La gamme de fonds KBC Renta est liquidée et les clients reçoivent le produit sur leur compte. Il n’est donc plus possible d’investir dans des obligations d’État suédoises via ces fonds.
KBC a récemment décidé de liquider les fonds KBC Renta. Le compartiment Sekarenta est également concerné par cette mesure. En effet, la gestion efficace (et rentable) de ce fonds d’investissement devient de plus en plus difficile car les actifs gérés sont trop faibles. La valeur de liquidation de l’investissement sera versée sur le compte du client dans les semaines à venir, après règlement des taxes éventuelles. Tous les clients concernés en ont été informés dans l’intervalle. C’est ce qu’Investment Officer a appris en marge d’une interview avec Jan Van Hove, économiste en chef de KBC (photo).
En d’autres termes, il n’est plus possible d’investir dans des obligations (et la monnaie) suédoises via KBC Renta Sekarente.
Quelles sont les atouts de l’économie suédoise et celle-ci est-elle plus forte que celle de la zone euro après avoir abordé la pandémie de coronavirus différemment ?
Jan Van Hove : « Le PIB réel de la Suède s’est contracté de 8,6 % au deuxième trimestre 2020. Comme toute l’Europe, la Suède a donc été durement touchée par la crise du coronavirus. Néanmoins, la Suède a fait nettement mieux que la zone euro (-12,1 %). L’approche moins stricte du coronavirus a certainement aidé l’économie suédoise, mais le pays n’a pas pu échapper complètement au malaise international. Le fait que les principaux partenaires commerciaux d’Europe du Nord (l’Allemagne en particulier) ont mieux résisté pendant la même période y a certainement aussi contribué. »
La banque centrale suédoise a renoncé à sa politique de taux d’intérêt négatifs début 2020. Reviendra-t-elle sur cette décision ?
Jan Van Hove : « Lors de la précédente réunion politique du 1er juillet, la Riksbank a légèrement changé de ton. Jusqu’alors, elle excluait quasi formellement un retour à des taux d’intérêt négatifs. Dans le procès-verbal de juillet, la banque centrale mentionne explicitement qu’elle peut réduire davantage les taux d’intérêt si cela s’avère nécessaire et efficace. Mais pour l’instant, elle n’en est pas (encore) convaincue. La Riksbank ne jure que par l’utilisation de son bilan pour maintenir une politique monétaire souple. Le marché table sur une trajectoire stable (nulle) des taux d’intérêt à l’horizon politique. Dans notre vision KBC, nous excluons les taux directeurs négatifs. De plus, pendant la pandémie de coronavirus, il a d’ailleurs été constaté qu’aucun pays ni aucune zone économique ayant des taux d’intérêt positifs ou nuls n’a lancé l’expérience des taux négatifs. Les pays ou zones qui avaient déjà des taux d’intérêt négatifs (comme la zone euro) ont assoupli leur politique monétaire de toutes les manières possibles, sauf en rendant les taux directeurs encore plus négatifs. »
La Riksbank est-elle un exemple pour d’autres banques centrales qui ont rendu leurs taux d’intérêt négatifs ?
Jan Van Hove : « La crise du coronavirus a fermé la window of opportunity pour d’autres pays de jouer la carte de la normalisation politique, à l’instar de la Suède. Sinon, ils auraient probablement suivi cette voie. La forward guidance ou les intentions concernant la politique monétaire future de la BCE montrent par exemple que l’institution souhaite maintenir le total de son bilan après le programme d’achat d’actifs (APP) au moins stable jusqu’après les premières hausses de taux d’intérêt. Cela montre que la BCE préfère resserrer sa politique d’abord par le biais des taux d’intérêt. »
Comment évaluez-vous l’avenir de la couronne suédoise ?
Jan Van Hove : « Nous prévoyons un nouveau renforcement de la couronne suédoise. L’année dernière, la SEK a été principalement le jouet du sentiment général de risque. Notre scénario économique ne tient pas compte d’une deuxième grave flambée du coronavirus et d’une panique des marchés. Dans ce scénario de ‘bottoming out’, des monnaies comme la couronne suédoise pourraient continuer à se redresser. La deuxième raison de la reprise est liée à la trajectoire inchangée des taux d’intérêt de la Riksbank et à l’hypothèse selon laquelle les banques centrales suédoises réagiront finalement plus rapidement aux nouvelles positives (par exemple, la fin des taux d’intérêt négatifs). Nous voyons le taux EUR/SEK passer à 10,15 fin 2020, et tablons sur 10 % d’ici la fin du deuxième trimestre 2021. »