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Gimv pourrait être surnommée le Nestor du private equity flamand. Fondée il y a plus de 40 ans, la société d’investissement investit depuis lors dans des entreprises de croissance non cotées belges et internationales. Le CFO Kristof Vande Capelle explique comment ils gardent aujourd’hui leur pertinence dans l’univers de plus en plus dense du capital-investissement.

Gimv a beau exister depuis un certain temps déjà, elle ne reste pas inactive. En 2013, la structure a fait l’objet d’une modification radicale en portant sa focalisation sur quatre ‘plateformes’. « Celles-ci se concentrent sur des secteurs spécifiques : consumer, health & care, smart industries en sustainable cities », explique Vande Capelle. « Ces quatre équipes de plateforme sont constituées de gestionnaires d’investissement spécialisés, dotés d’une expertise dans des secteurs, clusters et niches spécifiques.

Parfois, il s’agit même de personnes venant du secteur même. » Avec ces quatre plateformes, Gimv se spécialise donc dans quelques secteurs, mais la société d’investissement n’attache pas de pondération plus ou moins élevée aux différents domaines.

Avec des équipes locales, Gimv se concentre sur des investissements dans quatre pays : la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. « Nous sommes principalement impliqués dans les entreprises de croissance », explique Vande Capelle. « Cependant, nous gardons une vision large. Il s’agit parfois d’entreprises qui ont trouvé leur ‘adéquation produit-marché’ relativement récemment.

Mais nous investissons tout autant dans des acteurs ayant un profil de flux de trésorerie récurrent, qui cherchent plutôt à élargir leur gamme de produits ou à poursuivre leur internationalisation. »

Joyau flamand

À l’été 2020, Gimv a investi dans Televic, la plus grande opération directe jamais réalisée par la société d’investissement. Selon Vande Capelle, Televic est « un joyau flamand peu connu du grand public ».

L’entreprise construit des systèmes de communication de haute technologie destinés au marché professionnel. Grâce à cet investissement, elle souhaite doubler sa taille en cinq ou six ans, notamment en acquérant d’autres acteurs. Ce type de stratégie ‘buy and build’ est l’un des éléments que soutient Gimv pour les entreprises de son portefeuille.

Mais pour Gimv, il n’y a pas que la technologie, loin s’en faut. « Au début de l’année 2020, nous avons investi dans Biolam », explique Vande Capelle. « Il s’agit d’une chaîne de laboratoires située dans le nord de la France.

Nous sommes en passe de faire de Biolam l’une des plus grandes chaînes de la région. Là encore, cela s’inscrit dans une stratégie ‘buy and build’, car les laboratoires sont un secteur très fragmenté. Grâce à nos investissements, nous permettons à ce groupe de continuer à se développer. De plus, cette activité est très tendance, car avec le COVID-19, les activités de laboratoire connaissent une très forte augmentation. »

Cette orientation large est un choix délibéré, explique Vande Capelle. « Pour rester un acteur pertinent, nous devons être suffisamment larges, avec des investissements dans différents secteurs et des ressources financières suffisantes. Gimv est par exemple un important investisseur européen dans les domaines des sciences de la vie et de la biotechnologie, dans lesquels nous avons acquis un solide track-record.

Mais si nous pouvons le faire, c’est uniquement parce que nous avons une vision plus large, car cela nous permet d’absorber les chocs dans ce secteur. Avec une focalisation plus étroite, il nous serait plus difficile de survivre aux revers. Les entreprises et les secteurs dans lesquels nous investissons ne parviennent parfois pas à concrétiser leur croissance, voire font faillite. Nous devons être capables d’absorber ce genre de risques. »

Vande Capelle souligne qu’ils restent également impliqués après avoir réalisé des investissements. « Nous réfléchissons avec nos entrepreneurs à la stratégie et à l’expansion de l’entreprise. C’est pourquoi nous sommes représentés au conseil d’administration de toutes les entreprises de notre portefeuille. Nous voulons participer à la définition des grandes lignes de la croissance et de la création de valeur.

Nous sommes une caisse de résonance et une source d’inspiration, et faisons des suggestions. Dans le cas d’une stratégie ‘buy and build’, nous connaissons souvent de bonnes entreprises candidates à l’acquisition, parce que nous avons une très bonne connaissance du marché.

Ou lorsqu’une entreprise s’internationalise, nous lui donnons par exemple des conseils sur l’expansion vers des pays spécifiques, mais aussi concernant l’efficacité des processus de travail ou un meilleur reporting financier interne. C’est ainsi que nous transmettons les connaissances que nous accumulons au cours de nos investissements. »

Faibles taux d’intérêt, liquidités élevées

Gimv est maintenant confrontée à une concurrence accrue, car de plus en plus de capitaux affluent sur les marchés privés. « La disponibilité des liquidités est très élevée », déclare Vande Capelle. « Dans la situation actuelle de faibles taux d’intérêt, tout le monde est à la recherche de rendements. Dans le même temps, le capital-investissement a enregistré ces dernières années un rendement supérieur à la moyenne.

