Quirien Lemey, DMPAM
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La journée de mercredi a été marquée par l’annonce de la fusion de Livongo Health et Teladoc, deux entreprises américaines spécialisées en télémédecine. Cette opération intervient après une hausse fulgurante de la bourse ces derniers mois. Peut-on parler d’un domaine qui n’a pas encore épuisé tout son potentiel ?

Quirien Lemey, CFA, (photo) cogérant du fonds DPAM Invest B Equities NewGems Sustainable avec Alexander Roose, Tom Demaecker et Dries Dury, CFA, en est convaincu : « Ces entreprises suivent une tendance structurellement positive et continueront à prospérer durant une éventuelle deuxième voire troisième vague de coronavirus. »

D’un point de vue macroéconomique, le fait qu’il soit question ou non de reprise en forme de V n’a que peu d’importance pour M. Lemey : « De nombreuses entreprises disruptives sont passées à la vitesse supérieure ces derniers mois. Nous continuons tout simplement à y injecter de l’argent, comme nous le faisions d’ailleurs déjà bien avant l’épidémie de Covid-19. Bon nombre d’entre elles ont engrangé d’excellents résultats. Livongo en est un bon exemple avec une hausse de cours de 500 % depuis le creux survenu au mois de mars. 

Ces deux dernières semaines, nous avons doucement commencé à vendre, car l’appréciation a connu une ascension fulgurante. L’action a également été très prisée par les spéculateurs de Robinhood à l’appétit insatiable. Indépendamment de cela, nous restons très optimistes quant à ce domaine et aux fondamentaux de l’entreprise. Nous restons donc actionnaires à long terme. Teladoc a pu payer en actions, et ce grâce à leur forte croissance. La fusion n’aurait jamais vu le jour avec des espèces. »

Domaine prometteur

M. Lemey souligne que, même après cette fusion, la télémédecine reste un domaine très prometteur pour un investisseur en actions au profil disruptif et qui vise la durabilité : « Ce domaine n’a pas besoin du COVID-19 pour continuer à croître. Le suivi à distance de maladies chroniques, comme le fait Livongo, est rentable et représente un service utile et agréable pour le patient. Chaque individu peut bénéficier d’une aide ainsi que d’informations spécialisées et personnalisées. En outre, Teledoc connaît une forte croissance de son chiffre d’affaires et du nombre de ses abonnés. Supposons que vous souffriez d’un trouble psychologique : pourquoi iriez-vous vous asseoir dans la salle d’attente d’un psychologue ? 

Vous pouvez suivre une thérapie en ligne. Le principe reste identique pour une grippe, par exemple : il n’est plus nécessaire de patienter dans le cabinet d’un généraliste et de risquer de contaminer d’autres personnes. Si les deux entreprises sont leaders dans leurs domaines respectifs, prévoir les synergies de revenus reste une tâche ardue. Le taux de chevauchement de clients entre les deux sociétés est toutefois très faible : seulement 25 %. »

Un top 10 non représentatif

En observant la manière dont ces visions se traduisent dans l’allocation et la construction du portefeuille du fonds, nous remarquons que le top 10 se compose toujours de grands noms tels que Microsoft, Amazon, Apple et Sony. M. Lemey tient néanmoins des propos plus nuancés : « Il faut regarder plus loin que ces mastodontes, car ils biaisent l’image de la provenance réelle de notre alpha. Il s’agit de pondérations considérables du MSCI World, mais nous disposons d’une pondération active plus importante dans quantité de positions plus petites qui représentent 70 à 80 points de base du fonds et composent l’alfa. Des positions comme Teladoc, dans laquelle nous investissons depuis deux ans déjà, font prospérer notre portefeuille. »

Innovation

Quirien Lemey souligne que le fonds n’est pas un fonds à forte croissance : « Nous sommes légèrement plus chers que le marché, mais nos entreprises sont de meilleure qualité. L’innovation est le meilleur moyen d’accélérer la croissance du chiffre d’affaires d’une entreprise. L’innovation et la disruption suivent généralement une courbe dite en S, sur laquelle l’adoption des nouvelles technologies peut aller très vite à un moment donné. L’arrivée d’une nouveauté sur le marché est généralement accueillie avec un trop-plein d’optimisme à court terme qui s’amenuise sur le long terme. »

Performances

Le fonds vise une gestion active et durable, ce qui se traduit par une surperformance significative par rapport au MSCI World. La classe F (capitalisation institutionnelle) a atteint un rendement de + 20,16 % au 4 août 2020 AAJ, tandis que le MSCI World est toujours dans le rouge avec - 4,41 %. Le rendement annuel sur trois ans s’élève à 20 % contre 72,98 % pour le rendement cumulé sur trois ans, ce qui représente une progression de près de 50 % par rapport à l’indice. Les performances et l’accent mis sur les entreprises en croissance ont d’ailleurs permis aux actifs sous gestion de franchir la barre du milliard d’euros, ajoute M. Lemey. 
 

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