Le fonds Exponential Technologies d’Econopolis clôture son premier anniversaire avec une belle performance et de solides entrées. Maintenant que les fondations sont posées, les gestionnaires portent un regard ambitieux vers l’avenir. Ils ont ainsi récemment étendu la distribution du fonds aux Pays-Bas et ont également entamé les premières discussions avec des fonds de pension.
Siddy Jobe (à droite) et Marc Langeveld (à gauche sur la photo) gèrent le fonds en équipe depuis le début. Jobe : « Un an après la constitution, les actifs sous gestion s’élèvent à 84 millions d’euros. Avec un rendement de 35 % sur un an et de 27 % sur l’année en cours, la performance est également au rendez-vous. Il s’agit d’un fonds purement technologique, géré depuis la Belgique et les Pays-Bas. »
Sous-secteurs
Langeveld : « Nous avons 15 sous-secteurs dans le fonds, et les pondérations les plus importantes sont actuellement dans les semi-conducteurs, le gaming, les logiciels et les géants technologiques tels qu’Amazon, Apple, Tencent et Alibaba. En raison des mesures de confinement obligatoires, ‘working from home’ et ‘staying at home’ sont devenus des thèmes majeurs. En effet, des données doivent être stockées dans le cloud, il faut acheter du matériel et ces données doivent également être sécurisées. De plus en plus d’ordinateurs portables sont vendus, ce qui est bon pour les semi-conducteurs. L’ensemble de l’écosystème de l’économie est désormais digitalisé à un rythme accru. En raison de la contraction économique, les banques centrales ont imprimé beaucoup d’argent, qui circule maintenant vers les actifs financiers en raison de la faiblesse des taux d’intérêt. En conséquence, les marchés se sont redressés de plus de 40 % au cours des derniers mois par rapport au point bas de mars. »
Dichotomie
Langeveld souligne la dichotomie qui existe en bourse entre les entreprises technologiques et les autres : « On voit clairement que les entreprises non technologiques sont durement touchées et que la technologie est florissante grâce à des bilans solides et une dette portant peu d’intérêts. Elles peuvent augmenter leurs marges et donc, générer d’importants flux de trésorerie libres et racheter davantage de leurs propres actions. Il existe peu d’alternatives aux entreprises technologiques. Il suffit de regarder Apple qui, bien qu’elle ne connaisse pas une croissance aussi forte en termes de chiffre d’affaires (+11% au deuxième trimestre), a des marges très importantes et des flux de trésorerie libres élevés. Cela leur permet de racheter facilement leurs propres actions. Grâce à une trésorerie nette de 90 milliards de dollars, ils pourront continuer pendant longtemps encore. Nous devons accepter le fait que nous vivons dans un monde sans taux d’intérêts. La contraction économique a été de 8 à 9 % au deuxième trimestre, ce qui signifie que le segment non numérique s’est encore plus fortement réduit. »
Vagues
Jobe souligne que nous avons connu une première vague numérique ces derniers mois. « Nous pensons principalement à l’e-commerce, aux paiements numériques et autres. Nous constatons que cette tendance se poursuit. Les chiffres de juillet confirment que nous restons à un niveau élevé. C’est ce qui ressort des chiffres des États-Unis concernant les acteurs de l’e-commerce et les spécialistes des paiements tels qu’Adyen, PayPal et Square, par exemple. La deuxième vague de numérisation arrive également. Les entreprises se rendent compte qu’elles doivent continuer sur cette voie et passer à la vitesse supérieure en matière de transformation numérique. » Pour Jobe, il est donc logique que la valorisation boursière des entreprises technologiques reflète cette forte croissance du marché adressable. « Prenez Zoom Video, qui était autrefois un simple acteur B2B, mais qui s’étend maintenant de plus en plus au B2C et au C2C. Ils offriront désormais également des services de communication unifiés. Le marché représentait 43 milliards l’année dernière et il est maintenant en pleine expansion. »
