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La Banque centrale européenne a indiqué jeudi qu’elle marquerait une pause avant de s’exprimer à nouveau sur l’orientation des taux d’intérêt dans la zone euro.

Après six relèvements consécutifs de 300 points de base depuis juillet dernier, la BCE est incertaine quant à sa prochaine action. Les entreprises, les ménages et les banques ressentent désormais les effets de la forte hausse des taux d’intérêt. La BCE estime également que les banques commerciales répercutent ‘assez rapidement’ les relèvements de taux d’intérêt sur l’économie. 

La BCE a annoncé jeudi, comme attendu, une augmentation de 50 points de base de son taux de base, avant de signaler que les prochaines mesures concernant les taux d’intérêt seront basées sur une nouvelle analyse des données. Le relèvement de jeudi a porté le taux de refinancement, le plus important des taux directeurs, à 3,5 %, son niveau le plus élevé depuis octobre 2008.

ImageChristine Lagarde, la présidente de la BCE, a présenté trois nouveaux critères que la BCE utilisera désormais. Ces critères sont ‘tout nouveaux’ et n’ont ‘jamais été discutés auparavant’, a-t-elle déclaré. Cette approche donne également à la BCE le temps d’évaluer les turbulences du marché de ce mois, notamment l’effondrement de la Silicon Valley Bank et les journées tumultueuses de la banque suisse Credit Suisse.

« Il n’est pas possible pour le moment de déterminer à quoi ressemblera l’avenir », a déclaré Lagarde. « Pour ce qui est de l’avenir, nous dépendons des données. L’incertitude croissante a renforcé l’importance d’une approche s’appuyant sur les données. Nous devrions disposer d’une meilleure évaluation une fois que les tensions sur les marchés financiers se seront apaisées. »

Trois composantes

Les trois composantes que la BCE utilise désormais pour les taux d’intérêt sont l’évaluation des perspectives d’inflation, la dynamique de l’inflation sous-jacente et la force de la transmission de la politique monétaire dans la zone euro. Ces facteurs déterminent la prochaine étape en matière de taux d’intérêt, qui sera annoncée le 4 mai. 

L’impact des turbulences mondiales sur les marchés boursiers est considéré comme un élément de l’évaluation des perspectives d’inflation. « Les questions financières sont prises en compte » dans la première composante, déclare Lagarde.

Jeudi, la BCE a revu à la baisse ses prévisions d’inflation globale pour les trois prochaines années, mais relevé ses prévisions d’inflation sous-jacente pour cette année. La résilience des marchés du travail et la forte croissance salariale jouent un rôle.

Au cours de sa conférence de presse, Lagarde a fait part de quelques éclairages internes sur le mécanisme de transmission de la politique monétaire. Cela suggère que la BCE est quelque peu surprise par la vitesse à laquelle ses taux d’intérêt plus élevés pénètrent l’économie. Lagarde prépare un discours dans lequel elle abordera les effets primaires et secondaires de la transmission de la politique monétaire. Les données relatives aux prêts aux entreprises, aux ménages et aux prêts hypothécaires montrent que les banques commerciales ont rapidement répercuté la hausse des taux sur leurs clients.

« Répercutée assez rapidement »

La politique monétaire « semble s’être répercutée assez rapidement sur le secteur du crédit », a déclaré Lagarde, ajoutant que cela a renchéri le crédit bancaire et les prêts des ménages dans la zone euro, affaibli la ‘dynamique du crédit’ et entraîné une baisse de la demande de prêts, ralentissant ainsi la croissance économique et donc, l’inflation. 

Les données sur les prêts bancaires montrent qu’en raison de la hausse des taux d’intérêt, les banques de la zone euro ont considérablement durci leurs conditions de crédit, ce qui a rendu les prêts plus chers pour les emprunteurs. Une nouvelle Bank Lending Survey sera publiée le 2 mai, juste avant la prochaine décision de la BCE sur les taux d’intérêt.

La hausse rapide des taux d’intérêt depuis l’été dernier, tant en Europe qu’aux États-Unis, affecte désormais clairement l’économie. Des incidents financiers tels que l’effondrement de la Silicon Valley Bank aux États-Unis montrent aussi clairement que les taux d’intérêt plus élevés exercent désormais une pression sur des pans plus larges de l’économie. 

La crise « n’est pas surprenante dans son contexte »

« La rapidité et l’ampleur de l’évolution des taux est étonnante », déclare Charles-Henri Kerkhove, investment director solutions & multi-asset chez Fidelity, lors d’une conférence organisée à Bruxelles en début de semaine. « Les mini-crises comme celle du week-end dernier sont toujours surprenantes. Mais dans le contexte, elles ne le sont pas. Nous devrions en voir plus souvent au fil du temps. »

Lagarde a souligné la confiance de la BCE dans le secteur bancaire européen et parlé de sa résilience et de la solidité de ses positions en matière de capital et de liquidités. « Le secteur bancaire est dans une position beaucoup plus solide aujourd’hui qu’il ne l’était en 2008. De plus, nous disposons le cas échéant des instruments nécessaires. Nous possédons une boîte à outils » pour agir si besoin est. 

Lagarde a fait référence à plusieurs reprises à la ‘créativité’ des collaborateurs de la BCE pour trouver des solutions innovantes à des problèmes inattendus lorsqu’ils surviennent dans des circonstances particulières.
 

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