facteurs qui stimulent la croissance globale du marché.
Le respect des exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de connaissance du client (KYC) est considéré comme un «obstacle à la croissance» lorsqu’il s’agit d’intégrer l’art dans la gestion de patrimoine, conclut Deloitte. «Les récents développements concernant la réglementation AML et le rôle de la technologie sont susceptibles d’avoir joué un rôle positif dans l’évolution des perceptions des gestionnaires de patrimoine.
En plus de fournir des informations sur le secteur, Deloitte, en tant que cabinet de conseil, propose également aux acteurs du secteur des services qui leur permettent d’externaliser leurs activités de conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de connaissance du client. Ces services sont également présentés dans le rapport.
Essentiel à la gestion de patrimoine
Dans l’ensemble, Deloitte constate un changement substantiel dans l’attitude des parties prenantes à l’égard de l’art et des objets de collection dans les services de gestion de patrimoine. Actuellement, 89 % des parties prenantes les considèrent comme essentiels à la gestion de patrimoine, contre 65 % en 2011. Ce changement est attribué à une reconnaissance croissante des attributs financiers des œuvres d’art et des objets de collection de luxe, ainsi qu’à une tendance vers des stratégies de gestion de patrimoine plus holistiques.
Un aspect crucial du rapport est l’accent mis sur le transfert de patrimoine générationnel, soulignant la nécessité de comprendre les diverses préférences des différentes générations, en particulier celles des collectionneurs de la NextGen. Ces jeunes collectionneurs redessinent l’avenir des industries de l’art et de la gestion de patrimoine, avec un fort penchant pour l’investissement à impact social dans l’art et la culture, a observé Deloitte.
Prêts garantis par l’art
En ce qui concerne les prêts garantis par l’art, le rapport prévoit une croissance de ce marché en 2023, malgré la hausse des taux d’intérêt, l’Asie et l’Europe étant identifiées comme des marchés stratégiques émergents. Le rapport souligne également le rôle de l’art comme couverture partielle en période d’incertitude et met en évidence l’intérêt croissant pour les modèles de propriété fractionnée, en particulier chez les jeunes collectionneurs.
Les prêts garantis par l’art pourraient devenir un marché de 29 milliards de dollars d’ici à la fin de 2023. L’Asie et l’Europe sont devenues des marchés stratégiques pour ces activités. Quelque 39 % des prêteurs garantis ont déclaré que l’Asie, et Hong Kong en particulier, serait un marché de croissance stratégique, contre 10 % en 2021.
L’Europe est considérée comme un marché inexploité pour les prêts garantis par des œuvres d’art, 78 % des prêteurs y voyant une opportunité, contre 70 % en 2021.