Valorisations
Bien entendu, il faut aussi tenir compte des valorisations. Celles-ci ont augmenté pour ce segment, mais Langeveld nuance : « Il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui connaîtront cette année une forte croissance de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices, et donc, de leur flux de trésorerie et de leurs dividendes. Outre les sociétés d’extraction d’or et d’argent, la technologie en fait partie. Tout le monde regarde le rapport cours/bénéfices, mais lorsqu’on considère le rendement du cash-flow libre, celui-ci, qui est de 4 à 6 %, est plus conforme. En outre, la prime de risque sur les actions a historiquement toujours été d’environ 4 %. Les actions ne sont pas encore surévaluées par rapport à d’autres alternatives quand on sait que la prime de risque est actuellement d’environ 6 %. Cela crée un tampon pour d’éventuelles corrections. Nous ne nous trouvons pas dans une bulle, ce qui aurait été différent avec une prime de risque de 2 à 3 %. Dans ce cas, nous aurions dû nous inquiéter. »
Jobe fait référence à une étude récente qui identifie sept critères typiques des bulles :
« Dans le cas du Nasdaq 100, seules 3 des 7 caractéristiques sont présentes : une augmentation de 880 % depuis les creux de 2009, une tendance haussière des prix qui dure depuis 4 ans, et l’écart de la moyenne sur 14 jours par rapport au RSI (indicateur technique de la force relative). Les 4 autres critères n’ont pas encore été atteints, et il n’est donc certainement pas encore question de nouvelle bulle technologique. Le paramètre que j’ai trouvé intéressant est celui qui examine la prime par rapport à la moyenne sur 200 jours. Ce paramètre est lié à la condition de surchauffe. La moyenne sur 200 jours s’élève actuellement à 9150, tandis que l’indice est de 11 400, soit une prime de 24,6 %. Si nous prenons la prime moyenne de 56 %, le Nasdaq 100 devrait s’établir à 14 274. Si nous en étions là aujourd’hui, nous pourrions parler de surchauffe. Comme il s’agit d’une moyenne mobile, il est fort possible qu’à l’avenir, le Nasdaq puisse être supérieur à ces 14 275. Cette donnée objective peut fournir aux personnes une orientation pour relever leur barre psychologique et voir au-delà du récent rallye de la reprise. »
Segments prometteurs
Jobe mentionne deux autres segments qui, selon les gestionnaires, seront intéressants dans un délai de 6 à 9 mois. « La 5G va enfin devenir une réalité pour les consommateurs européens et américains dans les prochains mois, lorsque les opérateurs annonceront la commercialisation de leur tout nouveau réseau. Du point de vue des investissements, c’est une excellente nouvelle, surtout pour les semi-conducteurs qui équipent les stations de base et les smartphones. Les entreprises de fabrication de puces telles que Marvel et Soitec en bénéficieront.
Un deuxième segment en plein essor pour l’automne est celui du gaming. Microsoft a récemment annoncé le lancement de la Xbox Series X pour début novembre, et Sony le fera pour la Playstation 5 dans les prochaines semaines. Les deux consoles coûteront en moyenne 400 à 500 euros. Comme les précédentes éditions datent de 2013, cela déclenchera un véritable cycle de remplacement. Généralement, le lancement de nouvelles consoles va également de pair avec l’annonce de nombreux nouveaux jeux, ce qui est une bonne nouvelle pour les éditeurs de jeux. Cette nouvelle génération de consoles est supérieure à bien des égards, en termes de réactivité et de look & feel, à ses prédécesseurs.
De nombreux fabricants de PC de gaming sont donc obligés d’actualiser leurs produits, ce qui entraîne à son tour un nouveau cycle de remplacement. Autrement dit, les composants des consoles et des PC bénéficieront d’un upgrade. Cela profitera aux acteurs du secteur de la mémoire, tels que Micron Technologies et Nvidia, qui fabrique des composants de mémoire et des processeurs informatiques et graphiques. »