La Banque d’Angleterre est confrontée à l’une des plus grandes crises du marché des obligations d’État depuis la Seconde Guerre mondiale. La banque centrale a suspendu la vente de Gilts et rachète des obligations à long terme pour stopper la chute libre de la livre sterling.
La Banque d’Angleterre parle d’un «risque important pour la stabilité financière au Royaume-Uni». Il a également annoncé un éventuel nouveau resserrement des rênes et la possibilité d’une réduction du crédit à l’économie réelle.
L’intervention de la Banque d’Angleterre semble être un succès. Les obligations d’État à trente ans, qui avaient atteint le niveau record de 5 % mercredi matin, sont tombées à 4,28 % à la mi-journée. Les taux à dix ans sont passés de 4,59 % à 4,03 %.
La livre sterling a atteint 1,0856 $ en fin d’après-midi. Au début de cette année, il était de 1,35 $. Dans les années 1980, une livre valait encore 2,40 dollars.
Le Financial Times rapporte aujourd’hui que des centaines, voire des milliers, de fonds de pension ont été invités par leurs gestionnaires d’actifs à déposer des liquidités en raison d’appels de marge consécutifs à la chute du marché des obligations d’État britanniques.
La cause immédiate de la crise des marchés obligataires britanniques est que le ministre des finances, Kwasi Kwarteng, a annoncé la semaine dernière qu’il voulait réduire les impôts (pour les riches) et emprunter davantage sur le marché des capitaux sans être clair sur le financement de ces réductions d’impôts.
En réponse, les marchés ont imposé une hausse des taux d’intérêt et une chute sévère de la livre sterling. En réaction, les fonds de pension ont dû vendre des obligations pour éviter que leur solvabilité ne soit remise en question.
La Banque d’Angleterre a commencé à acheter des obligations à long terme sur le marché. Cela permettra d’assurer un retour à la stabilité, selon la Banque. Le Trésor britannique contredit l’affirmation selon laquelle les principaux problèmes sont dus au plan fiscal annoncé, mais affirme qu’ils sont simplement le résultat d’une volatilité fortement accrue sur les marchés (obligataires).
Le FMI a précédemment rejeté les plans britanniques en termes féroces. Compte tenu des fortes pressions inflationnistes, des réductions d’impôts importantes et non ciblées ne sont pas recommandées à l’heure actuelle. Il est important que la politique budgétaire ne soit pas en contradiction avec la politique monétaire», a-t-il ajouté. Selon le FMI, les politiques de relance du Royaume-Uni pourraient en fait alimenter l’inflation.
Les remarques du FMI évoquent le souvenir du président de la Nederlandsche Bank, Klaas Knot, qui a déclaré au début de l’année que la BCE allait d’abord appuyer sur la pédale de frein (réduction des liquidités), puis sur l’accélérateur (hausse du taux d’intérêt officiel) pour inverser le cours de l’inflation - le gouvernement britannique, du moins de l’avis des marchés, agit à l’encontre de cette prémisse, comme le FMI l’indique maintenant aussi dans sa critique acerbe.
La Citibank a averti dès le mois d’août - avant même l’annonce du plan fiscal du gouvernement britannique la semaine dernière - que l’inflation au Royaume-Uni pourrait atteindre 18 %. Les prévisions récentes d’autres analystes tablent sur 12 à 15 %. La Deutsche Bank a écrit la semaine dernière que les marchés ne sont plus disposés à financer le déficit budgétaire du Royaume-Uni au taux de rendement et au taux de change actuels.