Koen De Leus, Chief Economist, BNP Paribas Fortis
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Les spécialistes de BNP Paribas Fortis ont présenté leurs analyses macroéconomiques avant un deuxième semestre 2019 qui s’annonce compliqué, en raison d’incertitudes commerciales qui risquent de pénaliser la croissance dans la plupart des grandes économies. Pour l’Europe, l’activité économique devrait ainsi ralentir de 1,8% en 2018 vers 1,1% en 2019.

De même, après un premier trimestre particulièrement dynamique, Koen De Leus (chef économiste de BNP Paribas Fortis) (photo) s’attend à ce que la croissance des Etats-Unis ralentisse entre 1 et 2% durant les prochains trimestres.

« Nous tablons désormais sur deux baisses de taux d’ici la fin 2019, suivie d’une troisième baisse au début de l’année prochaine ». 

Japanisation

Il constate également que l’Europe court un risque de plus en plus important de japanisation de son économie, mais qu’il existe plusieurs facteurs qui permettent néanmoins d’être plus optimiste à moyen terme. « Les autorités monétaires ont beaucoup appris de l’expérience japonaise, et la Banque Centrale Européenne fera tout son possible pour éviter que le Vieux Continent plonge dans un climat déflationniste qui serait particulièrement néfaste pour les perspectives économiques à moyen terme ». 

Il souligne également que les salaires européens sont davantage protégés contre une déflation brutale, en raison de syndicats plus puissants et d’une moindre proportion du salaire annuel payé sous forme variable. « Depuis la crise de 2008, la croissance européenne a été surtout soutenue par un doublement des exportations nettes. Il existe aujourd’hui une plus grande vulnérabilité européenne dans un monde où la Chine ralentit et où le commerce international est au point mort », avec un risque de voir le continent tomber rapidement en récession. 

Pression sur les marges

Koen De Leus souligne à ce titre que la BCE dispose encore de nombreux outils qui pourraient lui permettre de soutenir la croissance européenne. « Face à une dégradation des perspectives économiques causée par la guerre commerciale, le moyen d’éviter une japanisation passera toutefois par le renforcement d’une union politique, fiscale et bancaire au niveau européen, qui pourrait permettre de mener une relance économique ambitieuse ». Et il met également en garde contre la perspective de mesures qui pourraient de nouveau mettre à mal l’équilibre financier du secteur bancaire. 

« Ce sont aujourd’hui 7,5 milliards d’euros qui sont retirés annuellement des résultats des banques par la politique de taux négatifs pratiqués au niveau de la BCE, soit 15% du résultat du secteur. Il est important de ne pas casser le mécanisme de transmission assuré par les banques vers l’économie », d’autant que les entreprises européennes restent encore très largement dépendantes des banques pour financer leur activité économique. 

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