Dans son Sustainable Investing Engagement Report publié tous les trimestres, Fidelity International mesure les progrès accomplis dans ces domaines ainsi que la façon dont les gestionnaires de fonds relèvent ce défi. En effet, il est aujourd’hui important que les gestionnaires de fonds s’engagent, qu’ils soient étroitement impliqués dans les entreprises dans lesquelles ils investissent et qu’ils travaillent avec le management pour apporter des changements positifs dans le domaine de la durabilité.
Aela Cozic, analyste ESG chez Fidelity International, braque les projecteurs sur la façon dont l’engagement du groupe se traduit concrètement. « Entre janvier et mars 2021, nous nous sommes entretenus avec 138 entreprises sur toute une série de thèmes. Dans 30 % des cas, la discussion a porté sur la bonne gouvernance d’entreprise, dans 7 % des cas, sur le changement climatique, la sécurité des données, la cyber-sécurité et les conditions de travail et dans 6 % des cas, sur la gestion de la chaîne d’approvisionnement.
Au total, Fidelity a traité près de 20 points de discussion différents. » Vincent Durel, gestionnaire de fonds European equity strategy chez Fidelity, a fourni des explications plus précises en épinglant les trois thèmes les plus discutés en 2020 pour un fonds durable Fidelity qu’il n’a pas spécifié. « Les gestionnaires et les analystes ont parlé du changement climatique, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de la rémunération du top management dans 40 à 50 % des entreprises de leur univers. »
Interaction
Aela Cozic souligne également que les entreprises européennes sont en avance sur le plan de la notation ESG et de l’ouverture concernant la durabilité et leurs objectifs. « 54 % des entreprises de l’indice MSCI Europe sont classées parmi les précurseurs, alors que ce chiffre n’est que de 30 % pour les entreprises de l’indice MSCI World. Cette avance est due en grande partie à la réglementation. En effet, l’UE et le Royaume-Uni ont annoncé des plans ambitieux pour amener l’économie à des émissions nettes nulles d’ici 2050. »
L’analyste ESG souligne que chaque contact interactif avec une entreprise est différent et qu’on peut identifier trois groupes principaux dans l’univers. « Tout d’abord, il y a les starters, principalement des petites capitalisations, qui ne fournissent que des informations limitées au niveau de l’ESG.
Nous essayons de les inciter à être plus ouvertes, surtout si l’impact de leur activité est positif. Ensuite, il y a le groupe intermédiaire, composé d’entreprises dont les activités ne comportent que des risques ESG limités. Nous voulons faire en sorte qu’elles intègrent mieux la durabilité dans leurs produits ou services. Enfin, dans la catégorie avancée, nous trouvons des entreprises qui prennent l’initiative en matière de durabilité. Nous encourageons particulièrement ce groupe à poursuivre sur cette voie. »
Engagement
Vincent Durel souligne également que l’engagement positif est le moyen le plus efficace d’améliorer la responsabilité et le comportement des entreprises. « Nous n’hésitons pas à voter contre la politique si nous estimons que l’entreprise ne fait pas suffisamment de progrès, que son mode opératoire n’est pas compatible avec notre politique de durabilité ou que la création de valeur pour les actionnaires est trop faible. » Il fournit également des chiffres sur la propriété active.
« En 2020, Fidelity a voté lors de 3736 assemblées générales et dans 28 % des cas contre le management sur au moins un point de l’ordre du jour, contre 24 % des cas en 2019. Nous faisons également savoir à l’entreprise en question pourquoi nous avons voté contre. La plupart des votes contre étaient liés aux rémunérations du management. »
Fidelity International s’engage également via toute une série de thèmes spécifiques. « Par exemple, nous avons engagé le débat avec l’industrie textile pour mettre fin aux pratiques d’esclavage moderne dans leur chaîne d’approvisionnement.
Et récemment, nous avons ajouté l’éthique numérique à notre gamme d’activités. En ce qui concerne le changement climatique, nous sommes bien sûr également très actifs et, avec les entreprises, nous débattons principalement de la manière dont elles peuvent atteindre un niveau ‘net zéro’ d’ici 2050, de ce qu’elles peuvent améliorer en matière d’ouverture de leur politique durable et de la question de savoir si leur modèle d’entreprise sera capable de survivre dans un monde à faibles émissions. »
Toutefois, une question phare pour Fidelity est la structure de rémunération au sommet des entreprises et la gouvernance d’entreprise, souligne encore Durel. « Nous avons déjà pris de nombreuses initiatives pour inscrire la rémunération des entreprises dans la durée et notre comportement de vote en dépend lors des assemblées générales. » Et tout cela n’est pas resté vain, ajoute le gestionnaire français.
« Dans le cas du groupe fusionné franco-italien Essor-Luxottica, par exemple, notre intervention a notamment contribué à ce que le rapport de force entre les deux entreprises reste équitablement réparti, comme cela avait été décidé au moment de la fusion, et à ce que les proportions ne soient pas déséquilibrées. »
Il ajoute qu’en termes d’égalité des sexes, l’accent est mis sur une représentation suffisante des femmes au niveau du management. « Nous constatons d’ailleurs que cet aspect est à la traîne dans de nombreuses entreprises. Dans le domaine de l’économie circulaire, nous constatons également une adoption lente et il y a du pain sur la planche. »