Le départ de six des huit gestionnaires de portefeuille de l’équipe Crédits Euro a été vécu par Kempen comme un véritable coup de tonnerre. « On peut dire que le monde nous paraît très différent depuis le début de la semaine dernière. Nous gardons néanmoins toute confiance en l’avenir. »
Ce sont les mots de Johan Cras (photo), managing director de Kempen Capital Management, lors d’un entretien avec notre plateforme sœur Fondsnieuws. Il fait référence à l’annonce du départ de six gestionnaires de portefeuille de l’équipe Crédits Euro.
Il a en effet été annoncé aujourd’hui que Rik den Hartog, Pim van Mourik Broekman, Luuk Cummins, Sipke Moes, Quirijn Landman et Marco Zanotto partaient pour rejoindre un gestionnaire de fonds américain. Les deux membres de l’équipe restants sont Alain van der Heijden et le gestionnaire de portefeuille senior Harold van Acht, qui ont tous deux contribué à la création de l’équipe.
Suite à cette annonce, que les gestionnaires de portefeuille n’ont que « peu motivée », diverses discussions ont été menées dans une tentative de renverser la vapeur, raconte Cras. Mais lorsqu’il s’est avéré que cela ne suffirait pas, il s’est agi d’aller de l’avant le plus vite possible afin de garantir la continuité des activités, et d’informer les clients, ajoute Alain van der Heijden, chef de l’équipe.
Une solution temporaire
« Nous avons constitué une équipe provisoire qui, outre Harold et moi-même, compte encore quatre investisseurs seniors. Le but de cette équipe est de garantir la continuité de notre recherche dans des secteurs spécifiques, dont une grande partie de l’expertise disparaît avec le départ des six gestionnaires de portefeuille. »
Van der Heijden ne souhaite divulguer ni les noms, ni les fonctions des membres de l’équipe provisoire, car ces derniers vont effectuer le travail de l’équipe en plus de leur travail habituel. « Cela ne devrait cependant pas poser de problèmes de capacité compte tenu de l’ancienneté de ces collaborateurs », estime Van der Heijden.
L’équipe Crédits Euro gère un patrimoine d’environ 6 milliards d’euros, dont la moitié est répartie parmi quatre fonds d’investissement : le Kempen Euro Credit Fund, le Kempen Euro Credit Fund Plus, le Kempen Euro High Yield Fund et le Kempen Euro Sustainable Credit Fund. L’autre moitié de ce patrimoine est investie dans des mandats individuels.
Les réactions des clients
Tous les clients de Kempen ont entretemps été informés de la nouvelle. Selon Cras, ils ont réagi calmement et font confiance au gestionnaire pour faire face à ce défi. « Nous avons déjà prouvé par le passé que nous étions capables de bien gérer des changements au sein des équipes sans nuire à notre continuité. » En outre, d’après lui, le fait que les ‘pères fondateurs’ de l’équipe soient toujours présents a également un effet positif.
Van der Heijden et Van Acht ont tous deux participé à la création de l’équipe en 2008 avec Richard Klijnstra. En 2016, ce dernier a quitté l’équipe pour rejoindre celle des actions à forte capitalisation, et Van der Heijden lui succéda.
Sous surveillance
Jeffrey Schumacher, analyste chez Morningstar, soupçonne que Klijnstra est également impliqué dans l’équipe intérimaire. Morningstar a annoncé mercredi placer sous surveillance les fonds qu’elle suivait, à savoir le fonds Euro Credit, auquel les analystes de Morningstar ont attribué à la note Gold, et l’Euro Credit Fund Plus, noté Silver.
« Il s’agit d’une procédure standard que nous appliquons lorsqu’il se produit des changements importants : la réadaptation d’une stratégie, par exemple, mais aussi des changements dans la constitution d’une équipe », explique Schumacher lors d’un entretien avec Fondsnieuws.
Confiance en l’avenir
Il est on ne peut plus clair que l’objectif est de faire retrouver à l’équipe sa pleine puissance le plus rapidement possible, comme le soulignent Cras et Van der Heijden. En dépit de la popularité des stratégies d’investissement susceptibles d’offrir une alternative aux obligations d’État, et donc des compétences de gestion correspondantes, Van der Heijden a toute confiance en l’issue positive de la situation.
« Kempen a bonne réputation en tant qu’employeur. Nous sommes en outre réputés pour être de ‘vrais investisseurs’, et ceci nous a jusqu’à présent permis d’attirer les bonnes personnes. Notre processus d’investissement est robuste et structuré, et nous cherchons à nous lier avec des professionnels chevronnés ainsi qu’avec des investisseurs de talent », conclut Van der Heijden.