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Les perspectives s’annoncent mauvaises pour l’économie et les entreprises britanniques. Dans l’hypothèse d’un Brexit dur couplé à une pandémie, Aaron Barnfather reste sous-exposé sur les actions britanniques, même s’il a profité des valorisations très faibles pour diminuer sa sous-pondération. 

Alors que les yeux européens restent tournés vers l’élection présidentielle américaine, le Brexit reste une échéance très proche dont l’issue est actuellement très floue. « Nous ne pensions pas que les négociations seraient en cours aussi tard dans l’année, mais l’épidémie de coronavirus pourrait permettre de masquer l’impact d’un hard Brexit dans celui de la crise sanitaire », souligne Aaron Barnfather (gestionnaire de fonds en actions européennes chez Lazard Asset Management&). « Le deuxième lockdown ne devrait toutefois pas aussi sévère que le premier, et je ne m’attends pas à ce que l’économie s’arrête totalement. L’impact sera néanmoins négatif pour la croissance ».

Sélection

Il met en évidence quatre scénarios pour les semaines qui viennent, les plus probables étant un accord de la dernière heure afin de permettre une transition relativement harmonieuse, ou pas d’accord avec des mesures transitoires sur base des règles actuelles. « Les autres scénarios, qui intègrent une cassure encore plus nette des relations entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, sont nettement moins probables ». 
Dans le cas d’une transition en (relative) douceur, Aaron Barnfather souligne que le marché britannique lui semble actuellement être bon marché avec une décote historiquement élevée qui atteint 30% par rapport aux actions d’Europe continentale. « Cette différence s’explique partiellement par la forte présence des valeurs financières, des producteurs d’énergie (pétrole, gaz) et l’absence de technologiques parmi les grandes valeurs britanniques ». 

Par contre, si la transition devait s’effectuer dans de mauvaises conditions, l’économie britannique subirait une double peine, avec des conséquences importantes pour plusieurs secteurs, notamment dans la consommation cyclique (luxe, voitures, etc), les sociétés tournées vers le marché domestique mais également dans les services. « Pour de nombreux segments, une telle sortie sera extrêmement disruptive sur leur position concurrentielle et leur activité ». 

Profondeur

A moyen terme, Aaron Barnfather estime que les perspectives pour le marché britannique vont dépendre des détails qui seront repris dans un accord éventuel. « Mettre en place un accord commercial sur un tel nombre de secteurs est extrêmement compliqué. Les risques en cas d’échec sont toutefois beaucoup plus importants que si un accord est trouvé. A l’inverse, l’impact économique d’un accord est donc relativement neutre, mais permettrait de supprimer l’important risque baissier ». 

Dans les stratégies qu’il gère, il souligne avec été fortement sous-pondéré sur les actions britanniques depuis le déclenchement du Brexit. « Ce positionnement est en grande partie lié à la composition même du marché britannique, avec un grand nombre de sociétés pétrolières, des grands producteurs de biens de consommation peu impactés par le Brexit avec donc des valorisations riches, et des sociétés domestiques fortement touchées par la crise économique ». A la marge, il souligne avoir même relevé son exposition sur le marché britannique au vu des décotes atteintes sur certaines valeurs. 

Arbitrages

Quant au rôle de la City de Londres dans le concert des grandes places financières au niveau mondial, Aaron Barnfather estime qu’elle devrait rester un élément important de l’économie britannique. « Une absence d’accord avec l’Union Européenne sur le segment des biens et services pourrait toutefois entraîner davantage de délocalisations d’activités vers les pays d’Europe continentale ». 

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