La croissance globale va rester molle durant les prochains trimestres, avec une réponse qui devra venir de la politique budgétaire. Chez Carmignac, l’allocation d’actifs continue de privilégier les valeurs de croissance défensive, avec une moindre exposition au risque de taux sur le versant obligataire.
Après un exercice 2018 difficile, la performance de Carmignac Patrimoine s’est redressée depuis le début de l’année, avec une progression qui s’est encore renforcée durant l’été pour atteindre désormais 7,7%. L’hémorragie aux niveaux des actifs sous gestion a été grandement jugulée, qui se sont stabilisés autour de 13 milliards d’euros. Nous avons eu l’occasion de rencontrer Didier Saint-Georges (photo) (Membre du Comité d’investissements Stratégique de Carmignac) à l’occasion de son récent passage à Bruxelles.
Fiscal et budgétaire
Il indique tout d’abord que le ralentissement économique est aujourd’hui bien installé dans les économies développées, et que la responsabilité doit être partagée entre la présidence américaine qui continue de mettre sous pression le poumon économique global (la Chine) ; et la réserve fédérale (« la banque centrale du monde ») qui a relevé ses taux et diminué la taille de son bilan dans un contexte où la croissance économique n’était tout simplement pas assez vigoureuse. « Cette double politique a été particulièrement néfaste, et a contribué de manière très importante au ralentissement. La Federal Reserve va devoir radicalement changer son fusil d’épaule durant les prochains mois ».
Avec toutefois un problème majeur : les politiques d’assouplissement quantitatif utilisées depuis la crise financière de 2008 ont une efficacité déclinante ; et elles ont surtout profité aux cours des actifs financiers plutôt qu’à l’économie réelle. « Notre scénario central reste celui d’une croissance molle avec une tendance à encore ralentir dans le futur. Nous pensons que le manque d’efficacité des banques centrales pourrait mener à l’ouverture d’un débat plus que théorique quant au besoin d’une relance budgétaire coordonnée », indique Didier Saint-Georges. « Alors que l’Allemagne s’est traditionnellement montrée hermétique à une telle forme de stimulation, le ralentissement très marqué de son économie pourrait la faire changer d’avis ».
Allocations
Au niveau de la politique d’investissement, Didier Saint-Georges souligne que la performance de Carmignac Patrimoine a été aidée par la vigueur des marchés obligataires depuis le début 2019, mais que le positionnement du portefeuille est aujourd’hui redevenu très prudent. « Les valorisations sont élevées, avec un risque de correction important si la thématique d’une relance budgétaire venait s’implanter durablement dans les esprits des investisseurs ».
Au niveau de la poche d’actions, la préférence reste par contre inchangée sur les grands noms de la croissance défensive dans des secteurs comme la consommation, la technologie ou la santé. « Il faut toutefois être de plus en plus sélectif. Au fil des années, la proportion de sociétés dégageant une croissance annuelle supérieure à 15% n’a cessé de diminuer au niveau de l’indice S&P500. Et la valorisation de celles qui y parviennent encore est de plus en plus élevée ».
Parmi les 10 premières positions du portefeuille en date du 31 août 2019, nous trouvions des noms tels que Facebook, Hermes, Alphabet, Booking, SAP, Sanofi, Constellation Brands ou JD.Com ; et une allocation qui privilégie largement l’Amérique du Nord avec deux tiers des actifs sous gestion. « Les Etats-Unis restent le pays où il est le plus facile de trouver les leaders mondiaux dans les secteurs que nous privilégions ».