La Banque mondiale a récemment prévenu que l’économie mondiale allait connaître une stagflation digne des années 1970, avec une période prolongée de faible croissance et d’inflation élevée.
Pour de nombreux pays, il sera difficile d’éviter une récession», a déclaré le président de la Banque mondiale, David Malpass, lors de la présentation du dernier rapport de la banque sur les perspectives de l’économie mondiale, qui fait état d’un risque accru de stagflation «avec des conséquences potentiellement dommageables pour les économies à revenu moyen et faible».
La Banque mondiale, une institution financière internationale qui accorde des prêts et des subventions aux gouvernements des pays à revenu faible ou intermédiaire, a déclaré qu’elle s’attendait désormais à une croissance du PIB mondial de 2,9 % cette année, contre une prévision antérieure de 4,1 % et contre une croissance de 5,7 % en 2021.
Nécessité de limiter la mauvaise répartition des capitaux
La croissance mondiale en 2023-24 devrait osciller autour du rythme de 2022, car la guerre en Ukraine perturbe l’activité, les investissements et le commerce à court terme, la demande refoulée ralentit et les mesures de relance budgétaire et monétaire sont supprimées. En raison des dommages causés par la pandémie et la guerre, le revenu par habitant dans les pays en développement sera cette année inférieur de près de 5 % à celui d’avant la pandémie, a indiqué la banque.
La guerre en Ukraine, les blocages en Chine, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et le risque de stagflation pèsent sur la croissance», a déclaré M. Malpass. Les marchés sont tournés vers l’avenir, il est donc urgent de stimuler la production et d’éviter les restrictions commerciales. Des changements dans les politiques fiscales, monétaires, climatiques et d’endettement sont nécessaires pour contrer la mauvaise allocation des capitaux et les inégalités».
Le rapport de juin sur les perspectives de l’économie mondiale offre la première évaluation systématique de la manière dont les conditions économiques mondiales actuelles se comparent à la stagflation des années 1970 - avec un accent particulier sur la manière dont la stagflation pourrait affecter les marchés émergents et les économies en développement.
Nécessité d’assurer la viabilité budgétaire
La sortie de la stagflation des années 1970 a nécessité de fortes hausses des taux d’intérêt dans les principales économies avancées, qui ont joué un rôle prépondérant dans le déclenchement d’une série de crises financières dans les marchés émergents et les économies en développement.
Les pays en développement devront trouver un équilibre entre la nécessité d’assurer la viabilité budgétaire et celle d’atténuer les effets des crises qui se chevauchent aujourd’hui sur leurs citoyens les plus pauvres», a déclaré Ayhan Kose, directeur du groupe Prospects de la Banque mondiale.
En communiquant clairement les décisions de politique monétaire, en s’appuyant sur des cadres de politique monétaire crédibles et en protégeant l’indépendance de la banque centrale, il est possible d’ancrer efficacement les anticipations d’inflation et de réduire le degré de resserrement nécessaire pour obtenir les effets souhaités sur l’inflation et l’activité.
La conjoncture actuelle ressemble aux années 1970».
Selon la Banque mondiale, la conjoncture actuelle ressemble aux années 1970 à trois égards importants : des distorsions persistantes du côté de l’offre alimentant l’inflation, précédées d’une période prolongée de politique monétaire très accommodante dans les principales économies avancées, des perspectives de ralentissement de la croissance et la vulnérabilité des économies de marché émergentes et en développement au resserrement de la politique monétaire qui sera nécessaire pour contenir l’inflation.
Toutefois, l’épisode actuel diffère également des années 1970 à plusieurs égards : le dollar est fort, ce qui contraste fortement avec sa grande faiblesse dans les années 1970 ; les augmentations en pourcentage des prix des produits de base sont plus faibles ; et les bilans des principales institutions financières sont généralement solides. Plus important encore, contrairement aux années 1970, les banques centrales des économies avancées et de nombreuses économies émergentes ont désormais des mandats clairs en matière de stabilité des prix et, au cours des trois dernières décennies, elles ont obtenu des résultats crédibles dans la réalisation de leurs objectifs d’inflation.
L’inflation mondiale devrait diminuer l’année prochaine, mais dans de nombreuses économies, elle devrait rester au-dessus des objectifs d’inflation. Le rapport note que si l’inflation reste élevée, une répétition de la résolution du précédent épisode de stagflation pourrait entraîner une forte récession mondiale, ainsi que des crises financières dans certains marchés émergents et économies en développement.
La guerre en Ukraine assombrit les perspectives mondiales
Le rapport fournit également de nouvelles indications sur la manière dont l’impact de la guerre sur les marchés de l’énergie assombrit les perspectives de croissance mondiale. La guerre en Ukraine a entraîné une forte hausse des prix d’un large éventail de produits de base liés à l’énergie. La hausse des prix de l’énergie entraînera une baisse des revenus réels, une augmentation des coûts de production, un resserrement des conditions financières et des politiques macroéconomiques plus restrictives, notamment dans les pays importateurs d’énergie.
Selon la Banque mondiale, le rapport montre que des mesures politiques décisives sont nécessaires au niveau mondial et national pour éviter les pires effets de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale. Il s’agit notamment d’efforts mondiaux visant à limiter les dommages causés aux victimes de la guerre, à amortir le choc de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires, à accélérer l’allégement de la dette et à étendre la couverture vaccinale dans les pays à faible revenu. Il faudra également une réponse forte de l’offre au niveau national, tandis que les marchés mondiaux des produits de base doivent continuer à bien fonctionner.
Les responsables politiques doivent également s’abstenir de mettre en place des politiques de distorsion telles que le contrôle des prix, les subventions et les interdictions d’exportation, qui pourraient exacerber la récente flambée des prix des produits de base. Dans le contexte difficile d’une inflation plus élevée, d’une croissance plus faible, de conditions financières plus strictes et d’une marge de manœuvre budgétaire limitée, les gouvernements devront réorienter les dépenses vers une aide ciblée aux populations vulnérables.
Lisez le rapport complet ici.