Carlo Putti (M&G Investments) pointe les perspectives attrayantes des marchés obligataires dans un contexte de normalisation de l’inflation. Le crédit et les obligations souveraines de duration plus longue sont privilégiés dans M&G (Lux) Optimal Income.
Les politiques monétaires expansionnistes menées dans les pays développés ont provoqué une forte injection de liquidités dans le système financier durant la pandémie, ce qui a entraîné une forte progression des dépenses de consommation lorsque la situation a commencé à se normaliser. « Ceci a eu pour conséquence des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et le début des problèmes liés à la hausse de l’inflation », souligne Carlo Putti (Investment Director chez M&G Investments).
Trois facteurs positifs
Il constate toutefois que la liquidité s’est fortement contractée durant les derniers trimestres, ce qui devrait progressivement entraîner une stabilisation de l’inflation. Une autre bonne nouvelle est la situation économique, avec des ménages et des sociétés qui sont dans une bonne position financière avec des réserves importantes. « Par rapport à 2008, une grande partie des prêts hypothécaires aux Etats-Unis ont été négociés avec des taux fixes, avec une économie américaine qui est en conséquence beaucoup plus résiliente ».
Enfin, Carlo Putti pointe également un troisième facteur d’optimisme dans la situation actuelle, à savoir le redressement significatif des rendements sur les marchés obligataires, et plus particulièrement dans le segment de la dette d’entreprise. « Le niveau des rendements est remonté à ses plus hauts en plus de dix ans, et les risques sont désormais nettement mieux intégrés dans les attentes du marché. En tant qu’investisseurs obligataires, la situation actuelle a rarement été aussi confortable ».
Duration plus élevée
Le produit phare de M&G Investment sur les marchés obligataires est le fonds M&G (Lux) Optimal Income, dont les actifs sous gestion atteignent près de 10 milliards d’euros. Ce produit est considéré comme un fonds mixte prudent chez Morningstar, car le gestionnaire a la possibilité de pouvoir prendre une exposition de 20% sur les marchés boursiers. Dans la pratique, l’exposition a rarement dépassé 5% des encours durant la dernière décennie, et cette option de diversification n’est même pas du tout. « Nous avons une exposition sur les actions lorsque les marchés boursiers sont particulièrement intéressants par rapport aux obligations, ce qui n’est pas du tout le cas à l’heure actuelle ».
Après avoir encaissé un recul de 12% durant l’année 2022, le fonds est désormais nettement mieux orienté avec une progression de 4% depuis le début 2023. « Nous avons remonté la duration du portefeuille de 2,5 vers 6 ans, ce que nous considérons comme un niveau neutre pour notre stratégie. La duration est actuellement sur son plus haut niveau depuis la crise de 2008-2009 », constate Carlo Putti.
Stratégie évolutive
M&G (Lux) Optimal Income est aujourd’hui investi de manière pratiquement équivalente sur la dette souveraine, la dette corporate investment grade et la dette à haut rendement. « Sur la dette investment grade, c’est plus particulièrement la dette bancaire qui a notre préférence. Alors que de nombreux investisseurs continuent d’éviter cette classe d’actifs (avec pour conséquence des rendements plus élevés), nous pensons que les institutions bancaires ne sont clairement pas aussi fragiles qu’en 2008, et que leur rentabilité va être soutenue par la hausse des taux ».
Carlo Putti que le positionnement du fonds a fortement varié depuis le lancement de la stratégie en 2006. « Après avoir commencé comme un produit obligataire relativement normal, le fonds est devenu pratiquement un fonds à haut rendement en 2012 (notation moyenne BB), avant que nous ne réduisions progressivement le risque, avec une notation A du portefeuille entre 2019 et 2021 ».
Flexibilité souveraine
Durant les derniers mois, le positionnement est redevenu beaucoup plus agressif, avec une notation moyenne qui est retombée vers une note BBB. « Nous sommes aujourd’hui beaucoup plus à l’aise pour reprendre du risque de crédit et de duration dans le portefeuille. Nous allons assister à une hausse du taux de défaut », souligne Carlo Putti, « mais le marché semble s’attendre à un taux de défaut typique d’une récession profonde, ce qui nous semble beaucoup trop agressif. C’est plus particulièrement sur le segment du crédit Investment Grade (notation BBB et supérieures) que le taux de défaut attendu est particulièrement élevé par rapport au pire taux de défaut observé par le passé ».
Il indique que le positionnement sur la dette souveraine est généralement guidé par la banque centrale qui adopte la stratégie la plus restrictive. « A l’heure actuelle, elle est encore principalement axée sur la dette américaine, avec des maturités comprises entre 5 et 10 ans. Nous avons toutefois commencé à réduire nos positions sur les souverains américains pour nous exposer davantage sur la dette européenne (et britannique), vu que la BCE est aujourd’hui l’institution monétaire la plus déterminée à relever ses taux », plus particulièrement sur les maturités long en France, en Espagne et en Italie.