Aujourd’hui, les banques centrales doivent donc sortir des bazookas de plus en plus gros. Celles qui l’ont rarement ou jamais fait sont maintenant obligées de le faire, explique Geert Noels d’Econopolis.
Comme la Banque centrale norvégienne, qui est intervenue à titre exceptionnel pour rétablir la liquidité de la couronne norvégienne. Une ligne de swap de 30 milliards de dollars devrait relancer les échanges et stabiliser le taux de change. Le pays qui a la plus haute cote de crédit au monde a vu sa monnaie chuter de dizaines de pour cent en raison de toutes sortes de ventes techniques. Les actualités ont annoncé que la couronne norvégienne s’est redressée de près de 9 % par rapport à l’euro, mais les dégâts ont été très importants depuis le début de la crise du coronavirus.
Vous verrez que des bazookas apparaîtront partout, c’est aussi contagieux que le virus. Les gouvernements constitueront des fonds d’urgence, les fonds européens seront rebaptisés ‘fonds coronavirus’, les gouvernements qui n’étaient pas encore endettés commenceront à en parler.
Ah, si seulement après 2008… Mais un toxicomane ne changera ses habitudes qu’après de nombreuses tentatives de désintoxication et une ultime overdose.
L’autre versant de la vallée
Nous sommes sur une descente abrupte vers la profonde vallée du coronavirus. Quelle est sa profondeur ?
Faisons un rapide calcul. Nous perdons au moins deux mois d’économie normale. La moitié continue à tourner, principalement les pouvoirs publics, avec une production minimale. 2/12*50*, soit 8 %. Dont nous espérons récupérer la moitié. Tablons donc sur une réduction de 4 % en 2020. Les estimations se situent maintenant entre 0 et -1 %.
Les mesures gouvernementales permettront d’éviter un certain nombre de faillites, mais certaines entreprises ne survivront pas. En outre, la récession sera plus marquée que la reprise.
L’autre versant de la vallée sera fondamentalement différent. Nous pouvons essayer de nous en faire une idée, mais au bout du compte, cela restera une surprise. Nous constatons quatre grandes tendances :
1. La crise du coronavirus montre la fragilité et le risque de contagion économique de la mondialisation actuelle. Outre le Brexit et la guerre commerciale de Trump, c’est la troisième poussée vers plus de démondialisation et de localisme. La production locale sera de nouveau envisagée, à côté de stocks plus importants. La Chine en sera la victime.
2. C’est à nouveau un encouragement à envisager des solutions plus technologiques, et par exemple à utiliser des drones et l’intelligence artificielle dans la lutte contre les crises. Les consommateurs utiliseront davantage l’e-commerce, plus d’argent numérique (par rapport à l’argent papier ‘sale’). La population sera appelée à se confiner à chaque tempête ou virus, ce qui est bon pour les jeux, Netflix et autres technologies.
3. Le climat semble être gagnant, non seulement en raison du ralentissement économique (temporaire), mais aussi de la démondialisation et de la prise de conscience de l’impact de la pollution atmosphérique sur les maladies pulmonaires, par exemple.
4. Enfin, cela pourrait également mettre fin à la longue période de désinflation. La démondialisation, l’augmentation des coûts de la sécurité et des nouvelles réglementations ainsi que les nouveaux stimuli monétaires finiront par avoir un effet inflationniste.
Ces 4 tendances deviennent de plus en plus claires à mesure que l’on s’approche du fond de la vallée. Je pense qu’il ne faut pas sous-estimer ce dernier point en particulier : sur l’autre versant de la vallée, il y aura plus d’inflation, beaucoup plus.
Aujourd’hui, nous payons trop peu pour l’impact climatique de la chaîne de production mondiale. Dans le même temps, nous constatons aujourd’hui que nous ne disposons plus de stocks, de services et de production essentiels au niveau local. Cela aussi devra être construit. La production locale coûtera plus cher, mais elle sera plus respectueuse de l’environnement et du climat. Les énormes dettes auront un effet inflationniste, ainsi que le carburant monétaire qui sera de nouveau versé en masse sur le sol inflammable de l’autre versant de la vallée.