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La thématique du resserrement monétaire est intenable sur le long terme dans un contexte de récession, selon Ariel Bezalel (Jupiter Asset Management), et une nouvelle phase d’assouplissement quantitatif est probable en 2023. Plus que la stagflation, c’est la déflation qui devrait (re)poindre le bout de son nez. 
 
« La guerre entre l’Ukraine et la Russie a accéléré l’impact des politiques des banques centrales des pays développés, qui visent à retirer progressivement la liquidité et réduire la taille de leurs bilans », souligne Ariel Bezalel (Jupiter Asset Management). « Ces phases provoquent traditionnellement des tensions au niveau des marchés obligataires, et 2022 ne fait pas exception à la règle. A long terme, cette situation ne sera pas tenable ».

Forte performance

Ariel Bezalel est un des gestionnaires les plus réputé de Jupiter Asset Management, une boutique britannique qui propose des stratégies actives performantes avec des actifs sous gestion qui dépassent les 70 milliards d’euros. Il supervise notamment l’ensemble de la stratégie obligataire, et gère plus directement le fonds Jupiter Dynamic Bond Fund, un fonds noté cinq étoiles chez Morningstar qui a dégagé une surperformance significative (environ 35%) par rapport à ses concurrents depuis son lancement en 2012. 

Ce fonds (donc les actifs sous gestion dépassent 10 milliards d’euros) vient de se voir adjoindre une version durable (Jupiter Dynamic Bond ESG Fund). Il était de passage cette semaine à Bruxelles pour nous livrer son analyse de la situation actuelle, qui se démarque assez nettement du consensus. 

Récession à venir

S’il existe des tensions inflationnistes provoquées par la hausse des prix pour les matières premières, il estime que les forces déflationnistes devraient prendre le dessus durant les prochains mois. « L’excès d’endettement n’a pas disparu, de même que les problèmes démographiques dans les pays développés ou la difficulté à dynamiser la croissance économique. Les rendements obligataires ne devraient pas monter beaucoup plus haut ».

Il rappelle que l’endettement aux Etats-Unis atteint désormais 80.000 milliards de dollars, et qu’une hausse des taux de 1% entraine des intérêts de 800 milliards de dollars, soit de 4% du PIB. « La perspective d’une récession est en train de se déployer rapidement. Le sentiment des consommateurs américains est en train de s’effondrer ». La hausse de l’épargne a surtout concerné les plus riches, et l’arrêt des mesures de soutien liées au Covid pousse aujourd’hui une grande partie de la population dans les problèmes financiers, car la hausse des salaires ne parvient pas à suivre la hausse du coût de la vie.

Cas japonais

« La Fed va essayer de poursuivre la normalisation de sa politique pendant quelques mois, et pourrait procéder à 3 ou 4 hausses de son taux directeur, mais je pense qu’elle va rapidement réaliser les limites de ce mouvement et être forcée à changer son fusil d’épaule. Ce revirement dans le discours se produira dans le courant de l’année, avant des baisses de taux et un retour des programmes d’assouplissement quantitatif en 2023 ». 

« Nous avons d’ailleurs commencé à revenir sur la dette souveraine américaine pour profiter de la contraction attendue des rendements ». Ariel Bezalel estime également que des programmes fiscaux plus ambitieux vont continuer d’être adoptés afin de pouvoir satisfaire les populations dans les pays développés, et qu’un retour à une austérité trop marquée ne devrait pas être d’actualité. « La dette publique japonaise supérieure à 250% du PIB est probablement la direction que nous prenons d’ici une décennie ». 

Portefeuille

Ariel Bezalel souligne qu’il reste fortement exposé sur le haut rendement (qui est passé de 50 à 55% des actifs sous gestion), avec un rating moyen de BBB.  La position dans la dette d’entreprise est compensée par des investissements sur les dettes souveraines de qualité, notamment la dette américaine à long terme. « Il ne fait selon nous plus beaucoup de sens d’être négatif sur les rendements de la dette dans les pays développés, et nous évitons  d’avoir des émissions avec une protection contre l’inflation ». 

« Nous commençons à trouver des opportunités dans les pays émergents, notamment au  Brésil ou en Chine. Ce dernier pays nous fait également de plus en plus penser au Japon des années 80, avec un endettement élevé, un secteur immobilier en grande difficulté, et une situation démographique qui se retourne rapidement. Une baisse des rendements est également inévitable à long terme dans ce pays. Enfin, à titre personnel, j’estime que l’or reste l’actif de couverture par excellence, et je suis personnellement investi sur des mines d’or et sur l’or physique dans mon portefeuille privé ». 

  ISIN Perf 2022 Perf 2021 Perf 3 jaar Perf 5 jaar Volatiliteit AuM
Jupiter Dynamic Bond Fund LU0895805017 -5,26% 0,80% 2,25% 1,50% 4,97% 8893 m €
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