« Les investisseurs veulent être rapidement informés de tout ce qui se passe sur les marchés financiers et de l’impact de ces événements sur leurs propres fonds d’investissement », selon le gestionnaire d’actifs Schroders. Des règles belges strictes en matière de communication financière compliquent cependant les choses.
Il est difficile de convaincre les épargnants belges d’investir davantage. Bien que, pour 54 pour cent des Belges, les fonds soient considérés comme une alternative intéressante aux livrets d’épargne, seuls 28 pour cent d’entre eux indiquent effectivement souhaiter investir dans ces fonds. Les plus ouverts à cet égard sont les jeunes : 41 pour cent des 18 à 34 ans souhaitent investir dans des fonds.
D’autre part, il apparaît que 70 pour cent des 21 à 70 ans dans notre pays utilisent toujours leur compte d’épargne comme principal moyen d’investissement. C’est ce qu’indiquent les résultats du Schroders Belgian Investor Survey, mené auprès de 1 000 Belges.
Les règles du marketing
Outre la situation économique incertaine, le manque d’informations constitue un obstacle important aux investissements. Ainsi, 40 pour cent des Wallons et 32 pour cent des Flamands ont le sentiment d’être insuffisamment informés aujourd’hui en matière d’investissements pour se faire une opinion. « Les gens cherchent des informations sur ce que contiennent leurs fonds d’investissement et, si quelque chose se produit sur les marchés financiers, ils souhaitent être rapidement informés au sujet des fonds dans lesquels ils investissent.
Mais c’est précisément cela qui est plus difficile en Belgique que dans d’autres pays », précise Wim Nagler, Sales Director Belgium & Luxembourg Schroders. « En Belgique, la communication concernant un investissement est souvent considérée comme du marketing, et c’est pourquoi beaucoup d’informations doivent préalablement être approuvées par l’autorité de supervision financière. Cela complique les choses pour un gestionnaire de fonds qui souhaite donner sa vision des conséquences des évolutions du marché pour un fonds spécifique et empêche de réagir rapidement. Les choses peuvent ainsi parfois prendre beaucoup de temps, alors que les investisseurs d’aujourd’hui attendent des informations rapides et détaillées. »
C’est pourquoi les gestionnaires d’actifs font souvent le choix d’une communication très généraliste, sans mentionner de fonds spécifiques. Dans ce cas, en effet, aucune autorisation préalable n’est requise. Si les marchés financiers connaissent des turbulences, les investisseurs veulent savoir quelles actions vont entreprendre les gestionnaires de leurs fonds. Mais du fait des règles belges actuelles, très strictes, en matière de communication financière, il est très difficile de réagir rapidement et de donner des informations concrètes. « Notre étude a révélé que les investisseurs percevaient ce point comme l’un des principaux obstacles à l’investissement », déplore Nagler.
Une communication moins ‹macho’
Historiquement, ce sont essentiellement les hommes qui gèrent les finances au sein du ménage. Mais cela n’est plus vrai aujourd’hui. De plus en plus de femmes se sentent à l’aise avec les investissements. Ainsi, 28 pour cent des femmes interrogées indiquent qu’il est certain ou probable qu’elles investissent dans des fonds au cours des 12 prochains mois, soit le même pourcentage que parmi les hommes interrogés.
Nagler : « Ceci vaut également pour la communication. Les études nous apprennent que la communication au sein du secteur financier est très masculine, très ‹macho›. Un langage relativement dur est souvent employé, on parle souvent de gagnants et de perdants et on met généralement l’accent sur la performance. Ce n’est pas ainsi que les femmes souhaitent être informées. Elles sont bien plus focalisées sur le long terme et sur l’impact social de leurs investissements. Avec autant de femmes que d’hommes qui désirent investir, le secteur financier doit donc adapter sa façon de communiquer. »