Pour les obligations locales des marchés émergents, les baisses de taux d’intérêt aux États-Unis sont une double bénédiction. « Les taux d’intérêt dans les pays émergents emboîtent le pas à cette baisse, entraînant une hausse de prix des obligations. L’affaiblissement du dollar pourrait entraîner des profits de change ».
C’est ce qu’affirme Wim Vandenhoeck, senior portfolio manager de l’Invesco Oppenheimer Emerging Market Local Currencies Debt Fund. Le fonds investit dans des obligations d’État de pays émergents, en monnaie locale.
Selon M. Vandenhoeck, les bonnes perspectives de rendement des obligations en monnaie locale s’expliquent principalement par l’écart de taux d’intérêt avec les États-Unis. « Le taux d’intérêt réel à dix ans dans les marchés émergents se situe en moyenne entre 4 et 4,5 pour cent. Dans les marchés développés, il est négatif. L’écart est grand actuellement. Cette catégorie d’investissement offre donc beaucoup de valeur. »
En outre, les banques centrales des pays émergents ont à nouveau la possibilité de réduire les taux d’intérêt, vu le changement radical de la politique américaine en matière de taux d’intérêt. « Auparavant, les hausses de taux d’intérêt aux États-Unis avaient attisé l’inflation dans les marchés émergents et incité les banques centrales de ces pays à relever considérablement leurs taux. Maintenant que cette pression a disparu, on assiste déjà à des baisses de taux d’intérêt dans les premiers pays. Cela se traduit par des gains de cours sur le marché obligataire local. »
Pour les 9 à 12 prochains mois, Vandenhoeck s’attend à ce que ces évolutions des taux d’intérêt continuent d’avoir un impact positif sur les obligations locales. « On part bien sûr de la supposition que la baisse des taux d’intérêt de la Fed se poursuivra. Nous l’anticipons aussi : encore 0,5 point de pourcentage cette année et trois nouvelles baisses des taux d’intérêt en 2020 ».
Progression de la monnaie locale
Invesco anticipe également une hausse de la valeur des monnaies locales par rapport au dollar. « En raison de la politique américaine en matière de taux d’intérêt, le dollar pourrait chuter rapidement de 15% en moyenne, et à terme, la monnaie américaine pourrait même plonger de 25 à 30% », explique M. Vandenhoeck.
Mais la baisse des taux d’intérêt dans les marchés émergents n’a-t-elle pas mis aussi la pression sur la valeur des monnaies locales ? C’est exact, mais il s’agit de l’écart de taux d’intérêt avec les États-Unis. Aussi longtemps que la Fed continuera de les baisser, cet écart de taux d’intérêt restera un facteur déterminant pour ces monnaies locales », déclare M. Vandenhoeck.
Selon l’expert en obligations, des changements structurels dans les marchés émergents renforcent également leur propre locale monnaie. Cela va de réformes économiques et politiques à des marchés des capitaux plus efficaces et à l’innovation technologique. Vandenhoeck : « Cette dernière, en particulier, évolue à un rythme effréné. En Inde, beaucoup de gens paient maintenant par téléphone portable, tandis qu’aux États-Unis, l’heure est encore aux chèques. Aux chèques ! »
Un marché en croissance
Selon M. Vandenhoeck, les obligations en monnaie locale sont un bon moyen de profiter de la croissance et des réformes des marchés émergents. Les investisseurs peuvent ainsi pêcher dans un étang à forte croissance.
« Le volume total des obligations en monnaie locale s’élève aujourd’hui à environ 18 billions de dollars, contre environ 3 billions de prêt en dollars : en monnaie locale contre devises fortes », explique M. Vandenhoeck. « La demande et l’offre d’obligations en monnaie locale ne cessent d’augmenter. Dans le passé, de grandes entreprises brésiliennes n’émettaient que des emprunts en dollars, mais désormais, elles osent emprunter dans leur propre monnaie sur 10 à 20 ans. C’est un changement notoire. »
Maîtrise des risques
Actuellement, Invesco s’efforce de faire face à la hausse de valeur des monnaies locales en réduisant la couverture du portefeuille par rapport au dollar. Vandenhoeck : « Au milieu de l’année 2015, nous n’avions pas couvert entre 45 et 50% du risque de change. Désormais, notre exposition au risque de change s’élève à 100 pour cent.
Pour les investisseurs étrangers, investir dans la monnaie locale signifie non seulement une opportunité de rendement de plus, mais aussi un risque supplémentaire. Vandenhoeck : « Nous surmontons ce problème en prenant moins de risques dans le portefeuille que l’indice de référence. L’indice présente un risque moyen de 12 pour cent, tandis que l’Emerging Market Local Currencies Debt Fund présente une fourchette de risque de 6 à 12 pour cent. »
M. Vandenhoeck fait valoir que pour maintenir le rendement au niveau de risque le plus bas, le fonds prend des positions sur la base des prévisions macroéconomiques. « Par exemple, à la fin de 2014, nous avons réagi par des positions en devises à notre attente selon laquelle des hausses de taux aux États-Unis entraîneraient un raffermissement du dollar. »