C’est pourquoi autant de gestionnaires d’actifs allouent une part croissante de leurs ressources disponibles au capital-investissement. Cela signifie que la concurrence et les valorisations augmentent. Les opérations de capital-investissement se situent à un niveau historiquement élevé en termes de valeur. »

Cela a-t-il un effet négatif sur Gimv ? « Nous devons bien sûr rester sur nos gardes, car la concurrence est rude », répond Vande Capelle. « Nous ne nous laissons par principe jamais entraîner dans une guerre d’enchères.

Nous ne voulons pas gagner uniquement sur le prix, c’est pourquoi nous nous sommes récemment retirés d’un certain nombre d’opérations. Mais en soi, un marché du capital-investissement en pleine croissance est positif. Cela crée une dynamique dont nous ne pouvons que nous réjouir. »

Une augmentation des capitaux privés ne signifie donc pas nécessairement une pression accrue sur les résultats de Gimv. « La grande disponibilité de liquidités sur le marché du capital-investissement entraîne une pression à la hausse sur les valorisations », déclare Vande Capelle.

« Mais cela ne signifie pas pour autant que le marché dans son ensemble est surévalué ou que cela entraîne des rendements généralement plus faibles. Le niveau des rendements dépendra plus que jamais de la croissance et de la création de valeur stratégique des entreprises en portefeuille. »

Selon Vande Capelle, le risque de bulle n’est pas non plus pressant. « Il me paraît exagéré de parler de crash imminent », affirme le directeur financier. « Les valorisations sont effectivement élevées, mais dans le même temps, nous constatons également que, surtout dans notre segment de marché, le recours au financement par la dette reste plus limité que par le passé. »

Ce qui est unique chez Gimv, c’est sa cotation en bourse, ce qui est peu fréquent parmi les fonds de capital-investissement. Selon Vande Capelle, cela leur offre des atouts supplémentaires lorsque la concurrence se fait plus rude.

« Nous pensons à plus long terme et ne sommes pas guidés par des objectifs de rentabilité à court terme. Nous examinons également un éventail plus large d’opportunités d’investissement. Nos concurrents n’ont généralement pas une portée aussi large. Cela nous est possible parce que nous investissons à partir de notre propre bilan.

Notoriété

Être coté en bourse signifie également que vous avez une plus grande notoriété, et que votre capacité financière est connue du public. Cela ouvre des portes. Enfin, cela assure une certaine discipline, car vous devez rendre des comptes aux actionnaires.»

Leur capacité financière provient essentiellement de fonds propres. « L’argent que nous investissons provient des plus-values que nous réalisons sur la vente d’entreprises de notre portefeuille », précise Vande Capelle.

« Mais ces deux dernières années, Gimv a également renforcé ses liquidités par des émissions obligataires, qui représentent aujourd’hui un financement supplémentaire de 350 millions d’euros. »

Bien que l’organisation soit désormais privée, il est intéressant de noter que Gimv a initialement vu le jour en tant que fonds du gouvernement flamand. Qu’en est-il maintenant de la Flandre et de l’actionnaire d’origine ? « Nos origines se trouvent en effet dans le gouvernement flamand », conclut Vande Capelle. « Mais cela appartient au passé depuis un certain temps déjà, car nous sommes cotés en bourse depuis 1997.

Depuis 2005, le gouvernement flamand est également actionnaire minoritaire et détient actuellement 27 %. Cela fait d’eux un actionnaire de référence, mais la stratégie et la politique d’investissement sont définies par notre conseil d’administration.

Nous y travaillons avec une gouvernance qui est dans l’intérêt de tous les actionnaires, et pas seulement de l’actionnaire de référence. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés sur une voie plus internationale au cours des dix dernières années. Mais c’est dans l’intérêt de nos investissements flamands, car travailler à plus grande échelle nous permet également réaliser ici des investissements plus importants. »

Éléments clés Gimv

  • fondée en 1980 par le gouvernement flamand, qui détient aujourd’hui une participation minoritaire de 27 %.
  • est entrée en bourse en 1997
  • gère 2 milliards d’euros 
  • détient des parts dans un portefeuille de 55 entreprises, dans lequel elle a investi un total de 1,2 milliard d’euros 
  • dans une fourchette de 5 à plus de 50 millions d’euros, un investissement moyen s’élève à 25-30 millions d’euros
  • Chaque année, Gimv investit en moyenne 200 millions d’euros ou davantage, ce qui se traduit par 6 à 8 investissements, avec un nombre équivalent de sorties.
  • Kristof Vande Capelle a rejoint Gimv en 2007, après avoir travaillé, notamment, chez Mobistar et KBC.
  • Le rendement total annualisé des actions de Gimv est de 7,55 % à 10 ans, 5,96 % à 5 ans, 6,15 % à 3 ans et 12,52 % à 1 an (source : Bloomberg).
     

 

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