La dernière étude immobilière publiée par CBC Banque met en évidence la montée des préoccupations écologiques dans les décisions des investisseurs, une tendance renforcée par la récente augmentation des prix de l’énergie. Elle montre également le maintien d’une digitalisation croissance dans les décisions immobilières, ainsi que les difficultés plus importantes pour financer l’achat du premier bien immobilier.
Comme chaque année, CBC Banque a sondé un millier de Belges (âgés de 18 à 70 ans et répartis sur l’ensemble du territoire) afin de voir quelles sont les tendances de fond sur le marché immobilier. La publication de la quatrième édition de l’Observatoire du marché immobilier a été retardée de février à mai suite à l’invasion de l’Ukraine.
Brique dans le ventre
« Cette nouvelle étude confirme l’importance de l’achat d’un bien immobilier dans l’esprit des personnes interrogées, avec 64% qui sont déjà propriétaires et 23% qui ont l’intention de le devenir dans le futur », souligne Cédric Matte (Directeur général du marché retail chez CBC Banque), « des indicateurs qui sont systématiquement en hausse depuis la première publication de cette étude ». Au niveau des motivations, ils sont 80% à estimer qu’être propriétaire de son habitation est importante voire une priorité, dans le but de mettre sa famille à l’abri (30%), de préparer sa pension (28%) ou pour investir son argent (23%).
Parmi les autres conclusions, Cedric Matte met également en avance que 36% des répondants estiment avoir des craintes quant à la possibilité de réaliser leur projet immobilier, que ce soit en raison de la hausse des prix sur le marché immobilier (43%), de la difficulté de rassembler les ressources financières (36%) ou de la faiblesse de leurs revenus (33%). « En outre, une très large majorité (86%) souligne qu’acheter un bien immobilier reste une procédure complexe ».
Durablité
Un autre axe de cet Observatoire était d’examiner l’importance de la durabilité dans les décisions d’investissement. « On remarque aujourd’hui une tendance nette à l’augmentation de ces facteurs ». Les candidats à la rénovation sont beaucoup plus nombreux (41% contre 38% en 2021), et la performance énergétique est citée par 86% des propriétaires qui envisagent de rénover (contre 77% l’année dernière). « Vu l’évolution des prix depuis le moment où l’étude a été réalisée, il est vraisemblable que ces pourcentages seraient aujourd’hui encore plus importants ».
Et en cas de changement de maison, ce sont 58% des répondants qui rechercheraient des biens conformes aux normes de durabilité énergétique, et 20% qui privilégieraient d’achat une maison à rénover pour la rendre plus durable. Parmi les investissements à réaliser, c’est clairement l’isolation qui arrive en tête (48%), suivie des panneaux solaires (35%) et des pompes à chaleur (25%). « Ces tendances sont également appelées à s’accélérer dans le futur. Il est à ce titre paradoxal qu’une large majorité (67%) des futurs propriétaires ne sont pas encore au courant des règlementations qui vont s’imposer à eux d’ici 2050 ».
Digitalisation
« Alors que l’étude que nous avions publiée en 2021 mettait en évidence la hausse de la digitalisation dans les décisions immobilières, le nouvel Observatoire souligne un tassement dans cette tendance », pointe Cédric Matte. Si internet reste la voie privilégiée pour rechercher un bien immobilier (66%), le nombre des visites en agences c’est clairement redressé de même que le bouche à oreille. « C’est un tassement de la digitalisation, mais pas un écroulement. Le marché ne retournera probablement pas vers les niveaux d’avant l’épidémie ».
Concernant le financement de cet investissement, une grande partie des futurs propriétaires a l’ intention de faire jouer la concurrence entre les banques pour obtenir un meilleur taux. « En outre, une très large majorité (69%) n’envisage pas de souscrire un prêt hypothécaire entièrement en ligne, avec toutefois une proportion plus importante (entre 39 et 40%) pour les plus jeunes génération (entre 18 et 44 ans) ».
Nouveaux produits
De son côté, André De Herde (Professeur ordinaire émérite de l’UCLouvain) a tenu a mettre en évidence certains points liées à cet Observatoire. « Un projet immobilier reste quelque chose de complexe avec toutes les surprises potentielles, par exemple sur la ponctualité des travaux, sur les surcouts liées aux matières premières ou les centaines de composantes qui entrent en considération dans la construction d’une nouvelle habitation ».
André De Herde souligne également l’aberration du cout du terrain qui devient plus cher que la maison elle-même, avec pour conséquence une réduction de la taille des terrains et des maisons, le partage de certaines parties communes, ou la disparition des garages pour privilégier des Carport à l’extérieur des maisons. « Le marché tire aujourd’hui toutes les ficelles pour augmenter le nombre de personnes pouvant occuper un même bien ».
« Cette recherche de nouvelles formules nécessite aussi de penser à de nouvelles formes de financement. Une idée serait par exemple de dissocier l’achat du bien et du terrain, avec des baux emphytéotiques sur 100 ans pour acquérir le terrain, qui seraient transférés entre les propriétaires du bien. Les banques vont devoir innover pour attirer les candidats acquéreurs ».
Evolution du marché
Enfin, Cédric Matte est revenu sur les évolutions du marché durant les derniers mois. Si le début d’année a été bon avec une hausse des montants empruntés, il s’attend toutefois à des moments plus difficiles en raison de la difficulté à construire et de la hausse des taux. « Alors que le taux sur un emprunt à 20 ans fixé tournait autour de 1% à la fin de l’année dernière, nous sommes aujourd’hui plutôt autour de 2,7%, ce qui représente un surcoût mensuel de 100 à 150 euros selon le prêt ».